Si j’en crois une blogueuse de gauche promue
éditorialiste sur Mediavox
au même titre que le vaillant
Amiral mais avec de légères divergences idéologiques, M. Copé manque de dignité. Ce qui, aux yeux du camp du bien, est impardonnable. Car
si la gauche place une valeur au dessus de tout c’est bien la dignité. Elle sort tout droit de dix
années de grande dignité et entend
bien nous faire vivre les cinq années les plus dignes que nous ayons connues depuis la première législature du
second mandat de Saint-François-Mitterrand. Peut-être même surpasseront-elles
en dignité cette période bénie dont le souvenir embue les yeux des plus âgés et tend à faire
naître chez les plus jeunes le rêve d’un retour à l’âge d’or.
Mais laissons-lui la parole : "Une opposition
digne, c’est une opposition qui fait
des contre propositions, qui a un contre projet et qui s’attèle à la tâche pour
remobiliser son propre camp."
Saurait-on mieux dire ?
Or M. Copé ne fait pas cela. Au lieu d'un contre-projet, il se contente d’appeler
à je-ne-sais-quelle manifestation contre des mesures qui lui déplaisent. On ne
voit d’ailleurs pas au nom de quoi un être sain d’esprit pourrait s’opposer à
des initiatives aussi excellentes que le
« mariage pour tous » ou le droit de vote aux étrangers. Mais M. Copé n’est pas un esprit sain, me
direz-vous, s’il l’était il serait de gauche. Les soviétiques l’avaient bien
compris qui internaient les opposants dans des hôpitaux psychiatriques.
M. Copé désapprouve la loi sur le "mariage pour
tous" ? Que ne propose-t-il pas une loi sur le célibat pour tous ? Il est
contre le vote des étrangers ? Pourquoi ne défend-il pas une loi sur
l'abstention des étrangers aux élections locales ? Voilà ce que ferait un
dirigeant d’opposition DIGNE. Bien
entendu, ces propositions de lois ne passeraient pas. Malheureusement, si elle
est la seule voie juste, la dignité
ne paie pas toujours. C’est la dure loi de la démocratie.
Ce n’est pas la digne gauche qui ferait appel à la rue pour
influencer la politique d’un gouvernement en place ! Ça ne s’est jamais vu
et ne se verra jamais. Tout au plus a-t-elle apporté un vague soutien à des
mouvements d’opposition initiés par des syndicats avec lesquels on sait qu’elle
n’entretient aucun rapport. S’il est arrivé qu’exceptionnellement ses
dirigeants soient aperçus en tête de certains cortèges revendicatifs, c’est
simplement qu’une exquise politesse leur avait
dicté de ne pas refuser des invitations.
La gauche a fait, dix ans durant, ce qui préconise cette digne blogueuse. Plutôt que de le
perdre en critiques stériles, elle a consacré
tout son temps à peaufiner un contre-projet, à élaborer des
contre-propositions. Ainsi a-t-elle pu, dès son arrivée aux affaires, appliquer
une politique dont la clarté élouit et rassure une majorité toujours croissante
de Français (et d’étrangers en passe de
pouvoir exprimer leur reconnaissance par le vote).
Trêve d’ironie :
le gouvernement actuel et ses relais blogosphériques ne sont pas satisfaits de
leur opposition. Pour eux, une bonne opposition, ça approuve avec enthousiasme ou ça ferme sa
gueule.