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jeudi 11 août 2016

Le Facteur humain


Mise en garde : je ne parlerai pas ici des qualités de cœur du préposé à la distribution du courrier de mon village mais d'un livre de M. Graham Greene. Cet article risque donc de lasser.

Je viens de terminer la lecture d'un excellent roman de M. Graham Greene, intitulé Le Facteur humain. Pour moi, il s'agit d'un grand roman. Reste à définir ce qu'est un tel Roman. D'aucun diront que c'est une œuvre de nature à changer votre vie. Je crains que le meilleur des romans soit bien moins en mesure d'infléchir le cours d'une existence que ne peuvent l'être la sclérose en plaques, la démence voire même un douloureux divorce ou une simple faillite.

Écrire un roman c'est raconter une histoire. Tous le font. L'histoire peut être plus ou moins complexe, passionnante, surprenante par ses rebondissement ou ennuyeuse parce qu'insignifiante ou incapable de susciter en nous le moindre écho. Admettons que l'histoire soit bonne. Cela suffit-il ? Certainement pas.

L'histoire est portée par des protagonistes. Si ceux-ci manquent de cohérence, d'épaisseur, de chair et d'âme, plus que servir l'histoire, ils lui nuisent. S'ils prennent le pas sur l'histoire, si leurs états d'âme relèguent l'action au second plan, lui volant la vedette, le roman devient « psychologique » et à mon goût lassant.

Le bon roman, selon moi, nécessiterait donc que des personnages cohérents et vraisemblables accroissent l'intérêt d'une intrigue et créent en nous l'impatience de connaître sa suite avec pour corollaire une légère angoisse d'en voir arriver la fin.

Eh bien, dans l'élaboration de ce délicat dosage, M. Graham Greene excellait. Je me souviens avoir lu je ne sais où quelque passage où le romancier anglais expliquait le côté monstrueux de l'écrivain qui, témoin d'un événement ou d'un malheur générateur de souffrances ou d'émotions profondes, plutôt que de ressentir de l'empathie pour les personnes concernées se contentait de les observer et d'en prendre des notes mentales afin d'en nourrir son écriture.

De ce point de vue, la « vraie vie » n'apparaît qu'un matériaux brut à partir duquel le talent permettra d'élaborer de la littérature. Greene y parvenait magistralement.

Je ne vous conterai pas l'histoire. Sachez simplement qu'elle se déroule dans le cadre des services secrets britanniques et qu'en conséquence elle participe du genre « thriller ». On y décèle des fuites. Leur auteur, même si de ci de là d’infimes indices pourraient mettre sur sa voie, ne sera identifié que vers la la fin du roman et ce n'est qu'à sa toute extrémité qu'on apprendra que le véritable rôle qu'il jouait est bien éloigné de ce qu'il pensait et des motivations qui justifiaient sa « trahison ».

Tout cela est porté par des personnages complexes ou tout en duplicité auxquels le talent de Greene sait donner vraisemblance et humanité. Mis à part les dirigeants du service, tous se trouvent enfermés dans la solitude et l'incommunicabilité qu'implique la méfiance inhérente à leurs activités. Autant que d'espionnage, ce roman est celui d'une solitude que rien ne saurait abolir.

17 commentaires:

  1. Dring ! Dring !
    Effectivement un excellent roman, qui m'avait inciter à en lire d'autres du même auteur, qui est l'un des trois avec Jorge Amado et William Boyd dont je savais que n'importe quel bouquin serait un plaisir ...

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  2. Dring ! Dring !
    Eh oui, le facteur sonne toujours deux fois ...

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    1. Vu que je n'ai pas de sonnette, vous m'apprenez quelque chose.

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  3. Et le facteur cheval, qu'en fait on?
    Comment cela dehors, mais c'est un problème.

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  4. Ce billet vient de me faire constater que je n'ai pas lu ce livre. Je vais réparer cet oubli d'urgence. Pourquoi d'urgence? Parce qu'à mon âge, on ne sait jamais.

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  5. Moi non plus, pas encore lu. Je suis d'ailleurs tout à fait consterné quand je pense à tous les bons livres qui me restent inconnus...et les braves gens voudraient nous faire lire du Maurice Lévy ou je ne sais trop qui! Ne lisons qu'à coup sûr, de toute façon nous n'aurons jamais le temps d'épuiser le stock.
    Amitiés.

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    1. J'en ai trop lu de médiocre pour penser que tout ce que j'ignore soit de qualité.

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  6. Ceci est un post ...

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  7. Le facteur s'est trompé d'adresse et a livré la missive qui vous était destinée chez Didier Goux. Il vous présente ses regrets.

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    1. Vu la saison, ça doit être un remplaçant ! Je suis allé le lire, cependant.

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