Deux jours sans pluie ni neige ! Et en plus il ne
gelait pas ! Le soleil fut même radieux. Ce matin, bien sûr, le ciel se
couvre de nuages gris, il ne pleut pas encore.
Des fleurs commencent à éclore. Les bourgeons font mine de s’ouvrir. Les
lilas pointent ces petites grappes violettes
qui ne tarderont pas à devenir des bouquets odorants. Aussi curieux que ça
puisse paraître, on dirait bien qu’il y aura un printemps cette année.
Évidemment, tout cela est mauvais pour les reins. Car vu le
retard pris dans les travaux du jardin, il faut mettre les bouchées doubles. Ce
week-end fut donc actif : taille d’une haie dont des cassissiers et des groseilliers cacochymes m’avaient depuis plusieurs années
interdit l’accès. Ceux-ci arrachés, j’ai pu détruire les ronces qui l’envahissaient,
la tailler puis brûler les branches coupées.
Du coup mes avant-bras semblent porter le souvenir d’un conflit épique avec un
chat récalcitrant.
J’ai également retourné quelques dizaines de mètre carrés de
terre où je planterai bientôt trois
variétés de pommes de terre dont de succulentes rattes. Toujours animé par un zèle potager
hors norme j’ai semé des carottes et ensemencé un nouveau carré de petits pois.
Sous la serre, dès la semaine dernière j’avais mis en place tomates, poivrons
et aubergines. Ce billet fini, j’irai les arroser car la chaleur d’hier leur
aura asséché le pied.
Quelle vie passionnante, s’exclameront certains, rongés d’envie.
Qu’est-ce qu’on en a à foutre de ses histoires de jardinage à la con se désespèreront
d’autres. Je suis bien conscient que ce que je viens de narrer n’est pas propre
à changer le monde ni à provoquer l’enthousiasme des foules. Je suis pourtant
persuadé que travailler la terre, même de manière aussi négligeable, est
largement aussi important qu’exprimer des convictions vaguement politiques et participe
de mon amour pour ce pays, pour ces campagnes qui faute d’abriter une grande
partie de sa population n’en abrite pas moins ce qui fut et restera quoi qu’il arrive sa vérité profonde.
C’est en ville que prospèrent ces produits hors-sol qui s’imaginent
citoyens d’un monde. C’est en ville que s’installe une diversité qui répugne à
venir enrichir la ruralité. Mais le cœur de la France, c’est à la campagne,
dans ses myriades de hameaux et de villages qu’il bat.