..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

vendredi 16 décembre 2011

Evaluation des profs : LA solution.


Pour en finir avec le débat qui occupe les français (et ceux qui, sans être français, n'en sont pas moins le sel de notre terre) je vous apporte LA solution. Le processus serait d'ailleurs en marche en Angleterre. Les plus observateurs d'entre vous me reprocheront d'utiliser la même illustration que pour un billet précédent. Que voulez-vous, je ne me lasse pas des bonnes choses...

Si l’évaluation  des professeurs ne peut être opérée par leurs chefs  comme c’est le cas pour les autres fonctionnaires et que l’on supprime l’inspection, qui  sera à même de les noter ?

La réponse est simple : les élèves . Ils sont en position de noter les failles d’un enseignant comme ses points forts.  A part que ça peut poser des problèmes, par exemple  au niveau de la petite section de maternelle. Des enfants de deux à trois ans ont-ils la maturité nécessaire pour juger de la valeur pédagogique de leurs enseignants ?  Il est de notoriété publique  que les jeunes de maintenant sont beaucoup plus mûrs que nous ne l’étions à leur âge, mais quand même…  A partir de quel niveau devrait-on commencer ? Collège ? Lycée ?  La préadolescence et l’adolescence sont des âges émotionnellement  fragiles. Ne risqueraient-ils pas de mélanger l’affectif et l’objectif ?

Non mais, c’est pas fini ces pinaillages ? Le progrès ne s’embarrasse pas de  détails. Ceux qui  critiqueraient la notation par l’élève sont, comme moi, des rétrogrades.

Je m’explique : au temps lointain de ma jeunesse, les institeurs et les professeurs n’étaient pas spécialement sympathiques ou attentifs à nos états d’âmes. Je les soupçonnerais même d’avoir souvent considéré les ouailles qu’on leur confiait comme une bande de petits sauvages dont il fallait tâcher d’endiguer  les débordements et  auxquels ils se devaient d’inculquer un minimum de savoir, de méthode et de discipline.  Je ne me souviens pas de beaucoup de mes enseignants.  A part une qui a assombri deux années de mon enfance et un autre qui m’a donné le goût des lettres, je serais bien en peine de trouver parmi eux des gens qui m’aient marqué autrement qu’en m’enseignant une syntaxe et une orthographe passables sans oublier de m’apprendre à compter et accessoirement à aborder tout problème avec un minimum de logique. Bref, les bases qui permettent d'aller plus loin si on le souhaite. Ce qui n’est déjà pas si mal. Il semblerait même que ces objectifs un peu basiques soient de plus en plus difficiles à atteindre malgré des effectifs plus réduits, des moyens nettement plus conséquents et un niveau de recrutement souvent supérieur. Vous me direz, c’est l’évolution de la société, les jeunes ne sont plus les mêmes ;  la crise, le réchauffement global, la piéride du chou et tout ça font que.  Et vous aurez raison.

Un bon prof, de nos jours, donne de bonnes notes à tout le monde, il est sympathique, gentil, attentif. Il sait amuser les jeunes et leur organise des activités aussi agréables qu’inutiles au progrès de leurs savoirs.  Il les aide à s’épanouir et à se sentir bien à l’école même s’il ne leur enseigne rien ou pas grand-chose. Ça suffira toujours pour rentrer à Sciences-Po Paris. Il y a certes encore  quelques mauvaises têtes, des récalcitrants, des qui continuent contre toute raison à vouloir inculquer des connaissances et établir une hiérarchie entre les cancres et les bons éléments. Eh bien justement : une notation par les élèves les ramènerait vite à plus de discernement.

Certains avanceront qu’on pourrait peut-être aussi demander leur avis aux parents.  Ils plaisantent ! Dans une société moderne, les parents font ce que leurs enfants leur  disent.

jeudi 15 décembre 2011

Sauvons nos inspecteurs !



Aujourd'hui, le pays est paralysé, ou du moins mériterait de l'être, par une grève, celle des professeurs qui refusent d'être notés par leurs chefs d'établissements. Question grave s'il en est. En effet, jusqu'ici tout allait bien. Les enseignants étaient évalués de manière parfaite par un Inspecteur Pédagogique Régional qui passait les voir en moyenne tous les sept ou huit ans. En une heure maximum, l'homme avait, grâce à une perspicacité hors-normes, fait le tour de la question. Il avait ensuite un plus ou moins long entretien avec son sujet d'observation avant de rencontrer le chef d'établissement avec qui il échangeait des impressions. Tout cela débouchait sur une note dont chacun se réjouissait. Le paradis, je vous dis...

Tous les profs vous le diront : la visite de l'inspecteur est une fête. On l'espère, on l'attend. L'impatience monte au fil des ans. Jusqu'à devenir insoutenable. Rendez-vous compte : huit ans, parfois plus, sans bénéficier de cette chaude présence, sans les précieux conseils d'un pédagogue d'exception !

Et voilà que le gouvernement actuel, dont chacun sait qu'il dissimule mal sous une apparence diabolique l'âme d'un monstre veut, dans sa manie de détruire, remettre en question ce merveilleux système !

Ce serait désormais au chef d'établissement de noter. Comment, si ce dernier enseignait auparavant le Bilboquet Moderne, pourrait-il évaluer un prof de Pâte-à-modeler-Macramé, s'insurgent les valeureux syndicalistes ? Il faut un spécialiste pour évaluer ses pairs , bordel de merde !

Et puis il y a le problème de ceux qui ne s'entendent pas avec leur chef. Aussi curieux que ça paraisse, il arrive que certains enseignants n'apprécient pas leur supérieur, lequel le leur rend bien sans qu'on sache au juste qui a commencé.  De même, il se peut que se créent entre ceux-ci des rapports amicaux, voire plus si affinités. Comme partout, il peut également exister des relations déséquilibrées : le prof porte aux nues un proviseur qui ne l'aime pas ou le directeur n'en peut plus d'enthousiasme vis-à-vis des talents pédagogiques d'un enseignant qui ne lui voue que mépris. Comment dans ce cas espérer une notation objective ?

Au contraire, l'inspecteur, lui, cultive l'objectivité comme moi le chou. Et sans piérides, s'il vous plaît. Il est inconcevable que dès la première rencontre s'établisse une sympathie ou une antipathie entre inspecteur et inspecté. De même, le chef d'établissement, lors de son entretien  avec le pédagogue gyrovague, ne saurait influencer ce dernier. L'inspection est pour l'enseignant une garantie de bonheur.

Enfin, et peut-être surtout, que deviendraient, dessaisis de leur mission d'évaluation et de conseil, ces gens d'exception ? Quelle serait leur raison d'être ? Ne verrait-on pas leur nombre décroître ? Comme s'il n'y avait pas assez de misère sur terre ! Voudrait-on réduire à la mendicité un corps d'élite ? Imaginez-vous abordé dans la rue par un punk à chien plus tout jeune qui vous apprendrait que, du temps de sa splendeur, il avait exercé les nobles fonctions d'Inspecteur Pédagogique Régional en Colliers de Nouilles dans l'Académie de Châteauroux-Romorantin...

Pour que ces visions à vous glacer le sang ne se concrétisent jamais, sauvons nos inspecteurs ! Il en va de l'avenir de nos enfants, de la France et partant du monde.

mercredi 14 décembre 2011

In memoriam Samba N'Diaye



J'avais entendu parler de lui par un copain. Ce dernier avait été impressionné de le voir écraser des verres d'un coup de poing sur le comptoir du Canari. Ce simple fait me semblait le rendre digne de rejoindre la bande de bras cassés et, éventuellement, de poings tailladés que je fréquentais alors. Seulement, il me fallut attendre. Ce n'est qu'environ un mois plus tard que mon copain me désigna un petit bonhomme comme étant le casseur de verres. Ce qui me frappa d'abord chez Samba, ce fut son sourire. Franc, bon, ouvert. 

J'appris par la suite pourquoi sa présence à Thiès était intermittente. Ancien sergent de la coloniale, il demeurait dans un village de la côte où il vivait comme il pouvait de son commerce de poisson. Propriétaire d'un bateau et d'un camion, il expédiait le produit de sa pêche sur Dakar, ce qui n'était pas toujours simple. Il fallait compter avec le racket des policiers qui arrêtaient son chauffeursous un prétexte quelconque et immobilisaient le camion, au risque que sa cargaison se perde à la chaleur, jusqu'à ce que le montant offert pour oublier l'"infraction" leur paraisse convenable. Il y avait aussi ses pêcheurs qui avaient la fâcheuse manie d'aller vendre leur pêche dans un port voisin avant de revenir quasi-bredouilles vers lui. Tout cela demandait beaucoup de surveillance...

Pourquoi ne pêchait-il pas lui même ? Pourquoi faire conduire son camion ? Parce qu'il n'avait pas le choix. Samba était français. Ce qui lui évitait de voir sa pension gelée. Mais qui l'empêchait, pour cause de sénégalisation de ces métiers, d'exercer les humbles fonctions de pêcheur ou de chauffeur.

Tous les mois, il recevait, en récompense de ses services militaires passés, un virement de France qu'il s'employait  à aller consciencieusement dépenser en quelques jours de bringue au chef-lieu de région. Il y faisait, selon sa touchante formule "le mauvais garçon" avant de retourner mener une vie plus rangée sur la côte.

Très vite, naquit entre nous une amitié qui allait plus loin qu'une simple compagnie de beuverie. Avec Susan, nous allions le voir au village. Quand il descendait sur Thiès, il ne manquait jamais de nous en prévenir et nous visitait avant que la mauvaise garçonnerie ne l'entraîne trop loin. Je me souviendrai toujours de la visite que nous fîmes à son vieux père à Saint-Louis. Le vieillard était un instituteur à la retraite dont le père avait été capitaine au long cours... Une vieille famille française ! Il ne pouvait s'empêcher de partir d'un grand rire à l'idée que les américains étaient allés sur la lune pour en rapporter quoi ? Des cailloux ! Comme si on manquait de cailloux sur terre ! 

Loin du soudard qu'il pouvait parfois paraître, j'appris à voir en lui en homme sensible, doux, poli, aimable, délicat. Sa carrière militaire, il l'avait faite dans le renseignement...

Revenu en France, nous continuâmes à correspondre jusqu'au jour où... Ma lettre me revint. Marquée du cachet "Parti sans laisser d'adresse". Curieusement, le jour suivant m'en arriva une qui me sembla de sa main. Une fois ouverte, je m'aperçus qu'il n'en était rien. Son ami, le receveur des postes du village, m'apprenait qu'il était mort. Suite à une collision avec un de ces énormes camions des Phosphates de Touba qui roulaient à tombeau ouvert.

Je ne crois pas qu'il existe un ciel. Mais s'il y en a un, je suis certain que, dans sa sagesse, Dieu y aura aménagé un petit coin où Samba pourra, chaque fin de mois, "faire le mauvais garçon". 

mardi 13 décembre 2011

Mort aux rats !



Je commencerai par demander aux plus sensibles de mes lecteurs d'excuser la violence du titre de ce billet. Qu'ils n'y voient que la juste indignation du jardinier blessé. Les termes sont forts, certes. Il n'en demeure pas moins qu'au-delà du simple mouvement d'humeur il exprime une froide détermination : celle d'exterminer ces rongeurs. 

Les âmes tendres comprendront avec peine qu'on puisse concevoir une telle haine vis-à-vis de cet "innocent" rongeur, de ce "gentil" mammifère qui depuis des temps immémoriaux accompagne l'homme. N'est-il pas couvert de poils comme tata Ginette ? N'arbore-t-il pas de belles moustaches comme le cousin Robert ? Ne qualifie-t-on pas de "vieux rat" tonton Marcel ? Parasite, dites-vous ? Et mon beau-frère, c'est pas un parasite, peut-être ? Souhaite-t-on leur mort pour autant ? 

Je comprends ceux qui voient dans le rat une sorte de parent. C'est tentant. Il manque à ces braves gens une expérience. Celle que je viens de faire.

Hier, suite à l'achat du magnifique canapé Chesterfield qui fait mon bonheur et ma fierté, j'ai entrepris de ranger dans la grange mes vieux fauteuils. Il m'a fallu faire un peu de place et cela a entraîné  de terribles découvertes : déplaçant un rouleau de laine de verre, je m'aperçus que non seulement il était squatté mais que ses locataires faisaient montre d'un sens de l'hygiène discutable : leurs déjections jonchaient l'endroit. Et s'il n'y avait eu que ça ! Je m'aperçus ensuite qu'un des sacs où je conserve ma récolte de pommes de terre laissait échapper des tubercules rongés par le trou qu'y avaient pratiqué les muridés. J'ouvris ledit sac et contemplai, effaré, ce qu'il restait de ma récolte de rattes (oui, de rattes ! Lacan en ferait ses choux gras !). Celles de mes pommes de terre qui n'avaient pas été dévorées se trouvaient souillées par les restes du festin. Car le rat mange salement. Comme tonton Léon, oui, je sais. 

La mort dans l'âme je me résignai à jeter l'ensemble, trognons et patates rescapées, à la poubelle, n'en gardant que quelques petites pour assurer la semence des récoltes futures.

Voilà. Vous savez tout. Si le vent qui souffle en tempête veut bien se calmer et rendre l'escapade possible je me rendrai ce matin même au bourg voisin y faire l'emplette de pièges à rats afin de liquider ces rongeurs. J'ai ma conscience pour moi. C'est eux qui ont commencé.

P. S. : A ceux qui voudraient voir je-ne-sais-quelle métaphore dans ce texte, je ne dirai qu'une chose : ils se trompent.

lundi 12 décembre 2011

Les rêves, n'empêche, hein !

Depuis des années, je caressais le rêve de m'offrir un salon Chesterfield. On a les rêves qu'on peut. Seulement, soit je n'avais pas la place où le mettre, soit je n'avais pas les sous, soit je pensais à autre chose. Il m'arrivait encore, envahi par le sentiment de la vanité des choses, de me dire "A quoi bon?". Tout cela ne menait pas à grand chose...

Et voilà qu'avant-hier, cette rêverie familière se réveilla et que je m'aperçus en naviguant sur Internet que, pas plus loin qu'à dix kilomètres de chez moi, existait un spécialiste du Chesterfield d'occasion importé d'Angleterre. A condition que son cuir ne soit pas abîmé, un Chesterfield d'occasion ne peut que gagner à être patiné par l'usage.  Je me rendis donc sur le site de ces braves gens. La syntaxe des descriptions me fit rapidement comprendre que l'entreprise était tenue par un de ces immigrés qui envahissent nos collines. Comme il était dit que l'on pouvait, sur rendez-vous, visiter leur entrepôt, je saisis mon plus beau téléphone et, dans mon anglais le plus raffiné,  arrangeai une rencontre pour le lendemain.

Rencontre il y eut donc. J'avoue avoir été impressionné par le stock dont ils disposaient.  Une sorte de paradis du Chesterfield. J'avais dans l'idée d'acheter une paire de fauteuils club dans les verts ou Ox Blood (élégamment traduit par "Bordeaux").  Mais de paires de ce type ou de cette couleur, point. Comme quoi, même au paradis on n'est pas assuré de trouver ce que l'on cherche... Après bien des hésitations, essais, questions, nous avons fini par opter pour un canapé trois place Bordeaux que le négociant nous proposa de nous livrer sur l'heure. Trente minutes plus tard, cette magnifique emplette trônait devant la cheminée où j'allumai un feu. Splendide ! 

A part que... Par contraste, le reste de l'ameublement paraît un rien minable. Il va donc falloir revoir l'ensemble... De plus, un canapé prenant moins de place que deux fauteuils, on pourrait envisager de lui adjoindre un autre siège. Ce qui ne sera pas de la tarte, vue la variété quasi-infinie des nuances d'Ox Blood...

Conclusion : un rêve réalisé ne nous sort pas de l'auberge aussi vite qu'on pourrait le penser.

dimanche 11 décembre 2011

Y'a des jours comme ça...




Je ne sais pas pourquoi, mais depuis quelques jours, je ne trouve pas le temps (et/ou l'énergie) pour rédiger un de ces merveilleux billets qui parlent au cœur comme à la raison et instruisent tout en distrayant.

Je prie la multitude de mes lecteurs d'excuser cette absence et leur promet mollement de veiller à ce qu'elle ne s'éternise...

jeudi 8 décembre 2011

Salut farceur !




Hier midi, le journal de Jean-Pierre Pernaut, nous montrait un employé municipal chargé de rendre de menus services aux personnes âgées ou handicapées. Ça m'a fait me souvenir du temps ancien où, pendant mes vacances, je remplaçais le facteur dans un village des Yvelines.

En ces époques reculées, c'est à vélo que le facteur courait les campagnes. Ça le rendait plus accessible. Ces petits services, les braves gens les attendaient du préposé qu'ils appelaient affectueusement "farceur" tant leur sens de l'humour était affuté. Une bouteille de gaz à changer ? Des médicaments à apporter de la pharmacie ? Un colis à poster ? Une ampoule grillée ? Le farceur était là. On lui donnait, pour sa peine, une petite pièce...

Il y avait aussi des services immatériels à rendre. Un petit vieux s'assurait une visite quotidienne grâce à son abonnement à "La Terre". Il était à sa fenêtre à attendre mon passage et il était hors de question que je ne m'arrête pas quelques minutes à bavarder autour d'un coup de rouge. Par les jours de grande chaleur, le rouge avait tendance à vous scier les pattes dans les montées, mais comment dire non ? Passant vers l'heure de l'apéro, il arrivait certains jours qu'en plus de la petite pièce on offre au farceur un petit verre de vin cuit. De plus, sauf à paraître bégueule, il fallait observer une pause chez la Nadine. Une maîtresse femme qui tenait le bistrot. Sa clientèle, surtout composée d'ouvriers agricoles, se montrait parfois turbulente. Elle savait comment calmer les plus effervescents : le fouet de cuir qu'elle gardait sous le comptoir, entrant en action, faute de les ramener à la raison, leur faisait quitter les lieux.  Certains clients payaient volontiers le coup au préposé. Qui leur remettait ça...

Bref, il y avait des jours où les côtes étaient dures à monter.

Aujourd'hui, finis les petits coups payés au facteur, il passe à fond la caisse dans sa jolie voiture jaune. Finies aussi les petites pièces. Les petits vieux ont droit aux services à la personne. Ce n'est plus amical, c'est programmé. Nous sommes dans un pays sérieux.

mercredi 7 décembre 2011

Piéride : le complot



Ceux qui suivent ce blog depuis sa naissance savent à quel point j'ai souffert à cause de cet horrible bestiole qui ravageait sans vergogne mon carré de choux. L'eût-il fait avec vergogne que ça n'aurait pas changé grand chose, je vous le concède. Toujours est-il que le temps du deuil est passé : le lépidoptère maudit a disparu, détruit, je suppose, par la rigueur du climat automnal. Mes choux se sont remis, pommes et bourgeons se forment et de cette invasion funeste ne restent que quelques feuilles dentelées.

L'heure de la froide réflexion est venue. 

Comme le signalait Suzanne dans un commentaire, curieusement, dans son coin de Bretagne où ces brassicacées pullulent, il semble que ce soit en vain que l'on chercherait la trace d'une queue de piéride. Je m'étais fait la même réflexion en parcourant les routes du Trégor où l'on semble vouer un culte au dieu-chou. Étonnant, non ? Alors que leur nourriture de base s'offre par milliers d'hectares à leur concupiscence, ces papillons boudent la région. Il semble qu'elles préfèrent aller dans d'autres contrées réduire à néant les modestes espoirs de potée de l'industrieux jardinier.

La piéride serait-elle masochiste ? Défendrait-elle le pot de fer contre le pot de terre ? Foin des considérations anthropomorphiques ! Regardons plutôt à qui profite le crime. La réponse est évidente : au puissant lobby du chou, "Prince de Bretagne" et consorts ! Quelques pieds de choux dans les millions de jardins que compte notre beau pays, c'est au bout du compte, des milliers de tonnes de choux qui passent sous le nez de ces rapaces. Allaient-ils l'accepter ? Ce serait mal connaître leur désir d'hégémonie !

C'est alors que dans les cerveaux des tenants de la manipulation génétique, vils laquais de l'agriculture intensive,  est née une idée diabolique : inoculer à la piéride un gène qui la rende allergique aux grandes étendues vert-choux. La pauvre bête, ainsi modifiée, dès qu'elle aperçoit une surface de cette couleur supérieure à une vingtaine de mètres carrés, est frappée de nausées et de vomissements. Du coup, elle transporte son habitat dans des régions où le chou n'est qu'un innocent passe-temps et là elle se goinfre. Imaginez l'accueil enthousiaste que rencontra auprès des oligarques des brassicacées cette trouvaille !

Et voilà pourquoi votre fille chou est muette bouffé.

mardi 6 décembre 2011

La France a peur !




Comme tous les français, et nos amis qui, bien que n'étant ni français ni citoyens de l'Union Européenne, nous font l'honneur de partager notre misère et s'emploient à nous en sortir, depuis hier, je tremble.

Et pourquoi tremblez-vous pusillanime blogueur ?  Pusillanime, vous en avez de ces mots ! Vous ne seriez donc pas au courant ? Pas plus tard qu'hier des militants de Greenpeace se sont introduits dans l'enceinte de deux de nos centrales nucléaires !  A Cruas, selon EDF quand on les a arrêtés, "Les deux hommes étaient cachés, depuis le matin, dans un 'big bag' sur une aire de stockage de gravats aux abords immédiats de la clôture du site". A Nogent-sur-Seine, les militants sont parvenus à déployer, sur le dôme d'un réacteur une banderole proclamant : "Le nucléaire sûr n'existe pas" !  A Cadarache et à Blaye, ils n'auraient pas réussi à pénétrer dans les enceintes, mais quand même ! 

Quand je pense que pendant ce temps-là j'étais, à moins de 100 km à vol d'oiseau de La Hague, sous ma serre , armé d'une houe et d'une fourche-bêche occupé à désherber puis retourner le sol et que la gendarmerie n'est même pas venue m'inquiéter !

Nous sommes mal protégés.

Tout ça après Fukushima ! Vous me direz qu'un séisme de force 9 et des militants, fussent-il mal intentionnés, présentent une dangerosité peu comparable. C'est que vous connaissez mal ces derniers ! Vous n'imaginez pas les dommages qu'armés de burins et de massettes ces gars-là peuvent infliger au dôme de protection d'un réacteur nucléaire !  Votre confiance irraisonnée en la solidité de la croûte terrestre vous interdit de concevoir que deux solides gaillards tapant du pied en cadence sous leur sac en plastique sont capables de l'ébranler et de faire s'écrouler comme château de carte les soi-disant protections d'une centrale avec les conséquence apocalyptiques que l'on imagine.


Greenpeace, nous a, une fois de plus, démontré que nous dansions sur un volcan. Les autorités compétentes, face à cette preuve de leur coupable négligence, sauront-elles prendre les mesures de sécurité qui s'imposent ? N'en doutons pas. Aussi ne serais-je pas étonné que de nouvelles consignes autorisent les agents de sécurité à tirer à balle réelles sur tout intrus. 

Gageons qu'ainsi les prochaines démonstrations de nos pacifiques amis verts dureront bien moins longtemps et que, rassurés par la mort de quelques uns de ces militants, les français pourront retrouver un sommeil apaisé.

lundi 5 décembre 2011

Le commandant S.




Avertissement : ce texte peut choquer . Je ne fais là qu’évoquer une conversation de bistrot datant d’il y a quarante ans. Je ne juge personne. Je suggère simplement que la guerre quelle qu’elle soit n’est pas toujours affaire de boy-scout et de jolis sentiments.

Quand il est entré au Canari, ma cantine d’alors, nous étions en train de prendre l’apéro avec Susan, mon amie. De taille moyenne, la quarantaine robuste, le gaillard portait un Stetson d’un blanc immaculé comme son costume trois pièces, cravate noire et tenait à la main une canne à fin pommeau d’or. Une élégance rare, celle d’un gentleman sorti tout droit de Dixieland. A un détail près cependant : il était noir. Ce qui n’avait rien d’étonnant, vu que nous étions à Thiès, au Sénégal.

Il salua à la cantonade, et je ne sais comment, s’invita ensuite à notre table, s’enquit de savoir si nous déjeunerions ici et nous proposa de partager notre repas avec sa compagne, jolie métis afro-asiatique qui venait de le rejoindre et sur la profession de laquelle ne s’interrogeraient que ceux qui pensent que les filles qu’ont voit court-vêtues au bord des routes sont tombées en panne avec leur fourgon et font du stop. L’homme  m'intriguant, j’acceptai volontiers.

Il se présenta : Commandant S. De naturel rigolard, avant de nous raconter sa vie, il nous demanda qui nous étions, ce que nous faisions, et chacune de nos réponses déclenchait son hilarité. Il ponctuait ses rires d’un « Décidément, je suis formidable !» sans que nous voyions clairement ce qui pouvait justifier ces envolées d’autosatisfaction. Cette phrase allait au fur à mesure de l’avancement du repas et de nos libations, devenir un véritable leitmotiv. Il l’accompagnait parfois d’une pression de la main sur le genou de ma compagne, ce qui me m’agaçait un peu. J’étais très jeune.

Le commandant nous raconta, avec moult éclats de rires, qu’il avait été dans l’armée française avant que l’indépendance lui fasse rejoindre celle du Sénégal. Tout cela était bougrement réjouissant. Il avait bien entendu fait la guerre d’Algérie. C’est à ce point que son récit se fit rude. Il nous raconta qu’il lui arrivait, avec ses hommes de traverser des villages. Les femmes sortaient pour voir passer l’armée et poussaient des youyous. Seulement, sous leurs amples robes qu’est-ce qui garantissait que ne se cachait pas un terroriste prêt à faire feu ou à lancer une grenade sur le convoi ? Ça s'était vu maintes fois...  

Prudence étant mère de sureté, il nous expliqua, hilare, que sa troupe tirait dans le tas.

Décidément, le commandant S. était formidable !

dimanche 4 décembre 2011

Les limites des nouvelles technologies




En guise de récréation en ce dimanche pluvieux, vu que je ne suis pas très courageux, je vous propose une courte nouvelle déjà parue sur Ecrits vains qui constituait la première des "Chroniques de Saint-Marcelin" que je présentais ainsi :

Allez savoir pourquoi,m'est venue l'idée d'un merveilleux village, blotti autour de son église, un peu semblable à celui que j'habite, à part que...

Les habitants de Saint-Marcelin ont une légère tendance à l'amoralité. Buveurs, débauchés, politiquement incorrects (ce qui n'est pas bien!), égoïstes, âpres au gain... La liste de leurs tares serait longue.

Le chroniqueur du "Petit Courrier du Baugeois" rend fidèlement compte des événements qui parsèment le quotidien chaotique de cette bourgade.



L’utilisation des nouvelles technologies a montré ses limites lors de la réunion de la commission de la voirie qui se tenait hier soir à vingt heures trente en mairie de Saint-Marcelin.

M. le maire, après lecture de l’ordre du jour, annonça qu’au lieu d’un compte-rendu écrit, il avait choisi de faire état de sa rencontre avec le nouveau sous-préfet de Corbinville-la-Houleuse en diffusant l’enregistrement qu’il avait fait de leur conversation concernant la réfection du revêtement du chemin vicinal 127 grâce à son nouveau dictaphone. Cela, affirma M. le maire, éviterait tout oubli ou mauvaise interprétation. D’un pouce assuré, il pressa la touche "Play" de l’appareil placé sur la table alors que se faisait entendre la sonnerie de son portable. Se retirant un peu à l’écart pour répondre, il laissa les membres de la commission écouter l’enregistrement.

La consternation qui se peignit sur les visages des conseillers fit bientôt place à une franche hilarité et aux « vas-y mon Jeannot » enthousiastes. En effet, au lieu de la mâle voix que l’on attend de la part d’un éminent fonctionnaire de l’état, ce furent des gémissement suraigus qui sortirent du petit appareil. Puis une voix qui ressemblait étrangement à celle de la Ginette Dubourg, prononça des paroles rendues confuses par les halètements, mais dont la teneur ne laissait aucun doute sur la nature de l’entretien. Les oreilles les plus fines crurent discerner des « Ah, f…-la moi toute », « C’est pas possible, Jeannot, t’es plusieurs ! » interrompus par la voix un peu rauque de Jean Rougier-Marcellin prononçant entre deux « Ah ! Nom de Dieu ! » des « J’m’en vas t’arranger, tu m’en diras des nouvelles » qui ne semblaient en rien relever de la promesse électorale, vues les réactions de son interlocutrice.

Un peu surpris par l’ambiance inhabituelle régnant dans cette commission généralement paisible, Jean Rougier-Marcellin, revint vers la table des réunions au moment où se terminait l’enregistrement. Mis au courant par son premier adjoint de la cause de tant de tumulte, M. le maire, un moment décontenancé, décida de repasser l’enregistrement et dût concéder, qu’en lieu et place de son entretien avec M. le sous-préfet, c’est de la réunion exceptionnelle du comité de sélection de la rosière que celui-ci rendait compte.

M. le maire précisa que, retour de Corbinville, Ginette, jeune stagiaire à la mairie, lui avait signifié son désir de faire acte de candidature pour l’élection de la rosière de Saint-Marcelin. Toutes affaires cessantes, Jean décida d’examiner les mérites de l’impétrante. Il faut croire qu’au cours de l’entretien , suite à un faux mouvement, l’appareil placé dans la pochette de la veste de l’édile, avait dû se mettre en position d’enregistrement, effaçant la conversation précédente.

Cela est d’autant plus regrettable, que, se fiant à son appareil, M. le maire avait écouté d’une oreille distraite les déclarations du jeune sous-préfet. Il lui fut donc impossible de faire un compte-rendu fidèle d’une réunion pourtant essentielle pour l’avenir du CV 127. On décida en conséquence qu’un nouveau contact serait noué avec la sous-préfecture et que faute de pouvoir traiter de cette importante question, la commission serait convoquée à une date ultérieure.

Après que les conseillers eurent entonné comme le veut la coutume le « Les Marcelin sont pas si fous, Y s’en vont pas sans boire un coup ! », Ginette Dubourg servit le verre de l’amitié et on se sépara après des conversations animées portant sur les mérites comparés du numérique et du support-papier

samedi 3 décembre 2011

Petit jeu du samedi




Oh la la ! Tonton Jacquot a déchiré son cahier de proverbes par inadvertance ! Il en a tant bien que mal recollé les morceaux avec du scotch, mais il n’est pas sûr d’avoir vraiment réussi. En plus, des bouts se sont envolés au vent ! Sauras-tu l’aider à retrouver la sagesse des nations ?


L’argent ne fait pas le printemps, mais il y contribue.
Qui va à la chasse mal étreint.
Qui vole un œuf dimanche pleurera.
Pierre qui roule abat grand vent.
Qui trop embrasse perd sa place.
Bonne renommée  vaut mieux que deux tu l’auras.
Un bon coq n’amasse pas mousse.
On a souvent besoin d’une ceinture dorée.
Qui veut voyager loin vole un bœuf.
Rien ne sert de courir à qui sait attendre.
Qui veut noyer son chien ménage sa monture.
Bien mal acquis n’a pas d’oreilles.
Une hirondelle vit au dépends de celui qui l’écoute.
Ventre affamé ne profite jamais.
Petite pluie n’est jamais grasse.
Qui se ressemble n’a qu’un œil.
Gentil n’a pas d’odeur
L’homme heureux s’enrichit.
Tout flatteur ne fait pas le bonheur. 
Qui paye ses dettes, n’a pas de chemise.
Qui aime bien, boira. 
Quand on n'a pas ce que l'on aime, les souris dansent.
Un homme averti commence par soi-même. 
Qui a bu châtie bien. 
Tout ce qui brille craint l’eau froide.
Charité bien ordonnée en fait bailler dix. 
Chat échaudé fait vieille trotter. 
Quant le chat n'est pas là, il faut aimer ce que l’on a.




Question subsidiaire  : Un de ces "proverbes" s'applique à un ancien directeur général du FMI, un autre au téléthon. Sauras-tu les trouver?