..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

dimanche 20 novembre 2011

Experts ? Vous êtes sûrs ?



J'ai entendu hier que les psy qui avaient examiné le jeune meurtrier du collège de Chambon-sur-Lignon ne l'avaient pas jugé dangereux. C'est ce qu'on appelle de l'expertise !

Que tout être humain soit faillible, on ne le découvre pas aujourd'hui. N'empêche, il semblerait que les experts psychiatres le soient un peu plus que la moyenne.

Il existe bien d'autres experts. On imagine mal l'un d'eux, spécialisé dans l'automobile assurer que votre Ford Cortina modèle 1974, malgré ses 453 664 km (non garantis), sa carrosserie corrodée, la fumée noire qui s'échappe de son pot, l'huile qui ruisselle de son moteur et le bruit inquiétant de ses bielles est quasi-neuve et vaudrait plus de 20 000 Euros. On pourrait craindre qu'un tel expert ne voit pas souvent son concours réclamé par les compagnies d'assurances. 

Imaginons qu'existent des experts en animaux de compagnie et que l'un d'entre eux vous déclare que l'animal que vous lui avez demandé d'examiner est un yorkshire  parfaitement inoffensif. Alors qu'en fait il ne s'agit pas d'un p'tit chienchien à sa mémère mais d'un tigre mangeur d'homme qui à peine ramené à la maison vous dévore à belles dents, vous et votre famille. Vos héritiers, s'il en reste, ne seraient-ils pas en droit de demander des comptes à cet expert ?

Je ne sais si les experts psychiatres peuvent être tenus pour responsables de leurs erreurs de diagnostic et/ou de pronostic. Seraient-ils tenus à une obligation de moyens plutôt qu'à une obligation de résultats ? Quoi qu'il en soit, il semblerait que parfois ils ressemblent davantage au dernier expert que j'évoquais qu'à des personnes sur les dires desquels on peut baser l'encadrement d'un éventuel récidiviste. Et c'est bien dommage pour les victimes.

Vous me direz que l'être humain est infiniment complexe. Que prédire son comportement futur est plus délicat que de faire la différence entre une épave et une bonne occase ou qu'entre un yorkshire et un tigre. C'est l'évidence même. Et c'est ce qui pose question : si la science psychiatrique n'est pas en mesure d'établir des pronostics fiables, à quoi sert de la consulter ?

Si les psy qui ont examiné le jeune homme en question ont pu affirmer qu'il ne présentait aucun risque de dangerosité, ne sont-ils pas en partie responsables du drame que leur erreur a occasionné ? Ne devrait-on pas les poursuivre ?

Ne serait-il pas souhaitable que la psychiatrie se montre plus modeste,  voire avoue qu'en l'état des choses elle n'est pas en mesure de garantir la valeur de ses conclusions ? Ce serait, évidemment, se saborder. Pourtant ne vaut-il pas mieux avouer son incompétence que de pousser ceux qui vous font confiance à prendre des décisions aux conséquences dramatiques?

samedi 19 novembre 2011

Passer sous les roues d'un bus peut nuire gravement à votre santé



Faire une overdose de roues de bus est un des dangers qui menacent la santé de l'homme d'aujourd'hui (pour celui d'hier, c'était les roues de diligences). Je sais de quoi je parle.

J’allais au collège et j’attendais tranquillement mon bus lorsque je m’aperçus  que j’avais oublié ma trousse à la maison. Une journée d’école, c’est toujours ennuyeux, mais quand on n’a pas de quoi écrire, ça devient tout de suite plus pénible. Être en butte aux remontrances outrées des profs et aux quolibets des condisciples (qui se feraient un devoir de ne rien me prêter, cet âge étant sans pitié) ne me disait rien aussi trouvai-je vite une solution : De l’autre côté de la rue, un copain attendait le bus qui le mènerait au lycée. Je traversai donc et lui empruntai  un stylo. 

C’est alors que je m’aperçus que mon bus s'apprêtait à démarrer avec à son volant le célèbre Grand louis, un conducteur qui avait ceci de remarquable qu'il s’arrêtait boire son coup de rouge dans pratiquement tous les bistrots entre Montlhéry et la porte d'Orléans.  Et retour . Plusieurs voyages par jour. Ça n'affectait pas sa conduite, si bien qu'il ne venait à personne l'idée de lui en faire grief. Une autre époque, je vous dis.

Sans plus réfléchir je me ruai vers ce véhicule. Mal m’en prit car une voiture me faucha net et m’envoya dinguer sous le bus.  Si vous n’avez jamais vu des roues énormes rouler doucement vers vous, inutile d’essayer,  je peux vous  dire ce que ça fait : on ne reste pas traîner. Immédiatement, je me mis à ramper, stylo à la main ; les roues soudain s’arrêtèrent. Alerté par les hurlements  de ceux des passagers qui avaient vu la scène, Grand Louis avait freiné. Je pus donc  sortir de l’autre côté du bus et y monter. 

A peine assis, je me mis à trembler de tous mes membres. Vu que tous n’avaient pas réalisé ce qui m’était arrivé certains se demandèrent ce qui pouvait bien troubler à ce point ce petit gars.


Mais ce n’est pas là le plus curieux. J’appris par le copain qui m’avait prêté le stylo que le plus choqué était surement le conducteur de la voiture. Mettez vous à la place d’un gars qui vient de renverser un gamin, de l’envoyer rouler sous un car et qui ne trouve pas trace de sa victime !

vendredi 18 novembre 2011

Comment je ne suis jamais allé aux USA



Quand j'ai vu leur annonce, je me suis dit pourquoi pas ? Il s'agissait d'aller enseigner le français dans des écoles primaires de Caroline du nord. 20 000 dollars par an, exempts d'impôts, voiture et assurance maladie fournies. C'était pas le Pérou mais ça paraissait jouable.

En plus, ça ravivait un de mes rêves de jeunesse : conduire une grosse voiture américaine sur les routes poussiéreuses du Sud. Ayant consacré mon mémoire de Maîtrise d'anglais à Erskine Caldwell, j'étais en pays de connaissance...

Et puis il faut dire que donner des cours de français à des cadres supérieurs de banque ou à des hauts fonctionnaires dans la City ou à Westminster ne nourrissait guère son homme... 

Je me rendis donc à Birmingham où avaient lieu les entretiens. J'y rencontrai deux femmes charmantes, l'une anglaise, l'autre américaine. La conversation fut cordiale et je crois que quand je leur expliquai comment j'avais, alors que je travaillais dans une école secondaire de l'East End, amené un jeune cockney raciste à travailler avec un petit pakistanais, je gagnai leur cœur. Je quittai Birmingham plutôt confiant. Nous étions au printemps : en septembre je serais en Dixie Land.

Deux jours plus tard, le téléphone sonna et, au bout du fil, l'américaine me fit une proposition inattendue : je lui avais fait une si bonne impression, que ce n'était pas en septembre mais tout de suite, là, maintenant que je pouvais être embauché. Il me faudrait partir sous huitaine.

Imaginez mon embarras ! Il me fallait donner ma réponse le lendemain.  Seulement, il y avait un petit hic : je vivais alors avec une jeune anglaise et la laisser choir ainsi me paraissait un rien cavalier. Gentleman un jour, gentleman toujours ! Certes, elles avait un caractère épouvantable et les amours n'étaient plus au beau fixe, mais quand même. De plus, elle avait son boulot à Londres et à quel titre entrerait-elle aux États-Unis si la folie la prenait de m'y suivre? Les States ne sont pas un moulin. Non, décidément, ce n'était pas possible.

Je recontactai mon interlocutrice, lui expliquant que le délai était trop court mais que je continuais d'être intéressé par un contrat en septembre. Ce dernier ne vint jamais.

En septembre, quand je me vis proposer un poste en France dans une institution pour jeunes "en grande difficulté" à prendre immédiatement, je n'hésitai pas un instant. Et vogua la galère...

C'est ainsi qu'il y a dix-huit ans je ne vécus pas le "rêve américain".


jeudi 17 novembre 2011

On ne peut pas tout avoir...



Ici, dans les collines, on a la paix. A condition de considérer que participent à la paix les bêlements des moutons, les meuglements des vaches, les criailleries des volailles, les bruits des moteurs de tracteurs, tronçonneuses, scies et autres débroussailleuses, et les jurons dont la fermière honnit chien et vaches.


Seulement, on n'a pas tout. Par exemple, les téléphones portables ne passent pas. Pour l'Internet, pas d'ADSL. La seule solution, c'est une connexion wifi par antenne. Seulement, ça marche comme ça peut. Pour une raison ou pour une autre ou sans raison du tout, ça déconnecte. J'ai le téléphone illimité par le même canal. Illimité, il l'est. Connecté pas toujours. Et puis surtout éminemment instable. Ça vous hache la parole façon robot ménager. De temps en temps, pourtant la liaison est parfaite. Le plus agaçant, c'est mes correspondants qui me disent ne pas bien entendre. J'ai beau me tuer à leur dire que c'est normal, habitués au confort auditif ils continuent à geindre.


L'autre jour, j'ai réalisé que, s'il m'arrivait un accident quelconque, pour prévenir d'éventuels secours, en admettant que ledit accident me laisse en état d'atteindre le téléphone, il se pourrait que ce dernier soit déconnecté ou qu'il fonctionne très mal. J'imagine ce genre de conversation :

- Allo, monsieur SAMU ?
- Oui ? Que puis-je faire pour votre service ?
- Je me meurs, M. SAMU, je me meurs !
- Vous vous quoi ? Je vous entends très mal !
- Je me meurs, vous dis-je ! Je me meurs !
- Ah, vous vous mourez ! Bon, et où donc vous mourez-vous ?
- Eh bien, je suis présentement en train de me mourir à schcrouic... blizhping...
- Ah, c'est terrible, je vous entends de plus en plus mal.... Je vais vous rappeler...

Et là ça coupe et M. SAMU est directement redirigé vers mon répondeur tandis que je continue de me mourir, inexorablement...

Angoissant, non ?

Eh bien non. Pas vraiment. Dans le fond, en admettant que ce scénario se produise, je ne ferais, à la tentative d'appel avortée près, qu'expérimenter ce que de tout temps les gens ont vécu, où qu'ils se trouvent, avant que la connexion téléphonique ne se généralise.

mercredi 16 novembre 2011

Pirate ou "pirate" ?




Hier matin, j’ai entendu un des avocats des pirates somaliens sur France Inter. La façon dont il a décrit ses clients m’a ouvert les yeux.

Comme tout le monde, j’avais une image peu flatteuse du pirate. Formée à l’origine par ma lecture de l’Ile au trésor. Billy Bones, John Silver et les autres m’avaient laissé entrevoir un monde un rien inquiétant. A lire la vie de certains pirates célèbres, j’en étais venu à penser qu’il pouvait leur arriver de se monter sanguinaires, sans pitié, cruels, et généralement malhonnêtes. Car voler le bien d’autrui, fût-ce un bateau,  les armes à la main n’est pas ce qu’on m’a appris au catéchisme.  Bref j’aurais hésité à accorder la main de ma fille à un pirate.

Il est vrai que ces pirates-là étaient européens ce qui ne plaide pas en leur faveur. Désertant la vie facile du matelot sous prétexte d’une allergie au chat-à-neuf-queues ou aux vivres avariés, plutôt que de faire une honnête et prospère carrière dans la marine, ces nantis préféraient attaquer de paisibles navires s’en emparer, revendre leurs richesses et en dépenser le produit dans des bouges en compagnie de filles de mauvaise vie.  A part ce dernier point, une vie hautement blâmable !

J’avais donc, jusqu’à ce matin  tendance à penser que ces somaliens qui attaquent, pillent, tuent et rançonnent méritaient l’échafaud. Où l’auraient mérité avant que le bon Maître Badinter mette fin à cette cruelle pratique. Eh bien, il n’en est rien !

En fait, ces brave gens sont de pauvres pêcheurs (Prions pour eux !) poussés par la misère à piller, tuer et rançonner. A peine sortis d’une enfance qu’on imagine sage et studieuse, les voilà embarqués, souvent contre leur gré, dans une aventure que leur inexpérience et leur naïve bonté mènera au triste épilogue de ce cruel procès en terre étrangère. Il est à parier que si les forces spéciales françaises n’étaient pas venues se mêler de leurs affaires et qu’ils étaient parvenus à toucher les 2 millions de la rançon demandée ils auraient dépensé celle-ci en bonnes œuvres.

Des larmes me montèrent aux yeux quand j’appris que l’un d’entre eux n’avait fait partie de l’expédition que parce qu’il parlait anglais et que ce malheureux souffrait du mal de mer ! Le mal de mer ! Un pirate !  Si ce n’est pas une preuve de sa totale innocence !  Ou, à tout le moins une preuve de l’état lamentable des services d’orientation scolaire somaliens.

Pas étonnant dès lors que certains articles, lorsqu’ils parlent du procès mettent le mot pirates entre guillemets. Il y a entre un pirate et un « pirate » la même différence que font les Inconnus dans leurs sketch sur  la chasse à la galinette cendrée (à 3mn 5 s) entre le bon chasseur et le mauvais chasseur.

Maintenant, si jamais j’avais le choix entre me faire rançonner voire malencontreusement exécuter par un « pirate » ou par un pirate, j’avoue que j’hésiterais…