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mardi 15 juillet 2014

Ah les p’tits pois !



M. Sarkozy avait jugé en 2007, lors de l’installation de son nouveau président, que les magistrats de la cour de cassation manquaient de diversité. Qu’ils n’étaient pas plus dissemblables que des petits pois. Mal lui en prit ! Rendez vous compte. Des gens aussi prestigieux et sages que, pour prendre un exemple au hasard, M. Bilger comparés à ce légume ! Ce dernier semble en avoir tenu rancune à l’ex-président. Et c’est compréhensible. Avoir un cheveu sur la langue est déjà désagréable mais quand en plus on se retrouve avec un petit pois au travers de la gorge, c’est plus qu’il n’en faut pour embarrasser les capacités d’élocution d’un homme.

Mais ce n’est pas sur ces pois-là que portera ma causerie du jour. Je traiterai du légume. Il m’arrive fréquemment de me montrer critique envers certaines maladresses du Créateur. La couleur verte des pois et des haricots permet à ces deux légumes de se mieux dissimuler parmi le feuillage de la plante qui les porte, en compliquant la récolte. Il eût été plus judicieux de leur donner une teinte contrastant avec le reste du plant. Surtout que tomates, fraises et autres framboises montrent clairement les avantages d’une telle idée. Mais passons… Une autre aberration de la nature est la mouche qui vient pondre sur la fleur du pois et dont les œufs éclosent dans la gousse, libérant une larve qui se met en devoir de dévorer à belles dents (métaphore !) son contenu. A quoi pensait le créateur quand il a conçu cet insecte ? A procurer à l’homme un plat complet associant un complément carné au légume ?  Toujours est-il qu’il n’a fait que compliquer la vie de ceux qui refusent l’asticophagie. J’en suis.

Ce matin, je me suis livré à la double corvée du ramassage et de l’écossage subséquent du pois. Une heure et demie de labeur m’ont permis d’obtenir, au mieux, l’équivalent de deux boites de conserve de la précieuse légumineuse. Si on prend en compte le temps pris par le labour, le hersage, le ratissage, le semis, les binages, le prix de l’outillage et des graines, le potager apparaît comme une activité peu rentable. Quand j’entends que la crise pousserait de plus en plus de gens à jardiner afin d’économiser sur les légumes, ça me laisse pour le moins perplexe. Les divers parasites, maladies, intempéries rendent l’aventure bien hasardeuse. Beaucoup d’efforts et un peu de dépense peuvent très bien mener à un résultat nul.

En fait, jardiner est un loisir. Bien moins onéreux que le casino, les sports mécaniques ou le golf. La satisfaction qu’on en tire est de pouvoir déguster des légumes d’une fraîcheur et d’un goût incomparables. Le pois que l’on récolte sans attendre qu’il ait atteint sa pleine maturité (et accessoirement que l’asticot ait fini de le bouloter) demande peu de cuisson, s’avère d’une tendreté insigne et n’est point farineux. La pomme de terre nouvelle arrachée juste avant d’être cuite est délicieuse. Chercher son équivalent dans le commerce est illusoire, quel que soit le prix que vous y mettriez. Quant aux tomates ou aux haricots verts du jardin, les comparer à ce qu’offre un marchand de légumes serait leur faire insulte.

Tout cela est bien dérisoire, certes. Mais bon, tant d’efforts pour de si brefs moments de plaisir, n’est-ce pas une métaphore de la vie ?

26 commentaires:

  1. Je commence très progressivement la conversion d'un jardin sauvage en jardin potager. C'est parfaitement inéconomique sous l'angle comptable, mais peut-être pas sous l'angle sanitaire et doublement, la qualité nutritive et gastronomique du produit (oui, la patate de chez soi, la tomate qui sent la tomate à un demi-mètre....) d'une part et de l'autre, la santé du jardinier, déguisé en épouvantail, affairé à la lutte quotidienne contre la nature démoniaque et qui fait moins de station assise et moins de clavier.

    Et puis, la contemplation des libellules, des bourdons noirs, d'araignées jaune et noir prises dans les pois de senteur, les oiseaux familiers, rouge-gorge et merle à deux mètres de soi, affairés eux-aussi, pas farouches.
    Un bémol, pour protéger le dernier avatar du dinosaure, je tue des harets.
    Est-ce grave docteur ? En plus de n'avoir pas de Daimler ?

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    1. Je ne saurais trop encourager cette initiative dont vous recensez si bien les mérites.

      Attention cependant, la chasse aux harets est illégale. Et vous savez comme en France on ne rigole pas avec la loi (du moins dans certains cas). Pour la Daimler, vous êtes pardonné.

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  2. Dites-vous que s'ils étaient rouges ou jaunes, les haricots et petits pois attireraient encore davantage de bestioles, et il serait difficile de différencier un fruit ou légume d'un autre. Dieu n'a donc pas si mal fait les choses.

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    1. N'essayez pas de lui trouver des excuses : il n'en a aucune !

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  3. Faites attention qu'à force de vous vanter de tous les avantages que vous donnent votre jardinage, cette activité ne soit considérée vous donner un bénéfice tel qu'il justifierait que vous vous trouviez dans le collimateur de Bercy comme un vulgaire notaire ou autre pharmacien.

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    1. Il a été à un moment question de taxer les produits du jardinage...

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  4. La symbolique est forte, en effet, déguster ses petits légumes du jardin demande tant d'efforts et
    d'abnégation que beaucoup y renoncent, préférant les cochonneries du marché acquises sans
    peine pour quelques euros. C'est la différence entre l'honnête-homme et le béotien.
    Amitiés.

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    1. C'est bien vrai mais si l'honnête homme a un dos en compote, le béotien a un canapé usé...

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  5. Pour réparer les maladresses du Créateur et obtenir des petits pois de couleur, adressez vous à Monsanto, p'tête qu'ils n'y ont pas encore pensé? Ils pourront ainsi avec en plus , façon Carembar, une vanne éculée du style: les petits pois sont rouges, vous livrer la graine dans les meilleurs délais.

    Le Page.

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    1. Il doivent y travailler comme au petit pois sans cosse...

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  6. Manger ce qu'on a fait pousser, s'en délecter et mesurer le privilège dont on jouit ainsi est un plaisir à nul autre pareil. Surtout quand on pense à ceux qui trouvent dans leur assiette des légumes qui ont de nombreux kilomètres au compteur et de non moins nombreuses heures de vol.

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    1. C'est vrai. Et d'autant plus qu'en terme de locavorisme, il est difficile de faire mieux...

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  7. Ceci me rappelle que j'ai appris il n'y a pas longtemps pourquoi les carottes étaient rouges, en corrigeant ainsi les essais maladroits du Créateur qui les avait fait blanches à l'origine. Il y a une raison à cela et je vous laisse chercher laquelle.
    Ceci dit autre effet bénéfique du jardinage, celui de faire des efforts en tout genre et ainsi de vous maintenir en bonne santé...

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    1. Pour ne pas avoir la fesse blafarde ? Vous auriez pu donner la réponse !

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    2. Robert Marchenoir15 juillet 2014 à 21:32

      Les carottes sont rouges ? Problème de lunettes ? Attention, si vous confondez avec les piments vous courez au-devant de graves ennuis.

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    3. Je n'allais pas écrire orange et vous mettre sur la voie... http://axiomcafe.fr/pourquoi-les-carottes-sont-elles-oranges

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    4. Merci pour le renseignement ! Me voici savant !

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  8. Je viens de chez Plangloss et je ne suis pas déçue de cet article fort judicieux. Ici, pas question de pesticide et d'engrais, Monsanto est banni à jamais de mon langage. Alors fabrication de purin d'orties et de fougères ! La couleur du petit pois se discute et c'est tout de même quand les petits poissons rouges !!!! Bonne fin d'après midi.

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    1. Être judicieux est le but principal de ma vie. Merci de cet encouragement... Pour les divers purins, il faudra que je m'y mette. N'importe comment je traite si peu...

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    2. Purin d'orties, facile et efficace. Permet en plus de voir les orties (il y en avait déjà au jardin d'Eden) comme des alliées et non comme des ennemies, ce qui est bon pour la paix.

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  9. Robert Marchenoir15 juillet 2014 à 21:33

    Un seul mot : Picard.

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    1. Robert Marchenoir16 juillet 2014 à 16:53

      C'est pas que ça me suffit : c'est ce que je peux trouver de mieux ! Je suis citadin, moi...

      Loin de moi l'idée de stigmatiser les légumiers ruraux, mais s'il s'agit de se nourrir dans le commerce, le surgelé en général, et Picard en particulier, est le meilleur choix pour de nombreux légumes.

      Si vous achetez, en vrac, au marché, des haricots verts, des petits poids ou des choux de Bruxelles, par exemple, vous allez passer des heures à les parer et à les nettoyer. Combien de gens ont le temps de faire ça ? Chez Picard, c'est prêt à mettre à la casserole, c'est trois ou quatre fois moins cher qu'au marché, on ne vous fait pas payer les déchets, c'est ultra-frais et 100 % hygiénique, et, au niveau du goût, c'est plus que satisfaisant.

      Notez également que c'est deux à trois fois moins cher que les conserves. Et bien meilleur, dans mon expérience.

      Il y a en France un préjugé irrationnel à l'encontre du surgelé (comme à l'égard de beaucoup de choses, d'ailleurs). En témoigne la réflexion populaire idiote concernant les restaurants : "c'est du surgelé", ce qui est censé être synonyme de "c'est de la merde". Il s'est même trouvé des députés pour vouloir obliger les restaurants à se dénoncer quand ils faisaient du surgelé...

      D'abord, il y a beaucoup de chances que ce ne soit plus du surgelé, mais du sous-vide. Le surgelé, c'était moderne il y a combien de temps ? Quarante ans ? Cinquante ans ? Le Français a toujours deux ou trois métros de retard.

      Ensuite, il y a beaucoup plus de chances de manger bon et de ne pas s'empoisonner dans un restaurant qui fait du surgelé, plutôt que dans un restaurant qui achète du "frais" pas frais, de qualité médiocre, qui a traîné à la chaleur, qui a été contaminé par contact avec des contenants moyennement propres, etc.

      Les gens qui réclament du "frais" au restaurant mais se sentiraient lésés avec une addition de plus de 15 euros, ils se racontent des histoires.

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    2. Mais, Robert, je suis tout à fait d'accord avec vous. Les surgelés sont souvent très bons et je n'y vois pas de meilleure alternative à l'ultra fais du jardin...

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  10. M'enfin, si tout le monde se met à produire ce dont il a besoin, comment qu'on va faire nouzôtres les françoué pour créer de la croissance et rembourser les zintêrets de la dette?!? hein? HEIN??

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    1. Vu tout ce qu'on dépense pour produire, je pense que le fisc n'y perd pas. Rassurez vous : on banque !

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