Quand reverra-t-on cela ? |
Depuis quelque temps, j’ai pris de plus en plus goût au poisson. Ce ne fut longtemps pas le cas. Il faut dire que, de mon enfance, je n’en gardais pas d’excellents souvenirs.Et cela pour une raison très simple : ma mère faisait ses courses au marché de Houilles ( ville dont le maire comme celui de Eu est un farouche ennemi de l’élision) qui avait lieu, si ma mémoire est bonne, le lundi. Le jour du poisson était, comme dans toute famille catholique qui se respecte, le vendredi. Il en résultait que le poisson n’était plus toujours très frétillant et que son goût s’en ressentait.
Depuis
que je vis en Normandie, il m’arrive plus souvent d’en trouver du
bien frais, parfois même chez Leclerc. Sinon, on en trouve sur le
marché du village ainsi qu’à sa poissonnerie. Huit jours après
le début du confinement, je me rendis donc au marché d’un pas
allègre, bien décidé à acheter du poisson. Arrivé sur la place,
force me fut de constater que le marché avait été annulé. Je me
rabattis donc sur la poissonnerie. Je fis de même le jeudi de la
semaine suivante et congelai mes achats. Comme il m’en restait le
mardi suivant, je n’eus pas besoin de me réapprovisionner mais je
vis que quelques commerçants étaient revenus au marché dont les
deux poissonniers habituels.
C’est
donc persuadé de n’avoir que l’embarras du choix que je me
rendis hier au marché. Curieusement, je constatai au passage que la
poissonnerie était fermée. Je poursuivis mon chemin jusqu’à la
place pour y faire le triste constat que les poissonniers en étaient
absents. C’est triste comme plusieurs semaines sans poisson que je revins
bredouille. Au passage, je m’arrêtai pour lire une affichette
apposée sur la vitrine de la poissonnerie. Celle-ci expliquait que,
faute d’approvisionnement, ils s’étaient vu contraints, bien
qu’autorisés à ouvrir, à fermer boutique. Je me souvins que lors
d’une précédente visite, la propriétaire m’avait expliqué que
le poisson se faisait rare mais, qu’ils parvenaient tout de même
à en avoir un peu par leurs mareyeurs habituels. Il faut croire que
ces derniers avaient depuis jeté l’éponge.
Il
faut préciser que la filière française du poisson dépend à 60 %
de la restauration, laquelle n’est pas près de reprendre ses
activités et que la consommation des particuliers a également
beaucoup baissé. Les mareyeurs n’achètent donc plus et les
bateaux restent à quai et ça va durer. Combien de pêcheurs, de mareyeurs, de
poissonniers vont se retrouver sur le carreau ? Encore un
secteur d’activité qui, grâce au confinement, va se retrouver en
grande difficulté. Espérons qu’au jour du bilan, ce dernier se
sera montré capable de sauver beaucoup de vies. Si les pays qui n’y
ont pas eu recours montraient une mortalité égale voire inférieure,
on aurait créé une belle catastrophe pour rien !