(Ne me remerciez ni ne me blâmez pour le "jeune", c'est à M.
Musil qu'on le doit)
Je lis ce matin le billet de Nicolas.
On y sent poindre comme un soupçon de désillusion. Pardonnez l’euphémisme !
Ça n’a rien de bien étonnant. Il fallait l’enthousiasme du militant pour ne pas
voir ce qui était prévisible dès les premiers jours qui suivirent l’avènement
de Sa Normalitude.
N’étant pas militant socialiste, ni militant tout court, le
9 mai, pardonnez la fatuité qu’il y a à se citer j’écrivais ceci : « En
fin de compte, le changement historique du 6 mai, tout le monde s’en fout ou
n’en attend rien. On sait bien qu’il ne va rien se passer et que dans 6 mois le
nouveau gouvernement sera aussi impopulaire que celui qui l’a précédé. Plus question de foutre la cabane sur le
chien. On va juste lui donner un petit nonosse au chienchien. Enduit de
somnifère. En espérant que la pauvre bête dormira quand on viendra le lui
reprendre. »
Cinq mois plus tard, jour pour jour, force est de constater que malgré
le nonosse (« coup de pousse » au SMIC, augmentation de l’allocation
de rentrée scolaire ») le chienchien gronde de plus en plus fort. La dose
de somnifère devait être insuffisante. Et puis, à coup de taxes diverses, on lui a repris le nonosse avant même qu’il se
soit endormi…
Si la cote de popularité de Sa Normalitude n’a pas encore croisé
dans sa descente celle de son prédécesseur, il lui reste encore un mois pour le
faire. On n’est pas à quelques jours près…
La publication du rapport Gallois
au 15 novembre, si elle entraîne des
décisions du genre augmentation de la
CSG et/ou de la TVA devrait y aider…
Faut-il s’en réjouir ? Que nenni ! Avoir un gouvernement
se trouvant si rapidement en position de faiblesse n’est pas bon pour le pays.
Comme Jean II le bon à la catastrophique
bataille de Poitiers (celle de 1356) le
président et son gouvernement ont à se garder à droite comme à gauche alors qu’en
sa majorité même montent les dissonances.
Au risque de décevoir
certains de mes lecteurs, je lui trouverai des circonstances atténuantes. La
situation dont il a hérité était très mauvaise. Non pas, comme se plaisent à le
répéter ses supporters, à cause d’une
gestion calamiteuse de M. Sarkozy mais plutôt en raison du contexte de crise
européenne et mondiale qui fait que bien des pays se trouvent dans une
situation encore plus délicate (alors qu’il ne les gouvernait même pas et que
certains étaient à gauche).
Le candidat Hollande se
devait de nier la crise et de blâmer son seul prédécesseur pour parvenir au pouvoir. Il lui fallait même
avoir un programme ambitieux. On allait vers une croissance à 1.7 points si je me
souviens bien. Aujourd’hui on parle de 0.8 tandis que l’INSEE la voit plutôt à
0.4. On est passé du rêve réenchanté à
la triste réalité.
L’absence d’alternance aurait-elle fait beaucoup mieux dans le
domaine économique ? J’en doute. Ce gouvernement avait perdu la confiance
des français. Reconduit, sa marge de manœuvre eût été, elle aussi, bien faible. Les efforts demandés, même
indispensables, n’auraient pas été mieux acceptés. Peut-être encore plus mal.
Je trouve la France bien mal partie.