Si la Norvège n’existait pas, les Suédois bénéficieraient d’une
importante façade atlantique, ce qui les rendrait peut-être un peu moins cons.
Rien n’est moins sûr mais ce n’est pas impossible. En effet on ne nous donne
jamais ce pays comme un exemple à suivre alors qu’on nous rebat les oreilles avec
les mérites insignes de son voisin oriental. Il faut donc croire qu’on y marche
moins sur la tête. Les cinq millions de Norvégiens font rarement parler d’eux
sauf quand l’envie les prend de zigouiller 77 personnes et d’en blesser 151.
Mais c’est rare.
Ce royaume, situé, comme mes fidèles lecteurs, devenus fins
connaisseurs de la Suède, l’auront
déduit, occupe donc tout l’ouest et le nord de la péninsule scandinave. Vu sa faible population, on se demande bien de quel droit. Non content de cela, leur roi, Harald V
(bientôt 78 ans, comme le temps passe !), exerce également sa bienveillante souveraineté
sur un archipel arctique au nom imprononçable. C’est dire si le Norvégien est
friand de froid ! Le littoral continental s’étend sur 2500 km. Si on tient
compte de celui des nombreuses îles et
archipels on atteint le chiffre incroyable de 83 000 km, ce qui provoque une
vive jalousie chez les Suisses, les Mongols, les Burkinabés et les Tchadiens
(entre autres). Mais le Norvégien n’en a cure tant son égoïsme est profond
comme nous le verrons plus tard. Ces côtes sont creusées de fjords. Le reste du
pays est montagneux mais sans trop d’excès
vu que le mont Galdhøpiggen (tu parles d’un nom !) y culmine à 2469m. De
nombreux glaciers s’y traînent lamentablement. Il se dit qu’au nord du pays le
soleil ne se couche jamais entre mai et fin juillet et qu’il ne se lève jamais de
fin novembre à fin janvier. Mais ce ne sont peut-être que des racontars. Au cas
où ce serait vrai, si on vous y propose un poste saisonnier où l’on pratique la
journée continue, évitez l’été.
Du point de vue historique, pas grand-chose à dire sinon qu’entre
les IXe et XIe siècles à partir de la Norvège, les Vikings portèrent la désolation
dans bien des contrées notamment aux Iles Shetland poussant les chevaux locaux
à refuser de grandir afin déviter d'être pris pour monture par ces barbares. Le
christianisme ne s’y établit, et encore par la force, qu’au XIe siècle à l’initiative
du roi Olaf Haraldsson qui fut pour cela canonisé. En 1380, à la mort du roi
Haakon VI (rien à voir avec l’onomatopée toulousaine « Putain(g) con(g) »)
la Norvège est réunie au Danemark, pays qu’il me faudra bien évoquer ici un
jour malgré mon peu d’enthousiasme. Cette union durera jusqu’en 1814, date à
laquelle le pays passera sous domination suédoise pour un siècle avant de
recouvrer son indépendance. Sa neutralité ne l’empêcha pas d’être occupée par
les Allemands lors de la deuxième guerre mondiale et ensuite libéré. Depuis,
elle a rejoint l’Otan mais s’est refusée par deux fois à rejoindre l’Union
Européenne alors qu’elle aurait beaucoup d’argent à lui apporter.
Les Norvégiens sont riches. Très riches même. Les dire
pleins aux as n’aurait rien d’exagéré. Et cela parce qu’ils ont des gisements
de pétrole et de saumon fumé ainsi que diverses industries (pêche, hydroélectricité,
bois, minéraux). Seulement, le pétrole risque de s’épuiser bientôt aussi ces
prudents scandinaves mettent-il des sous de côté via le fonds pétrolier de Norvège qui s’élevait à 878 milliards d’US$,
soit 174 000 US$ par tête de pipe, ce qui n’est pas si mal et laisse à penser
que, quoi qu’on en dise en France, mieux vaut avoir du pétrole que des idées. Ceci
explique peut-être la réticence de ces égoïstes à rejoindre la grande famille
européenne.
Du point de vue culturel*,on y est très irréligieux, on
baragouine tout un tas de dialectes et on pratique deux langues officielles, le
bokmål (langue des livres) et le nynorsk (néo norvégien). Pourquoi faire simple
quand on peut faire compliqué ? La cuisine* est traditionnellement basée sur
les produits de la chasse et de la pêche probablement accompagnés de sauce
bizarres. En dehors d’un compositeur (Grieg) et d’un dramaturge (Ibsen) au XIXe
siècle, on ne peut pas dire que l’apport norvégien à la culture planétaire soit
de nature à embarrasser les mémoires.
Reste à savoir si visiter ce pays présente le moindre
intérêt. Je vous en laisse juge. Toutefois, si vous êtes membre des Jeunesses
Socialistes je ne saurais trop vous en dissuader (voir premier paragraphe)…
*Si tant est que ce mot puisse ait quelque pertinence lorsqu’on
parle des Scandinaves en général et des Norvégiens en particulier