![]() |
La Belle... |
![]() |
...et la Bête (?) |
Tout écrivain se doit d’être constamment à l’écoute de l’humain. Robert Rankin ne
saurait déroger à la règle. C’est ainsi que via Facebook il a attiré mon
attention sur un
drame particulièrement poignant : la condamnation d’un brave homme par
le tribunal Gloucester (Angleterre) pour avoir eu une relation sexuelle avec le
bull mastiff de son ex-épouse.
Pour ceux de mes lecteurs qui ne pratiqueraient pas l'anglais, je résumerai les faits qu’on reproche à ce brave homme et qu’il
nie.
Selon celle qui fut sa femme devant Dieu et devant les hommes
trois années durant et à qui il fit deux enfants que l'on espère beaux, ce brave homme de
quarante-six ans s’étant vu mettre à la porte suite à un différend avec sa
nouvelle compagne, arriva un rien éméché et titubant à son ancien foyer. N’écoutant
que son bon cœur, la digne dame lui offrit de l’héberger. Encouragé par tant de
générosité, le brave Nicholas aurait, selon l’ex-femme de sa vie, tenté de
pousser plus loin l’avantage et lui aurait proposé une partie de jambes en l’air.
Vous imaginez avec quelle énergie, ses avances furent repoussées !
Frustré, Mr. Saunders se la mit sous le
bras et monta se coucher seul dans le lit de sa vertueuse ex-conjointe. Enfin,
seul, pas tout à fait car en dépit de toutes les règles d’hygiène et de bonne
éducation canine, après qu’il l’eut sifflée vint l’y rejoindre Sasha, une
femelle bull mastiff. Pour ceux qui l’ignoreraient ce charmant molossoïde peut
atteindre dans sa version féminine un poids de 50 kg pour une taille de 66 cm au garrot. La tête en
hippopotame, massive, les babines
tombantes de la belle créature lui rappelèrent-ils une femme qu’il avait
beaucoup aimé ? Toujours est-il qu’attirée par un bruit de remue-ménage, l’ex-élue
de son cœur montant l’escalier dit
découvrir à travers les barreaux de la rambarde une scène à faire frémir tout être
vivant dans la crainte de Dieu : le brave Nicholas, nu comme un ver, à
quatre pattes, maintenait les cuisses de la pauvre Sasha et lui faisait subir,
médusée, les derniers outrages !
Après en avoir dument discuté avec les deux jeunes filles
dont Notre Créateur avait voulu bénir
leur foyer, l’ex-Mrs Saunders décida le lendemain d’aller dénoncer le père de
famille à la police. Une fois arrêté, on procéda à des prélèvements génétiques
sur le pénis de Nicholas et on y trouva l’ADN de la pauvre bête.
Mais qui n’entend qu’une cloche n’entend qu’un son.
Ecoutons donc la version de l’autre cloche : Pour Nicholas il s’agirait là
d'une sombre manigance. En fait, c’est LUI qui aurait repoussé les avances de
son ex. Frustrée, la belle se vengea en inventant cette triste histoire de
bestialité propre à ternir l’honneur jusque là sans tache d’un sujet de sa
majesté. En fait, loin de se livrer à des activités contre-nature, le brave
garçon était simplement en train d’enjamber la pauvre bête afin de se rendre
aux toilettes sans trop la déranger. Et les traces d’ADN me direz-vous ? Eh
bien, la chienne s’étant couchée sur le lit, il se peut que l’innocent Mr
Saunders les ait attrapées par un contact fortuit avec les couvertures…
Le juré, composé de sept femmes et cinq hommes ne suivit pas
Nicholas et le jugea coupable. Dans sa grande sagesse, le juge décida de reporter le prononcé de sa sentence au 27 juillet, afin de mieux s’informer
sur la personnalité du pauvre Nicholas ainsi que sur son délit…
Drame de la solitude ?
Mauvaise interprétation d’une situation prêtant à confusion ? Malveillance
délibérée ? Quoi qu’il en soit, ce couple déchiré comprend au moins un
menteur : si c’est l’ex-épouse, on
est tenté de l’accuser de bassesse (et/ou, accessoirement, de myopie), si c’est
son ex-conjoint, sans vouloir me mettre à dos le puissant lobby bestialiste dont j'espère comme tout un chacun voir bientôt les droits reconnus, c’est
tout de même un fameux luron. Une chose est certaine : ces deux-là ont
bien fait de divorcer : comment partager avec profit la vie d’une personne
de moralité douteuse ?