Mais qu’est-ce qui m’a pris ? C’est la faute à Raymond
(Raymondi culpa, Raymondi maxima culpa !). Il y a quelque temps, je l’avais vu grimpé sur son échelle entrain
de gratter son toit. Non pour le chatouiller mais pour en retirer les mousses.
Vu que le mien en était pourri, ça m’a donné à penser, évidemment. Aussi, l’autre jour, lui ai-je demandé de
quel outil il s’était servi pour ce faire, histoire de l’amener sournoisement à
me prêter le précieux accessoire. Il me répondit qu’il avait utilisé un rabot
attaché à un autre manche. A cette annonce
je pris un air incrédule et lui demandai de répéter vu qu’un rabot me semblait
le dernier outil adapté à cette tâche. Il confirma et devant l’extrême
perplexité qui se peignit sur mon visage, il me proposa de me faire voir la
chose. D’abord il ne parvint pas à trouver l’objet puis, l’air triomphant, il brandit sous mes yeux ahuris ce que depuis
ma plus tendre enfance j’avais toujours entendu nommer une binette. A croire
que dans le Sud-manche ça s’appelle un rabot. Admettons. Vu que je m’enorgueillis
de posséder mon propre « rabot »,
il ne servait à rien de lui emprunter le sien.
Le lendemain, profitant du beau temps, je liai un manche supplémentaire à celui de ma binette et me mis
à l’ouvrage. Le résultat fut satisfaisant. A part que je ne parvenais pas, et
de loin à atteindre le faite du toit. Des recherches sur le net me firent découvrir
un manche télescopique de 5 mètres. Mon problème était réglé ! Seulement,
vu que je pars pour 8 jours la semaine
prochaine et que je soupçonnais l’entreprise
de faire le pont, je remis ma commande à après ces courtes vacances.
Pourtant, je continuai à dé-mousser. Hier, alors que j’avais
pratiquement fini , j’aperçus Raymond dans son verger et, histoire de causer, je lui expliquai ne pas pouvoir atteindre la
partie haute de mon toit. Il y a des jours où, plutôt que se montrer urbain on
ferait mieux de rester sur son échelle en feignant n’avoir pas vu le voisin. C’est
ce qu’on se dit ensuite, quand il est
trop tard. Raymond est un homme serviable et plein de ressources, hélas ! Il suggéra de me prêter un tasseau, il en
avait de très longs, qui en fixé au manche de mon rabot me permettrait de
terminer le travail. Vu que j’avais envie de tout sauf de terminer l’ouvrage,
je déclinai son offre, disant que j’allais acheter un manche télescopique, que
ça pouvait attendre… Rien n’y fit. Il
insista. Et nous voilà partis dans son garage en quête de tasseau. Et il en
trouva un bien long, le bougre. Armé d’une pince et de fil de fer, il vint lui-même
fixer ledit bout de bois à mon rabot (ou
binette, pour ceux qui n’auraient pas suivi). Du coup, je me remis à l’ouvrage, afin de
vérifier l’efficacité du dispositif. Ça
marchait, mais gratter un toit à l’aide d’une binette munie d’un manche de 4
mètres tenue à bout de bras tandis qu’on est en haut d’une échelle n’est pas
une mince affaire.
PS : Dans une première version, j'avais omis de copier/coller mon dernier paragraphe !
Ce matin, vu qu’il ne pleuvait pas, je me remis à l’ouvrage.
J’étais loin d’avoir fini. Je recommençai l’après-midi. Mais le mal aux pieds,
aux épaules et au dos ainsi qu’une grande fatigue me firent jeter l’éponge. Et
me voilà épuisé, déçu de n’avoir pu terminer mais renforcé dans ma croyance que
le voisin est l’ennemi de l’homme.
PS : Dans une première version, j'avais omis de copier/coller mon dernier paragraphe !