L’an dernier, nous eûmes cinq meurtres. Cette année commence
bien. Dans le bourg de Sourdeval à deux pas de chez moi, là où j’achète mes
cigarettes, un brave jeune homme, chômeur depuis quelques années et «
bien connu des services de police » a été victime d’une tentative de
meurtre, voire d’assassinat. Dans la nuit de mardi à mercredi, plusieurs
individus* circulant à bord d’une
voiture auraient fait feu sur ce brave citoyen, le blessant gravement à la
poitrine. Tandis que la victime est dans un état stationnaire au CHU de Caen, trois personnes sont en garde à vue et le
véhicule qui aurait servi à leur raid a été retrouvé. Le procureur de la
république se refuse à parler de règlement de compte mais le père de la
victime, dans
une vidéo, se prononce en faveur de cette hypothèse, tout en soulignant l’inélégance du procédé.
Mais où allons-nous, je vous le demande ? Ne serait-on
plus en sécurité nulle part ? Voilà que maintenant on tire nos jeunes comme lapins un jour d’ouverture !
Il arrive que je me rende au bourg sans même me soucier de fermer ma porte à
clé, devrais-je me résigner à vivre dans la peur comme fait le citadin moyen ?
Devrais-je faire l’emplette d’un molosse
en espérant qu’il se nourrisse de rôdeurs afin de ne pas me ruiner par de
coûteux achats de croquettes ? Dans ma lettre au père Noël me faudra-t-il
demander une kalachnikov ? Face à la montée en puissance des cambriolages
en milieu rural (notre coin perdu n’y échappe pas), me faudra-t-il installer
des barreaux à mes fenêtres et faire blinder ma porte ?
En fait, je ne compte rien changer. Parce qu’une hirondelle
ne fait pas le printemps. Parce qu’étant « totalement inconnu des services
de police » et ne me livrant à aucune activité illicite (en dehors du
bloguage) mes chances d’être victime d’un règlement de compte sont faibles.
Parce que, grâce aux bon soins du fermier d’à côté, la route qui mène chez moi
ressemble davantage à une boueuse cour de ferme qu’à une voie de communication
et ferait croire à tout intrus qu’il s’est égaré dans un cul de sac. Parce que
tous mes voisins ont des chiens qui se déchaînent au moindre passage. Et puis,
et surtout, parce que la sécurité n’est pas une de mes obsessions.
Aux amateurs de belles images, je proposerai cette photo des
lieux du crime, prise par beau temps, qui prouve accessoirement que les
craintes de sécheresse dans le Sud-Manche sont plutôt infondées.
*L’individu est un être extrêmement dangereux : il est
à l’origine de la totalité des crimes et délits perpétrés en notre beau pays.
On se demande pourquoi la police ne neutralise pas les individus avant qu’ils
ne passent à l’acte.