Il existe plusieurs espèces de
voisins : certaines sont sédentaires, d'autres migrent. En
Normandie, les miens appartiennent à la première catégorie. Il
faut croire qu'ils ne survivraient pas à un climat moins humide. En
Limousin, en revanche, les deux espèces se côtoient. L'automne
venu, on voit les migrateurs prendre leur envol. Le voisin parisien
regagne la capitale, le niçois rejoint les rives de la grande bleue.
A la différence de celle de
l'hirondelle, la migration du voisin n'est annoncée par aucun signe
précurseur. C'est en vain qu'on attendrait de le voir se rassembler
sur les fils télégraphiques avec ses semblables. Rien n'annonce,
sauf de manière imminente, son envol. Ainsi, seul un changement de
plumage aurait pu m'indiquer que le Parisien allait prendre son essor
vers les brumes nordiques. En effet, plutôt que vêtu de ses
traditionnels haillons de bricolage, je l'avais aperçu porter des
vêtements propres sinon élégants hier matin. Seulement cela aurait
pu être dû à une quelconque sortie. Pourtant, au soir, les volets et
le portail clos ne me laissèrent aucun doute : l'oiseau s'était
envolé.
Devrais-je voir dans le fait que le
Niçois passait une nouvelle couche de vernis sur le volet de sa
porte d'entrée le signe d'un prochain départ ? L'avenir ne
tardera pas à nous le dire.
La voisine, femelle du voisin, elle,
est sédentaire. Il semblerait que soit pour elle venue la saison des
amours. Outre le fait que j'ai pu remarquer qu'une voiture au volant
de laquelle j'aperçus un homme (espèce qui s'accouple volontiers
avec la voisine en cas d'affinités) restait garée en face de chez
elle tout le week-end, des changements notables dans son comportement
me confortent dans cette idée. En effet, plutôt que de passer ses
soirées en d'interminables palabres avec le vieux Niçois et
éventuellement avec tout passant, c'est tout juste si on l'aperçoit
furtivement passer dans son jardin...
Quoi qu'il en soit, le voisin est un
bien drôle d'oiseau.