..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

mardi 8 novembre 2011

De Spinoza à la mouche du coche.



« On reproche souvent à Spinoza de nous avoir privés de la liberté, nous imposant la nécessité des choses.»

J’ai copié/collé cette phrase  chez un « ami » Facebook. Parce que je la trouve du plus haut comique.  

C’est vrai, quand même, ce Spinoza nous fait chier ! Non seulement il nous impose la nécessité des choses mais, non content de cela, il nous prive de la liberté ! Faut quand même pas déconner ! Y’a des limites à l’abus, ou y’en a pas ?  

Personnellement, vu ses crimes, je serais plutôt partisan qu’on le zigouille, et vite fait, ce salopard de Spinoza qui fait rien qu’à nous priver de cette liberté qui, comme nous le savons tous, est notre bien le plus cher.

Bon, je me calme.  

Observons les choses ave un flegme d’immigré. Du genre de celui dont je parlais pas plus tard qu’hier. Qui est ce « nous » ? L’ensemble de l’ « humanité »?  Les êtres humains d’Occident ?  Les lecteurs de Spinoza ? Ou bien simplement  ceux des  potes du philosophe qui écrit ces lignes qui accordent quelque crédit à ses dires ? 

Vous me direz : ce n’est que de la rhétorique. Vous aurez raison. Ce « nous » ne désigne que les lecteurs de Spinoza qui partageraient les vues de son critique tout en prétendant l’étendre à l’humanité toute entière.  En fait, les philosophes n’influencent, au mieux, que ceux qui les lisent, c'est-à-dire bien peu de gens.   

Mais, bougre d’âne,  me rétorquerez-vous, en influençant les élites ils changent par leur truchement la façon de penser des masses que celles-ci mènent vers la lumière (ou les ténèbres, parfois). D’abord, si vous pouviez retrancher le « bougre d’âne » de votre objection, j’en serais ravi. Ensuite, j’exprimerai quelques doutes sur le reste de vos propos.  

Il est de bon ton de penser que ce sont les philosophes des lumières qui ont préparé la révolution de 1789. Il est certain que leurs écrits ont influencé les élites mais une série de récoltes catastrophiques, réduisant bien des familles à la mendicité, dans les années 1780 et la terrible disette suivant le très rigoureux hiver de 1788-1789 ont certainement  eu  plus d’influence sur le déclenchement du processus révolutionnaire. 

De même, la « levée en masse » de 1793 fit peut-être plus pour le développement de la chouannerie que les convictions monarchistes de ses participants. 

Je crains que les penseurs ne fassent qu’ « habiller » idéologiquement  les mouvements qu’ils sont censés avoir initié ou même simplement accompagné. C’est ce que je disais déjà dans un commentaire sur l’excellent blog Ostracisme. 

L’objection d’Aristide comme quoi cette position « historiciste » devrait logiquement mener au silence ne me paraît pas totalement fondée. Celui qui exprime ses idées, tout « mouche du coche » qu’il puisse sembler, joue un rôle. 

Contrairement à ce qu’écrivait La Fontaine l’insecte a son utilité : piquant l’un, piquant l’autre, l’agaçant par son bourdonnement, il ajoute à l’effort des chevaux un rien de rage qui  peut se montrer décisif…

lundi 7 novembre 2011

Conversation avec un immigré




L’autre jour  j’ai contacté un immigré qui a monté une entreprise de rénovation de bâtiment afin qu’il m’établisse un devis pour l’isolation et la réorganisation de l’étage de ma maison.  

 A l’heure dite, il arriva au volant de son fourgon. Il fut étonné que je le salue dans sa langue alors qu’il s’attendait plutôt à un simple « Bonjour ».  Je lui expliquai mes désirs, nous affinâmes les solutions tout en parlant de tout et de rien. 

Je lui demandai depuis combien de temps il vivait en France.  Cela faisait dix ans. Mais ses parents étaient arrivés bien avant, dans un village tout près d’ici… Un immigré de la seconde génération, en quelque sorte. Il avait d’abord travaillé aux Etats-Unis, puis était rentré  au pays. Il travaillait alors soit en France, soit dans sa mère patrie avant de se décider à s’installer chez nous pour de bon. 

Je lui demandai pourquoi il avait pris une telle décision.  Il s’expliqua : ce qui importait pour lui, dans la vie, c’était son foyer, ses enfants. Dans son pays, les écoles ne valaient rien,  c’était un bazar sans nom, tandis qu’ici régnait la discipline, l’ordre, l’efficacité. Ses enfants allaient à l’école, y apprenaient à lire et à écrire en français, ça marchait bien. Et leur mère, ancienne institutrice au pays, se chargeait de leur apprendre la forme écrite de leur langue maternelle. Je m’enquis de savoir si ces enfants étaient dans le privé ou le public. « Dans le public », me répondit-il « à X… ». Je m’en étonnai  car le village de X n’était pas le plus proche de chez lui. Il m’expliqua qu’il ne souhaitait pas qu’ils aillent à l’école de Y pour cette raison qu’il y avait trop d’enfants originaires de son pays, qu’ils  avaient tendance à rester entre eux, à parler leur langue et que cela nuisait à leurs progrès scolaires.

Cette conversation se tint dans la langue de l’immigré que les hasards de la vie m’ont amené à parler couramment. Cette volonté d’intégration, cette préférence affichée pour un pays dont il ne parlait que moyennement l’idiome, ce désir de fuir un pays qu’il juge miné par des politiques irresponsables que nous évoquâmes me touchèrent autant qu’elles m’intriguèrent : ils sont quand même un peu originaux, ces anglais !

dimanche 6 novembre 2011

J’étais un sosie, mais de qui ?




Pas de Mimi Mathy, rassurez- vous Didier.

Quand j’étais plus jeune, il m’est arrivé à plusieurs reprises d’être pris pour un autre.  Y compris par des gens que je connaissais vaguement.

Ainsi, un jour où je m’apprêtais à quitter ma place de parking  dans un  village où j’avais pendant mes vacances été facteur, un petit vieux courut  vers moi pour me demander un autographe. C’était d’autant plus curieux que je le connaissais pour lui avoir payé des mandats. Je refusai poliment mais le brave type insista, m’accusant de refuser d’admettre que j’étais celui qu’il pensait  et me réclamant avec véhémence de lui signer le bout de papier qu’il me tendait. Je continuai de refuser lui disant qu’il se trompait et, comme il n’en démordait pas, je démarrai et partis, suivi du vieux qui courait derrière ma voiture.  Je n’ai jamais su  pour qui il m’avait pris…

A peu près à la même époque, alors que je descendais l’escalier menant au sous-sol d’une librairie, à Tours, un employé, occupé à ranger des livres, leva les yeux vers moi  et sembla soudain frappé de stupéfaction. Le genre d’expression que je suppose qu’aurait  un croyant qui, ouvrant la porte de sa cabane à outil,  y découvrirait la Sainte Trinité au complet, nimbée de lumière.  J’étais seul dans l’escalier, j’étais vêtu correctement, rien en moi qui eût justifié telle réaction. Le peu de temps que je passai  dans le sous-sol, il continua de me fixer avec la même expression ahurie.  C’était d’autant plus curieux que j’étais un client régulier de cette boutique et que  j’avais déjà parlé plusieurs fois avec cet employé.

Quelques années plus tard, alors que j’étais dans le commerce, j’entrai  dans le bureau d’un de mes fournisseurs.  En compagnie du patron s’y trouvaient deux gendarmes. L’un d’eux se mit à me dévisager et au bout d’un moment me demanda, l’air à moitié aimable, si je venais d’Orléans. J’ai vécu dans bien des endroits, mais pas à Orléans. Je lui répondis donc que non. L’air renfrogné  se teinta de suspicion genre « Mon p’tit père, si tu crois que je ne t’ai pas reconnu, tu te goures. Viens pas faire tes conneries dans le coin, on t’a à l’œil… ». Je me demande ce qu’avait bien pu faire mon sosie dans la ville de la Pucelle, mais apparemment  rien de bien.

Je me demande si ce genre d’expérience arrive à tout le monde, si j’avais un physique tellement banal qu’on pouvait me prendre pour n’importe qui ou si j’avais le don de provoquer la confusion dans certains esprits.

Quoi qu’il en soit, il y a belle lurette que ça ne m’est plus arrivé. Il est vrai qu’avec le temps on finit par ne plus ressembler à grand-chose…

samedi 5 novembre 2011

vendredi 4 novembre 2011

Salauds de (petits) patrons !



C’est une chose entendue, les patrons, petits ou grands, sont d’infâmes salauds. Un peu comme les politiciens. Ils s’en foutent plein les poches et se tapent  du reste. Quand ils réussissent, ce sont des voleurs, quand ils se plantent, ce sont des cons.N’importe quelle andouille, même pas foutue de  gérer sa propre vie, sait comment mieux faire que son patron voire que n’importe quel patron du CAC 40.

Je voudrais les y voir. Que savent-ils vraiment  d’une entreprise ?  Ont-ils jamais essayé de se lancer dans un domaine quelconque ? Sont-ils partis de rien ? Ont-ils bossé comme des dingues, sans week-ends ni vacances ? Ont-ils vécu  l’ivresse du succès ? Ont-ils connu les nuits d’insomnie des périodes difficiles ?  Se doutent-ils de ce que peut ressentir celui qui voit s’effondrer irrémédiablement, suite à une erreur de stratégie, à une conjoncture difficile,  voire à une fiscalité confiscatoire, le résultat d’années d’efforts ? Savent-ils ce que c’est de se battre jusqu’au bout, comme le loup de Vigny alors même qu’on n’y croit plus ?   Ont-ils déjà tout perdu et vu  leur avenir compromis ? Non, bien sûr ! 

Tous les râleurs devraient avant de l’ouvrir faire l’expérience de la petite entreprise. Dans le succès (ça, c’est facile) comme dans les difficultés. Jouer avec leurs propres billes. Risquer le gain comme la perte.  Je suis le premier à plaisanter le plombier  cependant, il ne faut pas oublier qu’il se peut qu’un jour, suite à je ne sais quelle crise du bâtiment, il voit s’écrouler son petit empire, si matoisement  conquis… 

Le petit patron n’a pas de parachute doré, souvent même pas d’assurance chômage. Il travaille sans filet. Un des derniers  aventuriers modernes, en somme.