Face au cinéma, il y a bien des attitudes possibles. On peut
en attendre la révélation de vérités profondes sur toutes sortes de graves sujets,
on peut se contenter de voir des images qui bougent vite avec tout plein de boum-badaboums
dedans, on peut ne s’en réjouir qu’en voyant des malades mentaux répandre des
flots d’hémoglobine, on peut en attendre toutes sortes d’émotion délicates face
aux heurs, malheurs et autres galipettes de personnages touchants, on peut
exiger qu’il fasse rire, etc.
Toutefois, je constate de plus en plus qu’il est très à la mode de gerber sur le cinéma
français. C’est dans l’air du temps. Et il y a à cela une logique. A pays de
merde, ciné de merde, littérature de merde, politique de merde, économie de
merde, etc. Dire que je ne partage pas cet avis va de soi. J’aime mon pays et je
n’aime pas qu’on le décrie. Que ce soit le fait de nos enrichisseurs ou de ceux qui se déclarent leurs ennemis
farouches.
Ainsi, pas plus tard que dimanche soir, j’ai pris plaisir à
regarder Je vous trouve très beau.
Oh, je n’irai pas jusqu’à dire qu’il s’agit d’un sommet, qu’on en sort
transformé, qu’il y a la vie avant et après. Je ne dirai ça d’aucun film ni
même d’aucun livre. Tout ce que je demande à un spectacle c’est de me faire
oublier ma montre et, quand je suis dans une salle, le relatif inconfort du
siège. Ça n’arrive pas souvent, c’est arrivé dimanche.
J’ai beaucoup de mal à me concentrer sur un film. Le livre
me prend plus facilement. Contrairement à nombre de mes contemporains, le
cinéma Etatsunien m’emmerde. Comme m’emmerderaient des films tournés par des
fourmis ou des extraterrestres racontant des histoires de fourmis ou d’extraterrestres.
Américanophobe je suis. En revanche, les films qui mettent en scène des êtres
humains plus ou moins proches ont leur chance à mes yeux. Ainsi, en dehors des
films français, j’apprécie les comédies anglaises ou italiennes. Je suis accessible
à leur humour.
En fait, plus j’avance en âge et plus je ne supporte que la
légèreté et le rire. Le drame, c’est tout juste bon pour la vie de tous les
jours quand on la prend au sérieux, chose qui me devient de plus en plus
difficile.