..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

mercredi 20 mai 2020

Quid de l’amitié dans le monde d’après confinement ?


J’entendis hier au soir l’homélie du révérend Professeur Salomon (dont, rappelons-le, le jugement ne saurait être mis en question). Il fit de son mieux pour maintenir l’angoisse des Français à son apogée, expliquant qu’il ne fallait surtout pas baisser la garde et précisant les précautions dont il faut entourer toute éventuelle visite d’amis ou de proches. Celles-ci étaient très strictes. Il fallait garder ses distances, ne pas s’embrasser, et généralement désinfecter tout ce qu’ils avaient touché.


Je me sens très peu concerné par ce genre de précautions, vu qu’en dehors de ma fille et de quelques rares amis dont les visites sont très espacées peu de gens franchissent le seuil de ma porte. Fut un temps où j’avais une vie sociale plus intense notamment durant mon premier mariage. Comme tout jeune couple qui se respecte, nous avions ce qu’il est convenu d’appeler des « amis » , c’est à dire des gens rencontrés ici où là et qui, pour une raison ou pour une autre, nous avaient trouvés sympathiques à moins que ç’ait été nous qui leur ayons trouvé un certain intérêt. Du coup on les invitait et on rendait les invitations. Dire que ces rencontres étaient de nature à donner un sens à nos vies, serait exagéré. Surtout qu’un couple est constitué de deux personnes d’intérêt parfois inégal. Que la charmante Jocelyne Chombier s’entende comme larronnes en foire avec mon épouse n’empêchait pas son cher Léon de m’ennuyer avec ses blagues encore plus vaseuses que salaces pas plus que l’amitié que m’inspirait Robert ne pouvait compenser le fait que sa Martine de femme était plus conne qu’une valise sans poignée*. De plus, lors de notre divorce, j’ai pu constater à quel point mes réticences étaient partagées.

Mais revenons à nos salomonneries. Si en plus de supporter l’« humour » du Léon et la connerie de la Martine, on se voit, suite à leur visite, contraint de passer meubles, portes, vaisselle, couverts et verres au gel hydroalcoolique, ainsi que de faire bouillir le chien ou le chat qu’ils ont eu le malheur de caresser, on peut se demander si le jeu vaut la chandelle et s’il ne serait pas plus raisonnable de couper les ponts avec tout ce beau monde.

Sans compter qu’une cohabitation forcée avec l’être aimé pour cause de confinement et de télé-travail n’aura pas toujours renforcé les liens conjugaux et par conséquent nui à l’enthousiasme relatif que provoquaient les visites des copains ou copines du conjoint. C’est pourquoi je me demande si les relations amicales ne s’avéreront pas des victimes collatérales de la Covid-19.

*Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé serait purement fortuite.

mardi 19 mai 2020

Une très longue patience...


Une de mes caractéristiques psychologiques principales est ma capacité à minimiser la difficulté et le  temps qu’il faudra pour mener à bien un projet. C’est un atout qui ne va pas sans de menus désagréments. Atout parce que ça me permet de me lancer le cœur léger dans des entreprises auxquelles une meilleure appréciation de leur difficulté m’aurait peut-être fait renoncer ou aborder avec circonspection. Désagrément car il arrive que les difficultés rencontrées et le temps passé à leur réalisation provoquent en moi une lassitude certaine que seul parvient à surmonter le caractère obstiné que m’ont légué mes ancêtres bretons.

C’est ce qui s’est produit depuis la fin janvier quand l’idée de mettre, autant que faire se pouvait, mon tableau électrique aux normes. Il en avait bien besoin le pauvre ! L’installation était vétuste et les circuits, au mépris des règles de l’art les plus élémentaires, mêlaient circuits de prises et d’éclairage en utilisant des câbles sous-dimensionnés. Il n’y avait aucun dispositif de sécurité générale, d’obsolètes plombs tenaient lieu de disjoncteurs, bref il fallait tout revoir. Je revis : 

Aux normes, citoyens ! 

Je commençai par installer de nouveaux circuits de prises au rez-de-chaussée. L’affaire fut rondement menée. Restait l’étage et son installation où la fantaisie usurpait la place qu’aurait dû occuper la rationalité. Pour cela, il fallait amener un circuit du tableau à une boite de dérivation qui desservirait les pièces. Rien de plus simple : une bonne quarantaine de mètres de goulottes et cent-vingt mètres de câbles à poser et l’affaire serait faite. Seulement, il y avait un hic. Les goulottes devaient passer par la cage d’escalier laquelle se trouvait alors tapissée jusqu’à un mètre de haut d’un lino bleu du meilleur effet et que surmontait un joli papier orange qui recouvrait également le plafond. Avant d’attaquer la pose des goulottes, il fallait donc arracher ces revêtements muraux, ce qui ne fut pas une mince affaire et qui me contraignit à acheter une sorte de béquille qui, en compensant leur différence de hauteur permettrait à mon échelle de reposer sur sur les marches.


Les revêtements supprimés, je pus poser mes goulottes. L’installation des prises dans trois pièces ne se passa pas trop mal. Restait à poser 11 rouleaux de papier peint blanc, car cage et palier laissaient à désirer :



Ce ne fut pas une mince affaire : le plafond, à 2 mètres 80 des marches, rendit la chose malaisée et parfois risquée. Ce fut fait. Restait à décorer le palier.

Je décidai, suivant mon code couleur habituel de peindre les baguettes et boiseries en gris-pâle, ressortant légèrement sur le papier blanc :
Je sais, Fredi, c'était mieux avant...

Quid du sol ? Celui-ci était recouvert d’un lino imitant maladroitement un parquet. Je l’arrachai et me souvins qu’ayant remplacé les moquettes des chambres par un parquet flottant, et ayant par négligence omis d’apporter la moquette rouge d’une d’entre elle à la déchetterie, je pourrais peut-être, vu son bon état, tenter de la poser sur le palier. Ce que je fis. Le résultat me satisfit, surtout après que j’eus remplacé les vieilles barres des seuil en inox par de nouvelles en laiton :


Restaient à changer les poignées de portes. Elles m’arrivèrent hier. Je m’empressai de les installer ce qui prit pas mal de temps car il fallait recouper les carrés de serrure à la bonne dimension et placer les fourreaux au bon endroit dans le trou des poignées afin qu’il n’y ait aucun jeu. Et voilà le travail :
Avant

Après

Avant

Après

Affaire classée, après près de quatre mois d’efforts plus ou moins soutenus ? Que nenni : reste à rénover le plafond, installer de nouveaux luminaires et un minimum de gravures pour habiller les murs. Cela fait, je pourrai attaquer l’électricité de l’extension et de la cave et ensuite les pièces d’eau dont la rénovation s’impose : une salle de bain à refaire à neuf, une salle d’eau et des WC à redécorer. Ça sera vite fait ! 




lundi 18 mai 2020

Terribles séquelles




Tous ceux qui ont à un moment ou à un autre eu recours aux services de M. Colissimo ont pu, au fil des années, apprécier son côté facétieux. Seulement, ces derniers temps il a souffert de la Covid-19. Et il semble qu’après avoir repris le boulot il souffre de graves séquelles.



J’en veux pour preuve la « livraison » des poignées de portes achetées sur e-bay le 6 mai. Le lendemain, M. e-bay, m’annonce que ma commande a été expédiée, qu’elle devrait m’arriver entre le 11 et le 14 de ce mois et me communique un numéro de suivi. Je m’empresse d’aller voir où se trouvent mes jolies poignées et il m’est répondu que mon numéro ne correspond à aucun colis. Bah, me dis-je, attendons demain… Le lendemain, idem. Le jour d’après aussi. Je contacte mon vendeur et lui signale l’anomalie, lui demandant de vérifier si, suite à une erreur de saisie, le numéro qui me fut communiqué ne serait pas erroné. Consciencieux, il me répondit que vérification faite, le numéro était le bon mais que la même réponse lui était faite par le site. Il me dit qu’il se rendrait à la poste le lundi.



Lundi matin m’arriva un message de M.Colissimo m’apprenant qu’il avait pris mon colis en charge et qu’il me parviendrait au plus tôt. J’en prévins mon vendeur. Et puis plus rien, jusqu’à ce qu’un nouveau message, identique au premier me parvienne le vendredi 15, soit huit jours après son dépôt. Samedi, RAS. Et ce matin, allant aux nouvelles, j’apprends que le suivi de mon colis est momentanément indisponible et que je devrais réessayer ultérieurement.



Décidément, les séquelles neurologiques de la Covid-19 sont terribles ! Ainsi, ce pauvre monsieur Collisimo prend 4 jours avant de reconnaître qu’un colis lui a été remis. Quatre jours plus tard, le gâtisme le fait m’annoncer à nouveau la même information. Hélas, trois jours passent encore avant qu’il ne m’annonce qu’il ne sait plus ce qu’il en a fait… On a beau avoir déjà pu constater les nombreuse lacunes de Colissimo, force est de constater que, suite à la maladie, il a complètement perdu les pédales. C’est triste et, surtout, inquiétant : recevrai-je jamais ces poignées qui on déjà mis 11 jours pour ne pas me parvenir ?

jeudi 14 mai 2020

Irréductibles !

M. Onoda lors de sa reddition. Son air martial contraste avec celui, rigolard, de l'officier qui reçoit son sabre ! 

En 2014, à l’âge canonique de 91 ans, mourait à Tokyo M. Hiroo Onoda, sujet japonais qui avait vécu une expérience pour le moins extraordinaire. Officier de l’armée impériale, il fut envoyé en mission avec quelques subordonnés sur l’île philippine de Lubang. C’était en 1944. Les ordres étaient clairs : il lui fallait résister jusqu’à ce qu’arrivent des renforts. Toute reddition, quoi qu’il arrive, était hors de question. M. Onoda était un militaire discipliné et un patriote incapable de concevoir que l’Empire du Soleil Levant pût être vaincu. Il respecta les ordres reçus…

...jusqu’en 1974 ! Car il était de ces hommes à qui on ne la fait pas. Trente ans durant, il continua le combat. Avec un groupe qui se réduisit avec le temps, il continua d’affronter les troupes philippines ennemies, leur infligeant de lourdes pertes et ce jusqu’en 1972 où, lors d’un engagement il perdit son dernier compagnon d’armes. Bien des efforts furent déployés pour le traquer ou le convaincre de se rendre : rien n’y fit. Les tracts largués, il n’y croyait pas. Les recherches engagées furent vaines. Durant la guerre du Vietnam, la vue des bombardiers américains survolant son île, renforça sa conviction que le conflit faisait toujours rage. Il ne consentit à se rendre après trente ans de résistance acharnée que lorsque son ex-commandant, s’étant engagé dans la jungle et l’ayant retrouvé lui donnât l’ordre de le faire. Discipliné, vous dis-je !

Pourquoi évoquer aujourd’hui quand un soleil radieux darde ses rayons sur mon coin de Normandie vertement en voie de déconfinement ? C’est parce que je crains que la guerre menée par notre valeureux peuple contre le Covid-19 n’engendre des émules de M. Onoda. Lorsque le gouvernement, dans sa grande inconscience selon eux, décida d’esquisser l’amorce d’un déconfinement très progressif, nombre de nos concitoyens jugèrent la mesure prématurée. Pour eux, la guerre continuait. Il fallait rester chez soi, le tueur invisible n’ayant aucunement perdu de sa virulence. Sans oser tenter de l’imposer, certaines hautes autorités invitèrent cependant les personnes à risques à rester chez elles.

Dans ces conditions, ne pourrait-on pas envisager que, traumatisés par la terrible menaces, certains, du genre à qui on ne la fait pas, décident, quoi qu’il en coûte de poursuivre le combat en utilisant les armes qui avaient permis aux valeureux guerriers de maîtriser la progression du virus ? Ils continueraient donc de se signer une autorisation de sortie, ne quitteraient pas, dûment munis d’un masque fait-maison, leur domicile plus d’une heure et cela sans outrepasser un rayon d’un kilomètre, se maintiendraient à un mètre au moins de leurs semblables, porteraient des gants, tousseraient et éternueraient dans leur coude, se laveraient les mains sans cesse, désinfecteraient tout objet susceptible d’avoir d’une manière ou d’une autre été contaminé, ne recevraient personne et refuseraient toute invitation et limiteraient leurs motifs de sorties à la liste édictée par le gouvernement.

Il est certain qu’au fil des décennies, le nombre de ces irréductibles irait s’amenuisant du fait des décès et des campagnes de désensibilisation. Peut-être que le dernier d’entre eux, convaincu par un de ces nombreux professeurs jadis alarmistes que tout danger était écarté, finira par rendre les masques en 2050 avant de mourir de vieillesse en 2090. Espérons que comme pour M. Onoda, un article de Libé viendra saluer son souvenir.

mercredi 13 mai 2020

Déconfiné !




Pour ceux qui s'interrogeraient sur la nature exacte de mes achats chez M. Bricomarché, une illustration

Bien entendu, ce déconfinement n’est pour moi comme pour tous les Français que très partiel : les cafés où je n’allais jamais demeurent fermés, les restaurants que l’attente entre les plats et l’interdiction d’y fumer me rendent difficilement supportables n’ont pas rouvert, les théâtres, où l’on s’ennuie si bien, les cinéma, où le navet prospère, les spectacles divers non plus, les matches de foot, de bilboquet ou de rugby sont au point mort. Et, si cela n’avait aucune conséquence dramatique pour personne je m’en foutrais à un point que les adeptes de toutes ces sources de joies ne peuvent concevoir.

Vivant en anachorète sans foi ni règle, le confinement ne m’a pas particulièrement pesé. Sans pouvoir l’affirmer, il me semble même que durant cette période d’isolement il m’est arrivé de sortir plus qu’à l’accoutumée. Deux choses cependant m’ennuyaient : avoir à me signer une autorisation de sortie et devoir faire mes courses au plus près.

Le déconfinement, pour moi, ce fut deux choses primordiales. Dès lundi je suis allé me débarrasser de deux mois d’emballages divers dans les bacs de tri. Hier, je suis sorti pour la première fois de ma commune pour me rendre à Vire. J’ai ainsi pu constater que je savais encore conduire !

Vire, l’unique objet de mes désirs fous : revoir « mon » Leclerc ! Revoir « mon » Bricomarché ! Que le temps fut long sans eux ! Car, contrairement à bien des Français je n’ai eu, n’ai ni n’aurai (sauf cas de force majeure) aucune intention de changer quoi que ce soit à ma vie d’avant. Libre à qui voudra de penser qu’un nouveau monde d’après-Covid va émerger. Il émergera sans moi. Ce n’est pas parce qu’on aura, quelques semaines durant, imposé des modifications à mon style de vie qu’ensuite je vais me sentir obligé de continuer de m’y tenir.

Donc, hier, masque en poche, je pris le volant. Pas grand monde sur la route. Vire étant toujours à la même place, j’y parvins sans encombre et me rendis d’abord à Bricomarché car le changement de mes poignées de porte à l’étage nécessitait l’achat de carrés de 6mm et de fourreaux de 7mm pour adapter les poignées aux serrures. Indispensables accessoires que j’aurais été en peine de me procurer dans mon bled. Trouver l’entrée fut un peu difficile mais sinon, mis à part le fait que les caissières étaient bunkérisées rien n’avait changé et je fis vite mes emplettes, retirai le masque que j’avais mis et mis le cap sur Leclerc. 

Le parking n’était pas bondé, loin de là. Pas de file d’attente pour entrer. Parmi la clientèle clairsemée, beaucoup ne portaient pas de masque. J’avais remis le mien, histoire d’embrumer mes lunettes et de bien profiter des diverses gènes que cet accessoire entraîne. C’est néanmoins avec plaisir que je parcourus les rayons, chargeai mon caddie de victuailles et boissons variées, débarrassant mon compte de nombre d’Euros qui l’encombraient et rentrai.

Congélateur et frigo s’en trouvèrent pleins à ras-bord, comme il convient. De quoi tenir un bon mois. Pourtant, il est probable que je retournerai à Vire avant, histoire de m’y procurer des matériaux, de combler certains manques ou de pallier quelques oublis.

Mon après-Covid ressemblera à s’y méprendre à son avant, toujours aussi fascinant.

dimanche 10 mai 2020

Tour de jardin

L'un des nombreux avantages que présente la vie à la campagne est que l'on peut à vil prix s'offrir une maison dotée d'un jardin. Le printemps venu, il est bien agréable, le matin, d'aller y faire un tour, de voir l'évolution des semis et des plantations. Ça prend quelques minutes, le temps de cueillir une fraise, une poignée de haricots pour midi, un artichaut, quelques pommes-de-terre nouvelles au gré de leur maturation et aussi d'admirer l'éclosion des fleurs tout en déplorant la vitesse à laquelle elles se fanent. Toute une série de petits bonheurs dérisoires, certes, mais qui récompensent généreusement des efforts fournis pour préparer et entretenir son lopin de terre. 

Je vous propose de partager ma promenade matinale  : 


Coquelicots jaunes

Artichauts violets

Floraison prometteuse des fraisiers. Les cloportes en ont l'eau à la bouche !

Plant de courgette

Bientôt des radis

Ancolies sur le déclin

Thym fleuri

Roses jaunes qui, comme disait Malherbe,  ne vivent que l'espace d'un matin

Persil plat (le meilleur) :il  pousse en abondance partout

Pommes de terres, rattes et bintje

Tomates sous leur abri

Rhododendron et fleur précoce d'hortensia

Les haricots verts n'ont pas encore levé, les poireaux demeurent si petits qu'une photo ne saurait les montrer,  jonquilles et clochettes ne sont plus qu'un souvenir mais d'autres roses s'apprêtent à éclore...




vendredi 8 mai 2020

Laissons faire la nature !


Tous les gens qui n’y connaissent rien vous le diront : la nature est bonne, il faut qu’elle reprenne ses droits et c’est ce qu’elle est censée faire en ce moment, la garce. Maintenant, en quoi consistent au juste ces fameux droits ? Existe-t-il un ouvrage où ils serait possible d’en consulter la liste ? Contrairement à ce que semblent penser certains ravis de la crèche, ce n’est pas parce qu’on a aperçu un pangolin avenue Montaigne ou un capybara sur la Canebière que ces droits sacrés se trouvent restaurés. Je crains qu’ils présentent le défaut majeur de ne pas exister, du moins au sens où de braves bobos les imaginent. Si loi de la nature il existe, c’est celle de la jungle où le plus fort, que ce soit par le nombre ou par la capacité des individus à tuer leurs proies, détruit le plus faible.

On me dira que les choses s’équilibrent : proies et prédateurs s’auto-régulent : un équilibre s’instaure naturellement entre eux. C’est faux. Pour des raisons climatiques ou autres, il arrive que certaines espèces se mettent à proliférer causant de graves dommage à l’environnement en général et à d’autres espèces en particulier. C’est ainsi que des espèces apparaissent ou se développent tandis que d’autres périclitent ou disparaissent. Je suis bien conscient que l’espèce humaine, par son développement entraîne l’extinction de nombreuses autres. Je suis désolé pour elles (enfin, pas tant que ça) mais vu que j’appartiens à cette espèce, je me sens plus concerné par son maintien que par celui des autres. Si les « tigres à dents de sabre » étaient parvenus à boulotter tous les premiers humains, je ne serais pas à mon clavier. Hélas (ou pas) le dernier représentant des nombreuses espèces que recouvre ce terme vernaculaire, le smilodon populator, s’est éteint en Amérique du sud voici 10 000 ans déjà. Ainsi vont la vie et la mort.

Ce long préambule m’a un peu éloigné de mon sujet. Ce matin, j’avais décidé d’aller cueillir la première fraise à avoir mûri dans mon jardin. Ce que je fis. La voici :


Une jolie gariguette, bien rouge, mûre à point. Sauf qu’en la soulevant, je pus constater que nombre de ces petits cloportes qui infestent littéralement mon terrain avaient devancé ma gourmandise. En voici la face cachée :


Vous pouvez voir que ces charmants animaux avaient commencé à la dévorer. La tache sombre que l’on aperçoit au fond du trou est l’un d’eux qui, inconscient du danger, au contraire des autres participants au banquet avait négligé de s’enfuir à la faible vitesse de ses petites pattes.

Que faire ? Traiter mes planches de fraisiers à l’insecticide ? Je ne me donne pas la peine de cultiver un jardinet pour manger des produits traités. La solution, c’est de cueillir les fruits dès qu’ils montrent des signes de maturation et de les laisser mûrir à l’intérieur. Le résultat est moins bon, mais c’est ça ou pas de fraises. J’avais le même problème dans mon ancien jardin des collines, sauf que les prédateurs de fraises y étaient différents : il s’agissait de fourmis lesquelles y pullulaient. Les oiseaux, ne sont pas un problème : je tends un filet au-dessus de la planche. Seulement, il n’arrête pas les insectes...

Je jardine pour mon plaisir. Sans être écologiste pour un sou, j’évite au maximum les traitements. L’autre jour, j’ai constaté que des escargots avaient commencé à se repaître de mes artichauts. Je me suis résigné à répandre de l’anti-limaces autour du pied. Ça les a calmés. Oublieux de cette précaution, quelques jours plus tard, je posai sur un banc de pierre les 6 plans de chou-fleur que je venais d’acheter. Le lendemain, je pus constater que quatre d’entre eux avaient été dévorés par ces gastéropodes et que les deux restants étaient bien abîmés : la nature avait exercé ses « droits ».

Dieu merci, je ne compte pas sur mon jardin pour me nourrir. C’est un passe-temps parmi d’autres. Seulement, ceux qui tirent leur moyens d’existence des produits de la terre et ceux avec lesquels ils les nourrissent ne peuvent pas avoir mon souverain détachement. Sans traitements, c’est la ruine pour les premiers et le retour aux bonnes vieilles famines qui assuraient naguère encore la prospérité des fossoyeurs. Et les produits « bios », qu’en faites-vous ? Je n’en nierai pas l’existence, mais il n’empêche que l’agriculture « Bio » n’exclut pas le recours à des produits chimiques, loin de là. Ainsi autorise-t-elle, quoi que puissent en penser les escargots, l’anti-limace que j’ai utilisé…

Laissons faire la nature… ...et nous crèverons !