Le patrimoine architectural des collines recèle nombre de petites
merveilles. Sans me vanter j’en possède une. Admirez donc :
Eh bien figurez-vous que ce chef-d’œuvre en tôle ondulée est
menacé. Résultat des efforts conjugués de l’ancien locataire et du voisin d’en
face, cette cabane qui est venue il y a des années apporter à une banale construction
en granit une touche de modernité
devrait être profondément remaniée d’ici un peu plus d’un mois. Adieu tôles, porte et fenêtre de récupération !
Bonjour murs de parpaings, crépi blanc et huisseries
neuves ! Du cerveau dérangé de quel
grand malade un tel projet est-il le
fruit ? - Du mien avouerai-je.
Je sais que ce faisant je vais m’attirer bien des haines.
Certaines réactions à la réfection
des portes de la grange ont pu me donner naguère une idée de leur
violence. Eh bien je les affronterai
avec la sérénité que fait naître au cœur de l’honnête homme l’accomplissement d’une
bonne action. Car mon sens étriqué de l’esthétique
me fait considérer que plus qu’un témoin de la créativité architecturale du
paysan manchot cette annexe, bien qu’utile, est un furoncle qui vient défigurer
le côté de mon humble demeure.
De plus, le démontage de ces tôles et leur remplacement par
de solides murs de parpaings constitue pour moi un de ces défis qui donnent
tout son sens à une vie de bricoleur. Je n’ai jamais monté le moindre mur. Pas
plus que je n’ai posé de fenêtres. C’est au pied de ces murs qu’on me verra
maçon.
Hélas, en Doulce France, il ne suffit pas d’avoir des idées
pour passer à l’action. Il faut en avertir les autorités ! Imaginez (comme certains ne manqueront pas de
m’en faire grief) que je remplace cette horreur par une autre bien pire encore !
Il m’a donc fallu remplir un dossier de dix-huit pages en trois exemplaires et le
déposer en mairie. Ce que je fis hier. D’ici un mois, faute d’un avis
contraire, je pourrai lancer mon chantier.
L’achat d’une bétonneuse, la livraison des matériaux
nécessaires une fois réalisés c’est donc
le mois de juillet qui me verra surmonter l’angoisse de mal faire pour réaliser
cette œuvre titanesque.