J'ai entendu hier que les psy qui avaient examiné le jeune meurtrier du collège de Chambon-sur-Lignon ne l'avaient pas jugé dangereux. C'est ce qu'on appelle de l'expertise !
Que tout être humain soit faillible, on ne le découvre pas aujourd'hui. N'empêche, il semblerait que les experts psychiatres le soient un peu plus que la moyenne.
Il existe bien d'autres experts. On imagine mal l'un d'eux, spécialisé dans l'automobile assurer que votre Ford Cortina modèle 1974, malgré ses 453 664 km (non garantis), sa carrosserie corrodée, la fumée noire qui s'échappe de son pot, l'huile qui ruisselle de son moteur et le bruit inquiétant de ses bielles est quasi-neuve et vaudrait plus de 20 000 Euros. On pourrait craindre qu'un tel expert ne voit pas souvent son concours réclamé par les compagnies d'assurances.
Imaginons qu'existent des experts en animaux de compagnie et que l'un d'entre eux vous déclare que l'animal que vous lui avez demandé d'examiner est un yorkshire parfaitement inoffensif. Alors qu'en fait il ne s'agit pas d'un p'tit chienchien à sa mémère mais d'un tigre mangeur d'homme qui à peine ramené à la maison vous dévore à belles dents, vous et votre famille. Vos héritiers, s'il en reste, ne seraient-ils pas en droit de demander des comptes à cet expert ?
Je ne sais si les experts psychiatres peuvent être tenus pour responsables de leurs erreurs de diagnostic et/ou de pronostic. Seraient-ils tenus à une obligation de moyens plutôt qu'à une obligation de résultats ? Quoi qu'il en soit, il semblerait que parfois ils ressemblent davantage au dernier expert que j'évoquais qu'à des personnes sur les dires desquels on peut baser l'encadrement d'un éventuel récidiviste. Et c'est bien dommage pour les victimes.
Vous me direz que l'être humain est infiniment complexe. Que prédire son comportement futur est plus délicat que de faire la différence entre une épave et une bonne occase ou qu'entre un yorkshire et un tigre. C'est l'évidence même. Et c'est ce qui pose question : si la science psychiatrique n'est pas en mesure d'établir des pronostics fiables, à quoi sert de la consulter ?
Si les psy qui ont examiné le jeune homme en question ont pu affirmer qu'il ne présentait aucun risque de dangerosité, ne sont-ils pas en partie responsables du drame que leur erreur a occasionné ? Ne devrait-on pas les poursuivre ?
Ne serait-il pas souhaitable que la psychiatrie se montre plus modeste, voire avoue qu'en l'état des choses elle n'est pas en mesure de garantir la valeur de ses conclusions ? Ce serait, évidemment, se saborder. Pourtant ne vaut-il pas mieux avouer son incompétence que de pousser ceux qui vous font confiance à prendre des décisions aux conséquences dramatiques?