Hier matin, je me suis rendu chez mon bon médecin comme je
le fais tous les trois mois pour renouveler le traitement de ma prétendue
affection cardiaque. A chacune de ces rencontres, depuis bientôt un an, le
praticien me dit que je lui rappelle le personnage principal d’un roman américain
dont à chaque fois il me donne un titre fautif qui ne me permet pas de
retrouver ledit ouvrage. Il faut rappeler qu’ayant dès l’abord compris que l’hygiène
de vie n’étant pas mon point fort et que je ne me préoccupais pas outre mesure
de ma santé ces consultations se transforment en agréables bavardages.
N’empêche que se voir assimilé à un personnage de roman a
quelque chose de flatteur. Je me doutais bien que ce n’était pas une sorte d’Ivanhoé, de Robin des bois ou un avatar de Don Quichotte que je lui
remémorais. En fait, je n’avais aucune idée sur la question, ce qui titillait
ma curiosité.
Or donc, ce matin, je me rendis en son cabinet. Il était
onze heures et je pensais trouver la salle d’attente quasi-vide. Que nenni !
Une foule d’affreux vieillards en occupait tous les sièges. Après quelques
minutes à contempler ce triste tableau, je décidai de fuir. Alors que je
poussai la porte, je me trouvai nez-à-nez avec mon bon docteur qui avant même un bonjour
s’exclama : « Carou ! » « K-A-R-O-O » prit-il même
la peine de m’épeler avant de me préciser qu’il s’agissait du titre du roman
dont il m’entretenait depuis si longtemps. Après l’avoir menacé d’une visite le
lendemain et être passé à la banque prendre rendez-vous avec le directeur, je
rentrai à la maison et me précipitai sur Google pour voir de quoi il
retournait.
Si j’en crois le premier commentaire que je trouvai sur
Amazon voici qui est ce fameux Karoo :
« Ce livre, sorti à titre posthume, nous conte la
déchéance d'un personnage (nommé Karoo) de prime abord odieux, absolument
insupportable, torturé mais aussi sacrément doué en tant que "consultant
en scénarios" ! Si Karoo a l'art de réécrire les textes des autres pour
les transformer en scénarios hollywoodiens à succès, il est profondément seul.
Séparé de sa femme, ce gros fumeur alcoolique n'a pas d'ami & ne pense de
toute façon qu'à lui. Pourtant sa vie est très confortable, jusqu'au jour où il
décide de faire une bonne action. C'est le début de la fin !
C'est un roman à l'humour corrosif, dense, incroyablement bien écrit !!! Une lecture qu'on ne lâche pas & qui mérite vraiment le détour :) »
C'est un roman à l'humour corrosif, dense, incroyablement bien écrit !!! Une lecture qu'on ne lâche pas & qui mérite vraiment le détour :) »
Je ne trouve la comparaison qu’à moitié flatteuse. Et j’avoue
ne pas bien saisir ce sur quoi elle se base. Odieux ? Insupportable ?
Torturé ? Doué ? Seul ? Ce n’est pas mon cas. Gros fumeur, admettons.
Alcoolique, n’exagérons rien. Je conçois que par rapport aux braves paysans qui
constituent l’essentiel de sa clientèle j’aie des allures d’OPNI (Objet Patient
Non Identifiable) mais quand même ! Du coup j'ai commandé le livre
afin de savoir si mon médecin est délirant ou bien si j'ai des points communs ave K-A-R-O-O.