Situé au sud-ouest de l’Europe, le Portugal se distingue de la
Suisse, du Liechtenstein et de la Mongolie par une façade océanique importante.
Il y règne un climat méditerranéen, ce qui est surprenant de la part d’un
pays dont les côtes sont situées sur l’Atlantique.
En dehors du continent, et à l’exemple de l’Espagne et de ses Canaries, le Portugal
possède des archipels perdus au milieu de l’océan, les Açores, célèbres pour leur
anticyclone* et Madère, renommé pour son vin. C’est sur l’île de Pico, aux
Açores que se trouve le point culminant du pays, un volcan pas très actif,
surtout pour un portugais, nommé Ponta da pico, dont le sommet s’élève à 2351
m. Sur le continent, il faut se contenter de 1993 m à la Serra de Estrela (dont
on se demande pourquoi elle n’est pas montée jusqu’à 2000 m, vu que le plus
gros du travail était fait). Le nord-est y est montagneux et le reste nettement
moins. Il arrive même que certaines parties plates et de faible altitude y
constituent des plaines. C’est dire si les paysages y sont variés. De nombreux
fleuves le parcourent, souvent venus d’Espagne. Ce qui est très frustrant pour
les amateurs de sources portugais et les passionnés d’embouchures espagnols
contraints de se rendre à l’étranger pour assouvir leur passion.
L’histoire du Portugal est riche et longue. Dès l’antiquité,
Grecs et Phéniciens venaient s’y ravitailler en morue (dont ils raffolaient) et
en métaux. Lisbonne aurait été fondée par les Phénicien mille ans avant
Jésus-Christ. Mais il s’agit là de on-dits auxquels nous accorderons un crédit
limité en l’absence de témoins. Colonisé par Rome, le pays connut les invasions
barbares avant d’être conquis par les arabes, suite à l’absence d’un Charles
Martel local. Toutefois, la Reconquista permit que se formât, en 1139 un
royaume du Portugal. Il est à noter que les frontières du pays avec l’Espagne sont
les plus anciennes du monde, vu qu’elles ont été fixées par le traité d’Alcanices
en 1297 et qu’elles n’ont pas bougé depuis. Au XVe siècle, à force de regarder
l’Atlantique, certains portugais finirent par se demander si en y naviguant on
ne parviendrait pas à d’autres contrées. C’est ainsi que de hardis navigateurs
se mirent à explorer les côtes africaines avant de partir pour les Indes et,
contrairement à Colomb, d’y parvenir. Et ils ne s’arrêtèrent pas là ! Ils
s’établiront en Chine et pousseront jusqu’au Japon. De l’autre côté, ils conquièrent le Brésil d’où
ils ramènent le fameux bois éponyme, le football et la samba. Le Portugal connaîtra
son âge d’or suivi, comme il se doit d’une lente et constante décadence. Un
temps réuni à son voisin espagnol, il retrouve son indépendance et
reste un royaume jusqu’à ce qu’une révolution y établisse la république en 1910
avant qu’un coup d’état militaire ne mène
finalement au pouvoir un certain de Oliveira Salazar qui y restera une
quarantaine d’années jusqu’à ce que son régime soit renversé par la Révolution
des Œillets en 1974. Ensuite le pays rejoint l’Union Européenne, la zone Euro
et est désormais gouverné depuis Bruxelles.
« Si les Portugais sont gais, les Espagnols sont gnols »
aimait à répéter Heidegger. Et pour ce qui est d’être jovial, le Portugais ne
craint personne. Inlassable travailleur, il ne crache pas sur le pinard et
partage avec le Phénicien un goût immodéré pour la morue. Bien que qualifié de
lusophone, c’est le Portugais et non le luso qu’il parle. Il s’agit d’une sorte
d’Espagnol, mais avec des voyelles nasales. Le Portugais s’appelle de Oliveira,
da Costa ou da Silva, ses enfants Maria, Joao ou Jesus, suivant leur sexe et sa
femme Mme de Oliveira, da Costa ou da Silva. Il est de culture catholique et
adore les travaux de maçonnerie. Tout cela est fort sympathique et a permis à
la nombreuse communauté portugaise venue travailler en France de se fondre totalement
dans la population bien que la pilosité de ses femmes ait fait l’objet de
plaisanteries douteuses dans les années quatre-vingts.
Du point de vue économique, les choses se sont arrangées depuis
la dernière révolution même si la récente crise y a fait des ravages. Le
tourisme, l’industrie du bouchon et la viticulture participent à la richesse du
pays. Ces trois activités sont complémentaires, vu que la présence en quantité
de chênes-lièges a donné à l’industrieux Portugais l’idée d’en tirer des
bouchons, qu’une fois qu’il s’est trouvé avec des tonnes de bouchons, il s’est
dit qu’il faudrait bien boucher quelque chose avec et s’est mis à cultiver la
vigne, notamment autour de Porto et qu'enfin la présence de ce vin liquoreux a donné
à ces boit-sans-soif d’Anglais l’idée de venir s’y soûler honteusement. Les touristes
Espagnols devancent en nombre nos amis d’Outre-manche, venant probablement y admirer
les belles embouchures dont leur pays est privé. Sinon, on y fabrique de l’huile d’olive, des
automobiles et tout plein de trucs.
Contrairement à bien d’autres pays, le Portugal mériterait
un court séjour s’il était plus près de chez nous.
*A ce propos, je me demande pourquoi nous sommes allés si loin
chercher notre anticyclone. Si on en avait installé un en Bretagne on ne serait
pas obligé de l’emprunter aux portugais qui ne nous le prêtent qu’à regret et
nos étés seraient moins pourris.