La famille, c’est traditionnellement, un père, une mère et des enfants qui en forment
le noyau. S’ajoutent éventuellement grands parents, oncles, tantes, neveux, nièces,
cousins plus ou moins proches ou éloignés
et pièces rapportées. Dans ce noyau, chacun tient un rôle. Chez les chasseurs-cueilleurs l’homme va à la
chasse ou la pêche pendant que la femme fait la tambouille, confectionne des jeans en peau d'auroch et s’occupe des
gosses et des aïeux égrotants. Il y a une logique là-dedans : une frêle femme
aurait eu du mal à ramener un mammouth sur son dos (Rires). Quand on passe à l’agriculture,
c’est un peu pareil : l’homme fait
les gros travaux, la femme s’occupe des chiards, de la bouffe,de la
basse-cour et du grand père podagre tout en filant la laine. Dans la classe guerrière, l’homme va au
combat quand la saison s’y prête tandis
que sa gente dame lui tricote des cottes de maille (Sourires) au château en
gardant un œil sur les moujingues (le grand père est mort au combat, la grand mère en couches). Chacun est à sa place et les vaches sont
bien gardées.
Sautons quelques étapes et venons-en à l’époque moderne.
Tout change. Il n’y est plus besoin de force : au lieu d’une pioche et d’une
pelle, le terrassier a une pelleteuse qu’il
commande du bout des doigts de sa cabine
climatisée ou la hi-fi lui permet d’écouter du Mozart, du Bach, ou NTM
selon ses goûts. Du coup, le terrassier peut être une femme. On pourrait multiplier les exemples similaires...
Du fait de la généralisation de l’éducation, la femme peut très bien occuper
des postes plus ou moins importants. Juge (si elle a le sens de l’humour
potache), prof, cadre supérieur, chef d’entreprise, rien n’est hors de sa portée. Elle peut occuper une situation supérieure à
celle de son mari. Ce dernier n’a donc
plus son rôle traditionnel de soutien de famille. La femme a acquis son
indépendance. Ce qui est bien pratique.
Lorsque le démon de midi sonne à la porte, c’est sans trop
de remords que le sémillant quadra(ou quinqua)génaire confie la garde des
lardons à leur sainte mère et va filer le parfait amour avec une jeunesse. A moins que ce ne soit la dame
qui s’aperçoive au bout de vingt ans (mon Dieu qu’elle fut distraite !)
que son prince charmant concentre en sa triste personne l’ensemble des plus
répugnants vices que saurait abriter l’âme humaine. Elle le fout donc à la porte et peut consacrer, selon ses goûts,
au macramé, à la belote, ou à
l’étude de la philosophie allemande, le temps qu’elle passait naguère à repasser
les chemises de son bon à rien d’époux. Lequel se recasera et tout le monde
sera content. On parle alors de « famille
monoparentale ». L’époque aime l’oxymore !
Tout ça parce que la famille, structure de base apte à
assurer la perpétuation de l’espèce à travers une Logique répartition des rôles entre les sexes, s’est récemment transformée en une affaire
purement sentimentale. L’Amour (toujours avec un grand A) est devenu son
alpha et son oméga. Dès lors, le reste devient accessoire : on fait de
moins en moins d’enfants, on se sent moins solidaire et responsable. On s’unit
pour le meilleur. Quand survient le pire, on met les bouts. Les petits anges
joufflus n’ont plus de flèches en leur carquois, qu’importe, on va voir ailleurs si l’herbe n’y serait pas
plus verte.
Curieusement, alors que la famille se barre en sucette, des
personnes que rien ne prédisposait à en fonder une se mettent à lui vouer un
culte fervent. Il y a une logique à cela :
la famille étant fondée sur l’Amour, en dehors des impossibilités
physiologiques à procréer, rien ne s’oppose à ce que deux êtres du même sexe
qui s’aiment de fine amour en fondent une. Et qui dit famille dit bambins (on est traditionaliste à sa manière !). Par bonheur, nous vivons une époque
formidable : la PMA et la GPA pallieront les impossibilités biologiques.
Malheureusement, rien n’est encore en mesure d’assurer la pérennité de l’Amour…
On en est là dans la France
du XXIe siècle.
A côté de cela, subsistent des amoureux de l’anachronisme,
partisans de la famille traditionnelle et durable : un père, une mère et leurs
enfants, unis pour le meilleur ET pour le pire. Pas étonnant qu’ils rechignent à intégrer dans ce qui est à leurs yeux la
cellule de base de la société des personnes qui ne sauraient s’y inscrire.
Une loi a été passée, certes. Mais la loi a-t-elle pour rôle
d’entériner les évolutions de la société ou de tenter de préserver celle-ci de dérives
qui mettent en cause ses fondements ?
Il semblerait que depuis longtemps, en Occident du moins, on lui ait
assigné le premier rôle. Est-ce bien raisonnable ? Allons-nous vers un avenir radieux, un rêve réenchanté où vers une catastrophe irrémédiable ? L’avenir nous le dira.