Comme tout homme d’âge mur, voire blet, je reçois de temps à autre des propositions d’amitié
de jeunes femmes ma foi fort attrayantes et un peu lascives si en en juge par
les photos de leur profil, exerçant souvent, quand elles en exercent une, la
très honorable profession de coiffeuse. Je n’ai rien contre les coiffeuses et
je sais à quel point mon charme est irrésistible (voir plus bas), mais je ne
donne pas suite.
L’autre jour, c’est de Google + que m’est venue une demande
d’ajout à mes cercles d’une certaine Barbara, dont le nom ne me disait rien. Je
suis très rarement allé à Brest (ou à Nantes) et n’y ai fait aucune rencontre
qu’il y pleuve ou vente. Par acquit de conscience, je cliquai tout de même sur
le lien et vis la photo de la jeune femme en question. Jamais rencontrée. Ce
qui me sembla dommage tant elle était
splendide. Je vis qu’elle avait de
nombreux contact, 260 pour être exact. N’ayant pas grand-chose d’urgent à faire
je cliquai sur le lien adéquat et là je compris le pourquoi de sa demande :
à de rares exceptions près, c’étaient des hommes d’âge mûr qui partageaient une
caractéristique supplémentaire : celle de s’appeler Jacques.
Curieusement donc, ma potentielle amie collectionnait les
Jacques ! Quelques rares Fabrice s’étaient bien introduits dans la liste, mais on sentait
qu’ils n’étaient là que pour mieux souligner l’omniprésence de mes homonymes. Comment
expliquer le goût immodéré de cette jeune Centre-Africaine (c’est du moins le lieu de résidence qu’elle
indiquait) d’une part pour les Jacques et ensuite pour les hommes d’âge mûr ?
Il est aisé de répondre à la deuxième
partie de la question : Si on aime ce prénom, vu qu’il est passé de mode depuis longtemps,
on ne peut contacter que des gens dont la
prime jeunesse n’est qu’un lointain souvenir. Reste l’énigme du Jacques.
Si on en croit un des
nombreux sites décrivant l’origine des prénoms et le caractère de ceux qui
les portent, voici ce qu’on apprend : «Jacques a plutôt fière allure et il est distingué. C'est un être à part
qui se démarque tant par sa vivacité intellectuelle que par son charme
irrésistible. Jacques est direct et sa franchise le fait passer parfois pour un
indélicat. Jacques a une forte personnalité et une très grande maîtrise de lui-même.
Il réalisera ses objectifs coûte que coûte, les obstacles et les échecs ne
faisant que renforcer son obstination. En amour, Jacques s'impliquera
entièrement dans son couple et se montrera parfois possessif. Cependant, c'est
un grand tendre et la loyauté est une de ses principales vertus. »
Résumons-nous : fière allure, distinction,
intelligence vive, charme irrésistible, franchise, forte personnalité, maîtrise
de soi, ténacité, tendresse, loyauté ? Mais ce n’est pas mal du tout, ça !
Bon, d’un autre côté, il est rare que l’on
décrive les porteurs de tel ou tel prénom comme collectionnant les vices et les
tares au point qu’on s’étonne qu’ils ne soient enfermés ou pendus. N’empêche,
parmi les nombreuses qualités que possèdent à un degré éminent tel ou tel prénommé, il en
est qui attirent davantage. J’en conclus donc que celles des Jacques
conviennent à Barbara et que, femme conséquente elle en a tiré les leçons qui s’imposaient.
N’avoir que des ami(e)s portant le même prénom, en plus des
vertus communes que cela implique présente un avantage : lorsqu’on vous
téléphone en vous disant « c’est moi ! »et que vous ne voyez pas
qui ça peut bien être, avec le prénom unique, vous ne risquez pas la bévue. De
même si vous êtes de caractère volage, si vos amants ou maîtresse sont tous
homonymes, vous vous éviterez bien des scènes.
J’en viens donc à la conclusion que, bien que cyclothymique,
Barbara est une femme de grand bon sens et que sa manière de rechercher des
contacts mérite mieux que des sarcasmes.
En prime parce que vous avez été bien sages : La photo de Barbara !
En prime parce que vous avez été bien sages : La photo de Barbara !