..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

mardi 13 novembre 2012

Journée de la gentillesse



Cette journée de la gentillesse ne me concerne pas. Etant gentil de nature,  je n’ai besoin d’aucune occasion spéciale pour mettre en pratique cette qualité. Peut-être pourrais-je tenter d’être encore un tout petit peu plus gentil que d’ordinaire mais je ne pense pas que cela soit possible.

J’espère que ceux qui n’ont pas ma chance auront mis à profit ce jour spécial pour faire un effort dans le sens de plus de bonne grâce, d’empressement  à être agréable. Ce n’est pas toujours facile. Pourtant chacun peut y parvenir.

Le brave garçon que les vicissitudes de l’existence ont contraint, pour subsister, à dépouiller de vieilles personnes en leur faisant avouer sous la torture où elles cachent leur magot, ne pourraient-ils pas, leur travail terminé laisser quelques douceurs sur la table de la cuisine ?  Les vieux en raffolent souvent…

Le violeur qu’une société violente à amené à mal maîtriser ses pulsions ne pourrait-il pas, avant de quitter sa victime déposer un chaste baiser sur son front ?

Le jeune qui, faute de s’être vu offrir un emploi  stable, ne peut faire autrement que de dealer des substances, ne pourrait-il pas envelopper chaque barrette de shit  ou gramme de coke dans des images pieuses  propres à amener ses clients à réfléchir à leurs errances ?

Le braqueur ne pourrait-il pas, avant de s’enfuir avec la caisse, lancer, un doux sourire aux lèvres, une rose à la commerçante ?

Je ne multiplierai pas les exemples. Chacun saura trouver ce petit rien, ce geste aimable qui adoucira la brutalité inhérente à une société injuste.

Le premier d’entre nous, celui  que la providence nous a envoyé pour soulager nos misères, celui dont la sage douceur a su rassembler autour de lui tous les peuples de France dans leur enrichissante bigarrure, parle au moment où j’écris. Je l’écoute d’une oreille distraite mais j’entends bien ses intentions : l’effort qu’il fait pour alléger les souffrances des insomniaques est méritoire.  

Puisse tant de gentillesse nous inspirer tous !

lundi 12 novembre 2012

Pourra-t--on épouser une personne du même sexe si on n’est pas homosexuel ?



Cette question qui se pose dans le cadre du mariage pour tous, je l’emprunte à un de mes bons amis Face book. Je me l’étais déjà posée. La réponse est bien évidemment oui.

Car le mariage, contrairement à ce qu’on voudrait nous faire penser n’est pas qu’une affaire de sexe ou de reconnaissance sociale.  Ça peut également être une histoire d’argent,  d’amour ou de confort. Et pourquoi pas d’amitié ?

Comme dit la chanson, avoir un bon copain, ou une bonne copine, voilà ce qu’il y a de meilleur au monde ! Et pourquoi ne l’épouserait-on pas, vu que bientôt la possibilité s’en présentera ?   

Vous me rétorquerez qu’on ne voit pas pourquoi on le ferait. Objection retenue. A notre époque, bien des gens vivent ensemble, s’envoient en l’air ensemble et ont des enfants ensemble sans ressentir  le moindre besoin d’en passer par des épousailles.  L’exemple vient de haut.

Toutefois,  il semble qu’offrir à tous le droit de se marier soit devenu non seulement une impérieuse nécessité mais une urgence. Pourquoi n’en profiterait-on pas pour s’unir à celui ou celle qui permet de « rire de ses chagrins » et qui « est plus fidèle qu’un ( e ) blond ( e ) » ?

Les avantages  de ce nouveau type de mariage sont nombreux par rapport au mariage traditionnel. Il arrivait dans le mariage traditionnel, basé sur l’amour et le sexe ou même sur  l’intérêt  que se développe une mauvaise tendance à la jalousie. Dans le mariage entre copains ou copines, pas de jalousie : si votre conjoint ramène des femmes ou des hommes à la maison, tout au plus ressentirez-vous une légère envie si vous connaissez moins de bonnes fortunes. Rien qu’une âme forte ne puisse dominer. De même vos petit ( e )s ami ( e )s ne seront pas taraudé ( e )s par la crainte que vous ne le (la) trompiez avec votre conjoint.

Il faut bien reconnaître que dans bien des cas,  passé l’enthousiasme des premiers temps, le sexe finit par ne plus être le principal ciment d’un couple. Dans le meilleur des cas, l’agrément de la compagnie, l’habitude, la peur de se retrouver dans une situation  financière délicate, celle de la solitude, les principes ou la religion deviennent des remparts contre le divorce, remparts qui, convenons-en, ne sont pas à l’abri du premier canon qui passe. Tandis que là…

A moins de considérer que l’amitié n’est pas un sentiment, ce mariage est aussi noble qu’un autre. 

Les copains ou copines peu enclins au mariage hétéro pourraient ainsi expérimenter  les joies de convoler : un petit tour à la mairie, les cadeaux, le gueuleton, les cotillons, les serpentins (sans compter qu’on pourra passer la soirée à draguer  les invité (e)s célibataires sans que personne en fasse un plat) !

Et les enfants, dans tout ça ? D’abord, tout le monde n’en veut pas. Ensuite au cas où on en veut, on peut toujours aller en faire ailleurs. Ça peut poser problème : s’ils viennent s’installer au foyer avec l’autre parent, la zizanie peut naître. Eh bien, au lieu de rester ensemble à cause des gosses, on divorcerait à cause d’eux, c’est tout.

Décidément, le mariage entre personnes du même sexe non-homosexuelles me paraît tout à fait acceptable. Et ô combien moderne !

samedi 10 novembre 2012

Streets of London (2)



La solution serait de décharger la voiture et de la garer plus loin… En la bougeant de temps à autre, on cesserait de la remarquer. Je téléphonai donc à ma copine pour savoir si des fois, elle ne pourrait pas reprendre mes affaires, provisoirement bien sûr. Bonne fille, elle accepta. Nous recommençâmes à nous fréquenter. Passer ses week-ends avec une jeune femme, bien au chaud,  ça vaut toutes les rues de Londres, même quand on n’est pas raide dingue de la dame. 

Seulement, la dame en question  croyait beaucoup en notre histoire. Elle me lut un jour une lettre de son père qui se déclarait heureux de la savoir avec un jeune homme si plein d’humour, qualité à ses yeux essentielle. Je me sentis obligé de détromper ses attentes. Question d’honnêteté. Et de connerie. Cette fille avait d’énormes qualités Il m’est arrivé plus tard de penser à elle avec des regrets mêlés de remords. Mais bon, on ne se refait pas…

Je retrouvai donc la rue, mais le printemps étant revenu, c’était moins dur.

Finalement, j’eus une illumination : depuis des mois, lorsque je téléphonais pour une annonce je m’attirais régulièrement un « Sorry, Luv, it’s already gone ». J’avais beau aller chercher le journal à l’imprimerie avant qu’il ne soit distribué, toutes les chambres étaient louées avant que j’appelle. Et si elles n’étaient pas vraiment parties ? Et si le fait que je parle avec un accent étranger décelable sans pour autant être clairement  identifiable était pour quelque chose dans ces réponses ?  Après tout, ça arrive que des gens se méfient des étrangers…

Je demandai donc à un de mes ex-colocs de téléphoner pour moi. Et là, miracle, la première annonce contactée s’avéra libre ! Prix raisonnable et proximité du boulot m’avaient fait la sélectionner. Mon copain prit immédiatement rendez-vous et le temps de passer à la banque retirer de quoi avancer le dépôt de garantie, et quelques semaines d’avance* nous arrivâmes chez le propriétaire en question. La rue était agréable, la façade pimpante.  Un homme aux cheveux blancs nous ouvrit. L’entrée était coquette, sa moquette super-épaisse. Celui que j’allais nommer Mr Fair enough à cause de sa manie de finir toute phrase par cette expression-tic, nous montra la chambre : parfaite.

Quand mon ami lui annonça que j’étais le locataire prospectif, le bonhomme se montra circonspect. Il s’en faisait pour moi : étais-je certain de pouvoir supporter le loyer ? Allais-je rester longtemps ?  N’aurais-je pas tendance à ramener des filles (ces Français !) ce qu’on ne saurait tolérer dans une maison honnête ?  Il n’avait pas sa chance.  L’argent ? Mais cher Monsieur je vous paye un mois, deux mois, tous les mois que vous voulez,  d’avance ! Rester longtemps ? Mais j’entends bien mourir ici et souhaite que Dieu me prête longue vie ! Des filles ?  Quelle idée ! Je les ai en horreur, de même que les hommes ! Les seules personnes que je supporte sont les vieux polonais (car il l’était) aux cheveux de neige ainsi que leur respectable épouse et ceci en tout bien tout honneur !  M’eût-il imposé les conditions les plus farfelues que j’y eus souscrit avec enthousiasme…  Il n’avait pas sa chance.

Nous sortîmes munis d’un contrat de location en bonne et due forme.

On apprend beaucoup de choses en voyageant.

Streets of London (1)



Je ne peux entendre cette chanson sans avoir la chair de poule. Les paroles en sont émouvantes et simples. Et les rues de Londres, putain, je les connais !

Mon premier séjour à Londres m’en a appris des choses, et pas que sur la charcuterie industrielle ! En ces premières années 70, se loger à Londres n’était pas évident. Même avec un salaire acceptable. A mon arrivée, vu que je ne trouvais rien, je fus hébergé par unefamille de parents d’élèves. De charmants Cockneys francophiles. Une sorte d’oxymore (à cause de la francophilie). Ensuite, avec deux collègues nous parvînmes à trouver un appartement en collocation. Seulement, l’un d’eux avait un péché mignon : il picolait comme un malade et quand c’était son tour de cuisiner, il avait tendance à rentrer bourré et à nous proposer d’aller au restau. Vu ce qui nous restait une fois le loyer payé, ça ne le faisait pas. Au bout de 3 mois la colocation fut dissoute d’un commun accord. Nous restâmes cependant tous trois amis pendant de longues  années…

Seulement, ça ne me donnait pas un logement. Je ne demandais pas grand-chose : juste une chambre meublée mais même ça…  Je trouvai une sorte de solution sous la forme d’une chambre au dessus d’un pub qui un temps fut hôtel. Seulement le gars du pub louait ces chambres au noir et ne voulait pas se faire pincer. Ça se comprend... Il fallait donc bien tirer les rideaux, ne rentrer discrètement qu’aux heures d’ouverture du pub, en sortir par une porte dérobée et ne pas être là dans la journée. Ce qui posait un léger problème pour les week-ends.

C’est ainsi que j’ai appris ce que c’est de marcher à longueur de journées dans le froid des rues. Il y avait bien sûr les copains, mais ils ne sont pas toujours là. Et on ne va pas s’imposer chez l’un ou chez l’autre avec régularité. On finirait par lasser…

Alors on marche, dans le froid, sans trop de but. On visite bien des églises, des musées, ça enrichit et surtout ça réchauffe. On se prend un café, un sandwich mais quand on n’a pas le rond, ça ne tue que peu de temps. Car cerise sur le gâteau cette chambre me bouffait presque tout mon salaire. Une fois que je l’avais payée, réglé à la cantine il me restait peu pour faire le jeune homme…  Les jours de semaine, ma routine consistait, l’école quittée, à aller prendre une saucisse-frites dans un café en attendant l’ouverture du pub. Cette heure arrivée, je m’offrais un demi de bière et jouais vingt pence à la machine à sous. Jamais plus. Puis je regagnais ma chambre où je lisais. Une vie de rêve ! Mais rangez vos mouchoirs : j’étais jeune et c’était provisoire.

Une première esquisse de solution me vint de manière inattendue. En quittant l’appartement  j’avais laissé le gros de mes affaires chez une irlandaise avec qui j’étais vaguement sorti quelque temps. Il advint qu’elle déménagea et me demanda de les récupérer. Ce que je fis. Je les entreposai dans mon vieux break ami 6 qui se traînait à peine. Seulement, l’Anglais est méfiant et cafteur. Un beau soir, le patron du pub me demanda si par hasard cette voiture française chargée de toutes sortes de bricoles ne m’appartiendrait pas. J’en convins.  Il n’était pas content, mais alors pas du tout. Les voisins parlaient de signaler la voiture à la police, ça allait lui attirer des ennuis…