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mardi 9 octobre 2012

Les désarrois d’un jeune « blogueur de gouvernement »



(Ne me remerciez ni ne me blâmez pour le "jeune", c'est à M. Musil qu'on le doit)

Je lis ce matin le billet de Nicolas. On y sent poindre comme un soupçon de désillusion. Pardonnez l’euphémisme ! Ça n’a rien de bien étonnant. Il fallait l’enthousiasme du militant pour ne pas voir ce qui était prévisible dès les premiers jours qui suivirent l’avènement de Sa Normalitude. 

N’étant pas militant socialiste, ni militant tout court, le 9 mai, pardonnez la fatuité qu’il y a à se citer j’écrivais ceci : « En fin de compte, le changement historique du 6 mai, tout le monde s’en fout ou n’en attend rien. On sait bien qu’il ne va rien se passer et que dans 6 mois le nouveau gouvernement sera aussi impopulaire que celui qui l’a précédé.  Plus question de foutre la cabane sur le chien. On va juste lui donner un petit nonosse au chienchien. Enduit de somnifère. En espérant que la pauvre bête dormira quand on viendra le lui reprendre. »

Cinq mois plus tard, jour pour jour, force est de constater que malgré le nonosse (« coup de pousse » au SMIC, augmentation de l’allocation de rentrée scolaire ») le chienchien gronde de plus en plus fort. La dose de somnifère devait être insuffisante. Et puis, à coup de taxes diverses, on  lui a repris le nonosse avant même qu’il se soit endormi… 

Si la cote de popularité de Sa Normalitude n’a pas encore croisé dans sa descente celle de son prédécesseur, il lui reste encore un mois pour le faire. On n’est pas à quelques jours près…  La  publication du rapport Gallois au 15 novembre, si elle  entraîne des décisions  du genre augmentation de la CSG et/ou de la TVA  devrait y aider…

Faut-il s’en réjouir ? Que nenni ! Avoir un gouvernement se trouvant si rapidement en position de faiblesse n’est pas bon pour le pays. Comme Jean II le bon  à la catastrophique  bataille de Poitiers (celle de 1356) le président et son gouvernement ont à se garder à droite comme à gauche alors qu’en sa majorité même montent les dissonances.

 Au risque de décevoir certains de mes lecteurs, je lui trouverai des circonstances atténuantes. La situation dont il a hérité était très mauvaise. Non pas, comme se plaisent à le répéter ses supporters,  à cause d’une gestion calamiteuse de M. Sarkozy mais plutôt en raison du contexte de crise européenne et mondiale qui fait que bien des pays se trouvent dans une situation encore plus délicate (alors qu’il ne les gouvernait même pas et que certains étaient à gauche).

Le candidat Hollande se devait de nier la crise et de blâmer son seul prédécesseur  pour parvenir au pouvoir. Il lui fallait même avoir un programme ambitieux. On allait vers une croissance à 1.7 points si je me souviens bien. Aujourd’hui on parle de 0.8 tandis que l’INSEE la voit plutôt à 0.4.  On est passé du rêve réenchanté à la triste réalité.

L’absence d’alternance aurait-elle fait beaucoup mieux dans le domaine économique ? J’en doute. Ce gouvernement avait perdu la confiance des français. Reconduit, sa marge de manœuvre eût été, elle aussi, bien faible. Les efforts demandés, même indispensables, n’auraient pas été mieux acceptés. Peut-être encore plus mal.

Je trouve la France bien mal partie.

lundi 8 octobre 2012

Politique et viennoiseries



Depuis quelques jours le pain au chocolat tient le rôle de vedette qu’il méritait depuis toujours et dont il avait jusqu’ici été injustement privé. Tout ça grâce à une petite phrase de M. Copé.  Petites causes, grands effets.

La phrase incriminée est la suivante : « Il est des quartiers où je peux comprendre l'exaspération de certains de nos compatriotes, père ou mère de famille rentrant du travail le soir, apprenant que leur fils s'est fait arracher son pain au chocolat par des voyous qui lui expliquent qu'on ne mange pas pendant le ramadan ».  Putain, c’est fort ! Pas étonnant que M. Baroin, alors qu’il est en plein dans cette métamorphose qui transforme le jeune loup en vieux con, ait parlé de « petites phrases  toxiques et dangereuses ». Simplement toxiques, il n’aurait trop rien dit. Mais dangereuses, en bon républicain il ne pouvait que mêler sa voix à celles des pleureuses de gauche.

Que voulait dire M. Copé ? Toute personne dont la comprenette n’est pas entièrement détruite aura compris qu’il dénonçait  une forme d’intolérance qui pousse, dans des endroits où ils sont en nombre, les croyants d’une certaine religion à imposer, y compris à ceux qui n’en sont pas les fidèles, leur manière de vivre.  Il aurait pu remplacer  pain au chocolat  par sandwich au jambon, tripes à la mode de Caen ou andouillette de Troyes (ce qui eût peut-être calmé l’indignation du bon M. Baroin). Choisir cette viennoiserie qui est plus souvent prise comme goûter que les autres victuailles que je viens de citer ajoutait un côté réaliste à sa déclaration.

Plutôt que de s’offusquer de cette assertion, il eût été raisonnable de s’interroger sur la réalité du fait cité : existe-t-il ou non des endroits où de jeunes imbéciles tentent d’imposer leur mode de vie à d’autres ?  Si oui, est-ce tolérable ? Si non, où M. Copé va-t-il chercher de telles idées ?  

Cette histoire m’a rappelé une conversation que j’eus avec un copain qui avait travaillé dans un centre de détention. Un brave garçon bien gauchiste, je tiens à le préciser, afin d’éviter certains malentendus. Il me déclara que plus de 90% des repas servis à la prison étaient halal (mes lecteurs réacs jubilent). Intrigué, je lui demandai si la population carcérale était musulmane dans ces proportions.  Non (le sourire réac se fige), il y en a beaucoup (le sourire revient), mais les autres mangent halal pour ne pas être emmerdés….

PS : un argument plusieurs fois entendu au sujet de cette « affaire » :  « Le ramadan tombant cette année au mois d’août, l’histoire de M. Copé est impossible ». Je savais que nos amis de gauche avaient une vision restreinte de l’histoire mais au point de penser qu’elle commence et se termine dans l’année en cours…

dimanche 7 octobre 2012

Adieu liberté !



J’ai toujours aimé la liberté, l’absence de contraintes et, parmi elles,  celles qu’impose le temps. Les horaires  n’ont jamais été ma tasse de thé. Avec le temps, j’ai fini par les respecter scrupuleusement mais sans enthousiasme.

Ainsi pour moi les vacances ont-elles été quelque chose qu’on improvise. On part avec un but général : l’Espagne, la Dordogne, l’Écosse mais on laisse les étapes au hasard. L’itinéraire aussi. Une ville, un village aperçus semblent  beaux : on fait le détour. Pour la logistique, on improvise. A partir d’une certaine heure on se met en quête d’un endroit où manger et dormir. La belle vie, quoi…

A part que parfois ça ne marche pas. On se met à la recherche d’un gite à une heure un peu tardive, on ne trouve rien à son goût : pas assez bien, trop cher, pas inspirant et de refus en refus l’heure avance et on finit par prendre ce qu’on trouve. Comme le héron de La Fontaine on se contente d’endroits qu’on aurait plus tôt méprisés… Me reviennent certaines étapes où pour un prix conséquent, nous mangeâmes très mal et dormîmes dans une chambre inconfortable.

Les circonstances extérieures jouent leur rôle aussi. Rentrant en Angleterre, nous décidâmes afin d’arriver plus frais à Calais de dépasser Paris. Chantilly et ses environs nous parurent  adéquats. Sauf que c’était le jour de l’ouverture de la saison hippique : pas une chambre libre dans un rayon de 30 kilomètres. Après avoir tenté en vain jusqu’au cinq étoiles, prêts à payer n’importe quoi, nous nous résignâmes à reprendre la route du nord. Le temps avait passé.  Nous finîmes par trouver un Ibis ou quelque chose de ce genre au moment où le restaurant fermait. Ému par notre détresse, on voulut bien nous donner quelques tranches de pain pour calmer notre faim…

Il s’en fallut de peu que nous ne couchions dans la voiture à Brive faute d’avoir en plusieurs heures trouvé quoi que ce soit sur plus de cent kilomètres. Un café-hôtel-restaurant qui fermait tard nous sauva la mise à minuit.

Je pourrais multiplier les exemples de ces petits naufrages.Telle est la rançon de la liberté. Pour quelques très bons hôtels-restaurants découverts, combien d’étapes pénibles et stressantes ?

Et puis l’âge vient, rendant peut-être plus timoré que sage. Pour son anniversaire, j’ai voulu offrir à ma compagne la réalisation d’un de ses rêves : visiter Barcelone et les œuvres de Gaudi. Mon premier mouvement fut d’envisager d’appliquer ma vieille méthode. Je ne sais quelle frilosité s’empara de moi. Comme il est hors de question de partir sans la joyeuse Elphy, il fallait s’assurer de trouver des établissements acceptant les animaux de 2.5 kilos. Ça compliquait encore les choses. La mort dans l’âme, je me résignai à planifier mon voyage. Ainsi puis-je dire où nous serons chaque jour. A quelle heure il faudra en partir pour arriver à l’étape suivante.

La vieillesse, comme disait l’autre, est un naufrage.  Un naufrage qui cherche à en éviter d’autres…

samedi 6 octobre 2012

Je n’aimerais pas être au gouvernement…



Ça tombe bien, personne n’a songé, ne songe ni ne songera à m’y appeler.

Pourquoi ce constat amer ? Eh bien parce que j’ai appris hier que la parution du fameux rapport Gallois sur la compétitivité, prévue pour mi-octobre, était reportée au 5 novembre.  Le bon Louis, aurait-il pris du retard ? L’aurait-il laissé étourdiment traîner sur la table de la cuisine et, l’ayant retrouvé maculé de taches de pinard et de graisse, a-t-il demandé un délai afin de pouvoir le recopier au propre ?

Ça ne semble pas être le cas. D’après des fuites (à quand le rapport étanche ?), M. Gallois aurait été en faveur d’un « choc de compétitivité » d’un montant de 40 milliards d’Euros d’allègement des charges obtenu grâce à une augmentation du taux de la TVA et/ou de celui de la CSG.  Or tous ceux qui ont des oreilles pour entendre savent que, selon le gouvernement ou du moins certains de ses membres, il n’est pas question d’augmenter ces taux. D’autres disent que toutes les possibilités sont à l’étude…  Bref, ce fameux choc salutaire personne ne semble pressé de le faire subir. On préférerait le « lisser »… L’étaler sur quelques années… Éviter le choc, quoi… Seulement, un choc qui n’est plus un choc a du mal à produire un effet de choc…

Pas facile, la politique, hein ? Quand on a crié sur tous les toits que l’augmentation du taux de la TVA décidée par le précédant gouvernement était injuste et tout, qu’on s’est empressé de l’abroger, la moindre augmentation dudit taux risque de vous faire passer pour un charlot. Ce qui n’est pas souhaitable alors qu’une majorité de Français commence déjà à envisager que vous le soyez.

Quant à augmenter la CSG, c’est également coton. Parce qu’à la différence de la TVA, cette foutue CSG se voit comme le nez au milieu de la figure…

Saynète :

Les français (ils viennent de recevoir leur virement de salaire ou de retraite) : Ah non de D… ! Ils nous ont encore piqué des sous !

Le gouvernement (mal à l’aise) : Il n’y en a pas parmi vous qui aimeraient bien se marier ? Parce que bientôt le mariage ça va être pour tous…

Les français (l’air pas content du tout) : Vous nous prenez pour des cons ?

Le gouvernement (un peu gêné) : Dites-donc, les étrangers, vous savez que bientôt vous pourrez voter aux municipales ?

Les français (franchement de mauvais poil) : Vous croyez que vous allez pouvoir nous prendre de la main gauche ce que vous aviez oublié de nous prendre de la main droite sans qu’on s’en aperçoive? Vous nous prenez vraiment pour des cons !

Le gouvernement (un brin vexé) : Comme vous y allez !  Nous ne sommes pas sûrs que vous nous méritiez.  On essaie de rétablir la justice, de faire évoluer la société et tout ce que vous trouvez à faire, c’est râler…

Les français (résignés) : Bande de cons !

Le problème de l’alternance c’est que pour alterner il a fallu se déclarer prêt à supprimer tout ce que les prédécesseurs avaient décidé d’ « injuste » et qu’une fois au pouvoir la situation n’ayant pas changé et la baguette magique que l’on prétendait posséder  ayant mystérieusement disparu,  on est bel et bien contraint de prendre les mesures qui s’imposent. Et qu’on a l’air d’un con, d’un menteur, d’un escroc. Et que la popularité s’effondre. Et que, quand on a perdu toute crédibilité comme tout soutien, gouverner devient difficile.

Ah non, je n’aimerais pas être au gouvernement !

vendredi 5 octobre 2012

Orientation par les parents



Hier, dans un commentaire par ailleurs édifiant, Suzanne a inséré un lien vers un article du Nouvel Obs faisant écho aux propos de Jean-Jacques Hazan, le président de la Fédération des conseils de parents d'élèves  selon lequel  "L'orientation choisie par les élèves avec leurs parents doit être respectée". Pour ce brave homme, l’orientation n’est qu’une sélection et la sélection, si on veut rester poli, mieux vaut ne pas dire ce qu’il est correct d’en penser.

Que l’orientation des jeunes ne soit pas parfaite est certain. De là à respecter les vœux émis par les élèves en concertation avec leurs géniteurs, il y a un grand pas difficile à franchir. La tendance des parents à surestimer les capacités de leur progéniture semble aller grandissant, de façon inversement proportionnelle à la confiance qu’ils accordent aux enseignants.  Tenir un minimum compte des capacités de l’élève me semble souhaitable. Faire faire des études littéraires à un illettré ou des études scientifiques à qui ne comprend rien aux maths mène dans le mur. Et puis que l’on aime ou pas  la sélection arrive un jour où d’une manière ou d’une autre elle s’opère.

Les propos de cet éminent représentant de parents d’élèves (sa fédération est majoritaire) me rappelle une anecdote.

Un de mes collègues instituteur avait un élève qui lui posait de gros problèmes. Ayant doublé son CP, en Cours Élémentaire ses capacités de lecture demeuraient nulles et ses aptitudes à calculer étaient du même niveau. Il lui semblait que l’élève relevait d’un enseignement spécialisé. Pour en parler, il convoqua donc les parents. Le père vint. Il avait une opinion sur les aptitudes de son gamin plutôt différente. On en ferait un ingénieur ! D’abord désarçonné par tant d’assurance, mon collègue se ressaisit et tenta de ramener l’homme à une vision plus réaliste. A force d’arguments, il parvint à faire comprendre au parent déçu qu’il valait mieux abandonner ses rêves d’ingéniorat. Résigné, en partant,  il déclara à l’enseignant médusé, « Si on ne peut pas en faire un ingénieur, on en fera toujours  un petit instituteur comme vous… »

S’il est souhaitable de tenir davantage compte des motivations profondes de l’élève quand elles existent, respecter les vœux de parents chez qui l’affection l’emporte sur la raison risquerait de mener à bien des déceptions…

Mais qui suis-je pour oser contredire si grand seigneur que M. Hazan ?