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lundi 12 novembre 2012

Pourra-t--on épouser une personne du même sexe si on n’est pas homosexuel ?



Cette question qui se pose dans le cadre du mariage pour tous, je l’emprunte à un de mes bons amis Face book. Je me l’étais déjà posée. La réponse est bien évidemment oui.

Car le mariage, contrairement à ce qu’on voudrait nous faire penser n’est pas qu’une affaire de sexe ou de reconnaissance sociale.  Ça peut également être une histoire d’argent,  d’amour ou de confort. Et pourquoi pas d’amitié ?

Comme dit la chanson, avoir un bon copain, ou une bonne copine, voilà ce qu’il y a de meilleur au monde ! Et pourquoi ne l’épouserait-on pas, vu que bientôt la possibilité s’en présentera ?   

Vous me rétorquerez qu’on ne voit pas pourquoi on le ferait. Objection retenue. A notre époque, bien des gens vivent ensemble, s’envoient en l’air ensemble et ont des enfants ensemble sans ressentir  le moindre besoin d’en passer par des épousailles.  L’exemple vient de haut.

Toutefois,  il semble qu’offrir à tous le droit de se marier soit devenu non seulement une impérieuse nécessité mais une urgence. Pourquoi n’en profiterait-on pas pour s’unir à celui ou celle qui permet de « rire de ses chagrins » et qui « est plus fidèle qu’un ( e ) blond ( e ) » ?

Les avantages  de ce nouveau type de mariage sont nombreux par rapport au mariage traditionnel. Il arrivait dans le mariage traditionnel, basé sur l’amour et le sexe ou même sur  l’intérêt  que se développe une mauvaise tendance à la jalousie. Dans le mariage entre copains ou copines, pas de jalousie : si votre conjoint ramène des femmes ou des hommes à la maison, tout au plus ressentirez-vous une légère envie si vous connaissez moins de bonnes fortunes. Rien qu’une âme forte ne puisse dominer. De même vos petit ( e )s ami ( e )s ne seront pas taraudé ( e )s par la crainte que vous ne le (la) trompiez avec votre conjoint.

Il faut bien reconnaître que dans bien des cas,  passé l’enthousiasme des premiers temps, le sexe finit par ne plus être le principal ciment d’un couple. Dans le meilleur des cas, l’agrément de la compagnie, l’habitude, la peur de se retrouver dans une situation  financière délicate, celle de la solitude, les principes ou la religion deviennent des remparts contre le divorce, remparts qui, convenons-en, ne sont pas à l’abri du premier canon qui passe. Tandis que là…

A moins de considérer que l’amitié n’est pas un sentiment, ce mariage est aussi noble qu’un autre. 

Les copains ou copines peu enclins au mariage hétéro pourraient ainsi expérimenter  les joies de convoler : un petit tour à la mairie, les cadeaux, le gueuleton, les cotillons, les serpentins (sans compter qu’on pourra passer la soirée à draguer  les invité (e)s célibataires sans que personne en fasse un plat) !

Et les enfants, dans tout ça ? D’abord, tout le monde n’en veut pas. Ensuite au cas où on en veut, on peut toujours aller en faire ailleurs. Ça peut poser problème : s’ils viennent s’installer au foyer avec l’autre parent, la zizanie peut naître. Eh bien, au lieu de rester ensemble à cause des gosses, on divorcerait à cause d’eux, c’est tout.

Décidément, le mariage entre personnes du même sexe non-homosexuelles me paraît tout à fait acceptable. Et ô combien moderne !

samedi 10 novembre 2012

Streets of London (2)



La solution serait de décharger la voiture et de la garer plus loin… En la bougeant de temps à autre, on cesserait de la remarquer. Je téléphonai donc à ma copine pour savoir si des fois, elle ne pourrait pas reprendre mes affaires, provisoirement bien sûr. Bonne fille, elle accepta. Nous recommençâmes à nous fréquenter. Passer ses week-ends avec une jeune femme, bien au chaud,  ça vaut toutes les rues de Londres, même quand on n’est pas raide dingue de la dame. 

Seulement, la dame en question  croyait beaucoup en notre histoire. Elle me lut un jour une lettre de son père qui se déclarait heureux de la savoir avec un jeune homme si plein d’humour, qualité à ses yeux essentielle. Je me sentis obligé de détromper ses attentes. Question d’honnêteté. Et de connerie. Cette fille avait d’énormes qualités Il m’est arrivé plus tard de penser à elle avec des regrets mêlés de remords. Mais bon, on ne se refait pas…

Je retrouvai donc la rue, mais le printemps étant revenu, c’était moins dur.

Finalement, j’eus une illumination : depuis des mois, lorsque je téléphonais pour une annonce je m’attirais régulièrement un « Sorry, Luv, it’s already gone ». J’avais beau aller chercher le journal à l’imprimerie avant qu’il ne soit distribué, toutes les chambres étaient louées avant que j’appelle. Et si elles n’étaient pas vraiment parties ? Et si le fait que je parle avec un accent étranger décelable sans pour autant être clairement  identifiable était pour quelque chose dans ces réponses ?  Après tout, ça arrive que des gens se méfient des étrangers…

Je demandai donc à un de mes ex-colocs de téléphoner pour moi. Et là, miracle, la première annonce contactée s’avéra libre ! Prix raisonnable et proximité du boulot m’avaient fait la sélectionner. Mon copain prit immédiatement rendez-vous et le temps de passer à la banque retirer de quoi avancer le dépôt de garantie, et quelques semaines d’avance* nous arrivâmes chez le propriétaire en question. La rue était agréable, la façade pimpante.  Un homme aux cheveux blancs nous ouvrit. L’entrée était coquette, sa moquette super-épaisse. Celui que j’allais nommer Mr Fair enough à cause de sa manie de finir toute phrase par cette expression-tic, nous montra la chambre : parfaite.

Quand mon ami lui annonça que j’étais le locataire prospectif, le bonhomme se montra circonspect. Il s’en faisait pour moi : étais-je certain de pouvoir supporter le loyer ? Allais-je rester longtemps ?  N’aurais-je pas tendance à ramener des filles (ces Français !) ce qu’on ne saurait tolérer dans une maison honnête ?  Il n’avait pas sa chance.  L’argent ? Mais cher Monsieur je vous paye un mois, deux mois, tous les mois que vous voulez,  d’avance ! Rester longtemps ? Mais j’entends bien mourir ici et souhaite que Dieu me prête longue vie ! Des filles ?  Quelle idée ! Je les ai en horreur, de même que les hommes ! Les seules personnes que je supporte sont les vieux polonais (car il l’était) aux cheveux de neige ainsi que leur respectable épouse et ceci en tout bien tout honneur !  M’eût-il imposé les conditions les plus farfelues que j’y eus souscrit avec enthousiasme…  Il n’avait pas sa chance.

Nous sortîmes munis d’un contrat de location en bonne et due forme.

On apprend beaucoup de choses en voyageant.

Streets of London (1)



Je ne peux entendre cette chanson sans avoir la chair de poule. Les paroles en sont émouvantes et simples. Et les rues de Londres, putain, je les connais !

Mon premier séjour à Londres m’en a appris des choses, et pas que sur la charcuterie industrielle ! En ces premières années 70, se loger à Londres n’était pas évident. Même avec un salaire acceptable. A mon arrivée, vu que je ne trouvais rien, je fus hébergé par unefamille de parents d’élèves. De charmants Cockneys francophiles. Une sorte d’oxymore (à cause de la francophilie). Ensuite, avec deux collègues nous parvînmes à trouver un appartement en collocation. Seulement, l’un d’eux avait un péché mignon : il picolait comme un malade et quand c’était son tour de cuisiner, il avait tendance à rentrer bourré et à nous proposer d’aller au restau. Vu ce qui nous restait une fois le loyer payé, ça ne le faisait pas. Au bout de 3 mois la colocation fut dissoute d’un commun accord. Nous restâmes cependant tous trois amis pendant de longues  années…

Seulement, ça ne me donnait pas un logement. Je ne demandais pas grand-chose : juste une chambre meublée mais même ça…  Je trouvai une sorte de solution sous la forme d’une chambre au dessus d’un pub qui un temps fut hôtel. Seulement le gars du pub louait ces chambres au noir et ne voulait pas se faire pincer. Ça se comprend... Il fallait donc bien tirer les rideaux, ne rentrer discrètement qu’aux heures d’ouverture du pub, en sortir par une porte dérobée et ne pas être là dans la journée. Ce qui posait un léger problème pour les week-ends.

C’est ainsi que j’ai appris ce que c’est de marcher à longueur de journées dans le froid des rues. Il y avait bien sûr les copains, mais ils ne sont pas toujours là. Et on ne va pas s’imposer chez l’un ou chez l’autre avec régularité. On finirait par lasser…

Alors on marche, dans le froid, sans trop de but. On visite bien des églises, des musées, ça enrichit et surtout ça réchauffe. On se prend un café, un sandwich mais quand on n’a pas le rond, ça ne tue que peu de temps. Car cerise sur le gâteau cette chambre me bouffait presque tout mon salaire. Une fois que je l’avais payée, réglé à la cantine il me restait peu pour faire le jeune homme…  Les jours de semaine, ma routine consistait, l’école quittée, à aller prendre une saucisse-frites dans un café en attendant l’ouverture du pub. Cette heure arrivée, je m’offrais un demi de bière et jouais vingt pence à la machine à sous. Jamais plus. Puis je regagnais ma chambre où je lisais. Une vie de rêve ! Mais rangez vos mouchoirs : j’étais jeune et c’était provisoire.

Une première esquisse de solution me vint de manière inattendue. En quittant l’appartement  j’avais laissé le gros de mes affaires chez une irlandaise avec qui j’étais vaguement sorti quelque temps. Il advint qu’elle déménagea et me demanda de les récupérer. Ce que je fis. Je les entreposai dans mon vieux break ami 6 qui se traînait à peine. Seulement, l’Anglais est méfiant et cafteur. Un beau soir, le patron du pub me demanda si par hasard cette voiture française chargée de toutes sortes de bricoles ne m’appartiendrait pas. J’en convins.  Il n’était pas content, mais alors pas du tout. Les voisins parlaient de signaler la voiture à la police, ça allait lui attirer des ennuis…

vendredi 9 novembre 2012

Huissier mon ami !



Les huissiers sont des mal-aimés.  Sans le moindre Apollinaire pour les chanter. Mettez-vous à leur place… Vous croyez que c’est marrant, vous, d’arriver chez les gens avec du papier bleu, d’avoir à leur réclamer des sommes qu’ils n’ont généralement pas, d’être contraint de leur proposer des arrangements alors qu’un paiement franc et massif serait tellement plus simple ?

Sans compter que la plupart de vos clients ont tendance à n’apprécier que moyennement votre visite. Comme si c’était de votre propre initiative que vous veniez les importuner !  Certains se montrent même agressifs, quand ils ne vous refusent pas l’entrée de leur demeure.  Un bien triste métier.

Fut un temps où j’eus régulièrement affaire à ces braves gens. Ce ne fut pas une période agréable, bien que j’eusse toujours été du genre accommodant et que j’eusse compris le côté ingrat de leur mission.  Je ne les blâmais pas d’exercer leur ministère et les recevais aimablement. J’ai connu tous ceux de la ville. Il y en avait de timides qui, redoutant un mauvais accueil, mettaient un point d’honneur à prendre un air désagréable, limite agressif, de plus bonhommes avec qui, une fois la saisie conservatoire effectuée dans la bonne humeur, nous devisions des malheurs du temps. Et puis il y en eut un qui… Que… Enfin, un qui me marqua.

Maître X continue d’exercer son sacerdoce dans la belle ville d’Y. Je ne serai donc pas plus précis. D’emblée, nous sympathisâmes. Surtout lui. Il prit bien vite l’habitude de m’appeler Chef ou mon Chef, parfois même Grand Chef. J’ai toujours détesté cette forme d’adresse. Nous nous entendions à merveille, je crois même qu’il m’estimait vu qu’un jour il me déclara : « Vous, ça va,  vous êtes correct, mais ceux qui ne le sont pas, je les laisse à poil sur le trottoir ». L’idée que, quoi qu’il arrive, il me laisserait un caleçon fut un baume à mon cœur meurtri.

Un jour, lui rendant visite pour quelque règlement, je vis qu’il avait changé d’adresse. Je me rendis donc à ses nouveaux locaux et fus frappé par la beauté des lieux. Le hall d’entrée, de proportions imposantes,  foisonnait de plantes vertes. La décoration en était sobre, élégante, de bon goût.  La réussite dont ces aménagements témoignaient ne put que me réjouir tant le succès d’autrui et un emploi judicieux de mes modestes contributions furent agréables à mon âme que l’envie épargne. Il se trouva que Maître X, tandis que je m’entretenais avec la personne de l’accueil, sortit de son bureau et,  m’apercevant vint  saluer « son chef » et s’enquérir de sa bonne santé. A son « Comment il va ? » Je lui répondis, montrant d’un geste ses nouvelles installations : « Visiblement moins bien que vous, Maître ! ». Croyant y voir je ne sais quelle ironie, le brave garçon  me répliqua avec bienveillance : «Ça, il me le paiera ! ». Bien sûr, sa bonne nature lui interdit de n’en rien faire.

Il advint une autre fois que j’eus quelque menu détail financier à régler avec lui. Son bureau se montra à la hauteur du hall. Il m’invita à m’assoir. Je le fis, puis trouvant le fauteuil offert un peu trop éloigné de son bureau, je tentai, machinalement, de rapprocher celui-ci dudit meuble. Je m’aperçus que le siège était solidement fixé au sol. Maître X m’expliqua que l’éloignement était dû au fait qu’il jugeait certains clients un brin malodorants et que leur fixation évitait certaines tentatives de jet que les colériques auraient  sûrement regrettées tout en lui épargnant de menues contusions…

La dernière fois que je le croisai, j’étais en compagnie de mon épouse.  Nous n’étions plus en affaires. Visiblement, la plastique de ma compagne l’impressionna favorablement. Il exprima son admiration avec tact : « Mais c’est qu’il a une belle femme, le Chef. C’est pour ça qu’’il ne me l’avait jamais montrée… ». J’ai édulcoré un peu, ne voulant pas m’enorgueillir de compliments  qui ne s’adressaient qu’indirectement à moi.

Tout ça pour dire que, quelque délicates soient les circonstances, on rencontre des personnes dont les hautes qualités enrichissent et rassurent quant à délicatesse naturelle de l’humain.