..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

mardi 3 juin 2014

J’envie François Hollande !

C’est vrai, notre cher président n’a qu’un seul adversaire : le monde de la finance. Costaud comme il est, je n’aimerais pas être à la place de ce monde-là. Je n’ai pas sa chance. En tant que jardinier, j’ai des tas d’ennemis. Parmi eux, j’ai déjà évoqué la piéride, le campagnol, la fourmi, le merle, la taupe. Et voilà que la liste s’allonge…

Depuis quelque temps, je m’inquiétais de la lenteur que mettaient à lever mes flageolets. Semés peu après les haricots verts, ils ne montraient aucun empressement à sortir leurs cotylédons de terre alors que les premiers grandissaient en taille et en beauté.  N’y tenant plus, je décidai de prendre le taureau par les cornes. Je grattai donc la terre en suivant le rang et je m’aperçus qu’aucun grain, germé ou pas n’y restait de mon semis. "Dieu me shampouine, m’interrogeai-je, aurais-je été victime d’un grainetier escroc ?" Question sans grand intérêt car le jardinier est homme d’action : plutôt qu’à ressasser ses échecs passés, il concentre ses efforts sur les succès futurs. J’avais un plan B. L’an dernier j’avais récolté des haricots que j’avais laissé sécher. Extraits du bocal de verre où je les avais entreposés, ils deviendraient la moisson future de mes sillons hugolai-je in petto ! 

Je m’en fus donc quérir ledit bocal en vue d’un nouvel emblavage. C’est alors qu’un frisson glacé parcourut mon échine : en retirant le couvercle du bocal, je vis qu’il était habité par nombre de ces choses immondes :

Le répugnant coléoptère ne mesure en réalité que 3 ou 4 mm.

« Des charançons, puisqu’il faut les appeler par leur nom, lafontainai-je ! »  Ces hontes de la création qui n’ont pour but que de ruiner les féculents que le trop confiant humain entrepose en ses maigres réserves !  Ces animalcules, que leur nature chafouine poussent à se dissimuler sous des pseudos divers comme le pseudo-aristocratique « Bruche du Haricot » ou le pédant « Acanthoscelides obtectus ». Ces suppôts du malin dont les parents pondent sur les cosses, dont les larves s’introduisent subrepticement dans la légumineuse, en dévorent l’intérieur et n’en sortent qu’adultes afin de perpétuer cet infernal cycle ne laissant de vos haricots qu’une enveloppe trouée emplie de leurs déjections.

Allais-je laisser le désespoir m’envahir ? Devrais-je descendre en toute hâte au bourg voisin afin d’y acquérir de nouvelles semences ?  C’eût été oublier que le matois collinicole a toujours un plan en réserve (sinon comment survivrait-il à la rudesse de son environnement ?). Le plan C fut immédiatement mis en œuvre : des profondeurs du buffet, un verre contenant d’autres graines non charançonnées fut prestement extrait. Ces graines avaient été à l’origine du succès insigne de ma récolte de 2013 et provenaient de celle de 2012. En priant pour que leur ardeur germinative n’ait point été amenuisée par le temps, je les semai.

Voilà où nous en sommes.

lundi 2 juin 2014

Détournement de textes


La vie est pleine de surprises ! Le momentané désarroi  exprimé dans le statut d’un ami facebook  m’inspira, vendredi dernier, un billet où j’exposai, sur le mode aigre-doux qui m’a fait apprécier, entre autres, des gens du métier*, quelques truismes tirés de mon expérience du divorce.

Suite à l’emprunt par une certaine Madame La T. ou Le D. d’un de mes textes (lequel a depuis mystérieusement disparu du site qui l’hébergeait), de fil en aiguille, en suivant  les indications de M. Marchenoir, je m’aperçus que des extraits de mon billet de vendredi avaient également  été repris par un certain M. B. dans un sien statut. Des 526 mots du texte original, seuls 272 avaient été retenus, mais le plus étonnant était qu’il ne s’agissait plus de divorce mais, vu les préoccupations de cet homme,  de politique. Et ça marchait très bien. Jugez-en plutôt : 


Mais il y a mieux : les commentaires furent également repris : 




Ainsi  les judicieuses remarques de MM Pangloss et Aristide comme ma réponse à celle de Mme Boutfil (tous excellents blogueurs) pouvaient ainsi être recyclées.

La leçon que j’en tire est qu’en quelque sorte je suis parvenu à  l’universel. En omettant quelques passages, en changeant ici ou là un mot ou deux, mes profondes pensées peuvent s’appliquer à toutes les situations dramatiques que peut rencontrer tout humain au cours de sa vie :

  •  Panne de télé

  • Magasin de bricolage fermé le dimanche

  • Visite inopportune de la belle-mère

  • Mouche dans le lait

  • Etc.

dimanche 1 juin 2014

Ils nous auront tout fait !




Ce n’est ni le profond philosophe, ni l’esthète délicat, ni le bouseux arriéré, ni le bricoleur fou, ni le fin lettré, ni l’ivrogne mondain, ni le sémillant vieillard, ni le critique littéraire, ni l’homme d’action et de réflexion, ni  l’admirateur de Pauline Carton, ni le producteur de tomates qui s’adresse à vous aujourd’hui. C’est le fumeur. Car fumeur je suis, invétéré et inconditionnel depuis une cinquantaine d’année.

Je pensais faire un billet sur l’évolution du  paquet de Dunhill  menthol. Voici quarante ans, alors que j’arrivais à la fin de mon  premier séjour en Angleterre, pour une raison qui m’échappe, j’abandonnai soudain les Disque Bleu filtre pour des Dunhill menthol. De retour en France, je me tournai vers les Royale Menthol longues et y suis resté fidèle.  Lors de ma récente tournée d’achats  en Espagne, les seules menthol longues que je pus trouver furent des Dunhill.  J’appréciais jadis l’esthétique de ce paquet plat et large, son vert profond, les armoiries et le lettrage qui en faisaient un objet classieux en diable. L'actuel paquet a conservé la couleur mais en se modernisant a perdu de son élégance. Surtout qu’est venu s’inscrire sur un bon tiers de son recto un de ces slogans imbéciles en noir sur blanc dans un cartouche  noir  rappelant judicieusement les faireparts de décès de jadis.  Au verso, une photo supposée choquante vous met en garde contre un éventuel cancer présenté comme inéluctable.  Je ne sais pas si faireparts et photos ont dissuadé qui que ce soit de fumer, mais il est certain qu’ils ruinent l’esthétique du paquet.

Et voilà que j’apprends que ces déplorations seront, selon le Figaro, bientôt obsolètes : Mme Marisol Touraine, dans sa grande sagesse aurait décidé de mener contre le tabagisme une nouvelle campagne qui s’avérera probablement aussi décisive que les autres. Une des mesures phares de ladite campagne serait l’adoption de paquets  neutres décorés de photos supposées « choc » sur 65% de leur surface. Ces paquets anonymes ont été adoptés en Australie, pays qui n’a, en matière de connerie, de leçons à recevoir de personne. L’effet de la mesure fut saisissant : près d’un pour cent de baisse des ventes ! Reste à savoir si cette spectaculaire baisse n’est due qu’à cette modification. Autant dire que, si ce projet était mis en œuvre,  il présenterait les caractéristiques d’une véritable réforme socialiste : inutile voire contre-productive mais apte à mécontenter.

Et si on foutait un peu la paix aux fumeurs ?  D’où sort-on les 70 000 victimes annuelles du tabagisme ? Ça ne fait après tout que  12% des décès alors que 30% de la population sont supposés fumer. Ce qui serait ballot c’est que seuls les 18% qui s’en seraient n’importe comment sortis arrêtent alors que les autres continuent…

Petite récréation : Dans la série « Pourquoi se gênerait-on ? », un commentateur m’a signalé qu’une brave dame se déclarant maître de conférence à l’Université de Rouen avait copié-collé un mien billet en se l’attribuant. La dame étant coutumière du fait et un autre blogueur lui ayant consacré un ironique billet suite à un « emprunt » similaire, je n’en dirai pas plus.

samedi 31 mai 2014

De l’inutilité de sauver les meubles (conte édifiant)



Ce billet n’est que la suite du précédent. Il l’illustre.

Ma jeune mère, car, étant morte avant d’avoir atteint mon âge d’aujourd’hui la vie me fait son aîné, avait coutume de dire que le grand saint du temps effaçait tout. Maxime qu’elle s’empressait d’oublier en ruminant de vieilles rancœurs. Nul n’est parfait…

Or donc, en 1988, avec mon ex-épouse nous déménageâmes. Le torchon se consumait alors gentiment. Pour mener à bien l’opération, il fallut un camion de 40 mètres cubes ainsi qu’un autre de dimensions plus modestes. Un peu plus d’un an plus tard, je partis vers l’Angleterre emportant mes maigres possessions en deux valises. Allègement considérable autant que souhaitable, vu que,  dans un train, transporter la moitié de ce chargement eût probablement entraîné un supplément.

Pour des raisons financières complexes, mon épouse sentit un désir profond autant que soudain  de divorcer un ou deux ans plus tard. Bien que moyennement  partisan du divorce, n’y trouvant aucun avantage mais étant de nature arrangeante, je souscrivis à sa demande. Notre avocat (qui était surtout le sien) s’arrangea pour que la non-conciliation et le jugement final eussent lieu lors de mes passages en France. L’acte stipulait que le partage des biens meubles avait été effectué. En entendant cela je dis à mon ex-chère et coriace (tendre, elle ne l’était plus guère) que je ne signerais pas. Pateline en diable, elle me déclara que ce point de détail  était sans importance, que le véritable partage se ferait ensuite et que ce n’était qu’une affaire de confiance. Bon enfant, je signai donc.

Les choses se compliquèrent lorsque je revins en doulce France. Bien que trois ans et demi eussent notablement grossi mon patrimoine, lorsque j’eus vidé le contenu de ma Fiat Panda où s’amoncelaient mes possessions terrestres, le studio que je louais alors me sembla bien vide d’objets meublants. Il était temps de faire jouer la clause de confiance. Hélas, il sembla que celle-ci n’avait plus cours. Mon ex-aimée, oubliant ses promesses n’était prête à aucun partage. Je m’en sentis contrarié tant il est apparemment chagrinant, après avoir connu de vastes demeures confortablement meublées, de se retrouver à faire paillasse par terre dans un logement aussi exigu que vide.

Et puis le temps passa.  Je me remariai. Redivorçai. En prenant cette fois un soin sourcilleux de mes intérêts. Maison, modeste ameublement, je m’arrangeai pour garder tout…

Finalement, je parvins à la conclusion qu’avoir perdu quelques bouts de bois  qui à leur époque créaient une impression de luxe confortable n’avait aucune importance : démodés, fatigués, en eussé-je été propriétaire, leur place eût été à la déchetterie…


Épilogue : 

Il n’y a pas si longtemps, ma fille m’annonça que sa mère voulait savoir s’il m’intéresserait de récupérer le beau  bureau ministre de chêne  qui un temps fut m’avait été si cher ainsi que mon bahut  rustique en noyer…  Je suppose qu’ils l’encombraient. Moi aussi ils m’auraient encombré. J’ai un autre bureau et pas de place pour le bahut.

Ainsi va la vie.

vendredi 30 mai 2014

Dieu que la sagesse est jolie !



Un récent billet et des échanges sur Facebook m’ont permis de réaliser à quel point, entre qui pose un regard apaisé sur son passé et qui se débat au milieu de problèmes aussi actuels que douloureux, la différence est grande. A condition de ne pas passer son temps à ressasser ses douleurs et déconvenues passées, à condition aussi que le bilan que l’on dresse de son existence apparaisse « globalement positif », toutes les périodes sombres que l’on a pu traverser, sans pour autant paraître aimables, se transforment en simples expériences plus ou moins riches en enseignements voire sources de renforcement. « Tout ce qui ne nous tue pas rend plus fort » disait le bon Friedrich… Ouais… Du moins rétrospectivement et à condition que tout finisse bien. Quand on est en pleine tourmente, la douleur affaiblit et il arrive que l’espoir s’étiole.

Quand Dudule s’enfonce par mégarde un gros clou dans le pied, il est aisé au sage de lui dire que dans quelques heures, quelques jours, quelques mois (s’il réchappe à un subséquent tétanos) cette maladresse se transformera en plaisante anecdote dont il sera le premier à sourire. N’empêche que Dudule aura bien du mal à écouter le sage, vu qu’il se trouve présentement occupé à hurler comme une bête et qu’une douleur atroce le rend fou. 

Et c’est ce qui fait les limites de l’exemple ou du souvenir. Allez expliquer à celle ou celui dont le monde s’écroule, qui voit s’évanouir tout ce en quoi il avait cru, qu'à celle ou celui qui lui avait offert amour, soutien, projets d’avenir infinis il ou elle n'inspire plus que haine, mépris et défiance, allez lui expliquer que dans quelques années tout cela sera sinon oublié du moins apaisé… 

J’ai eu la « chance » de tout perdre d’un coup : emploi, femme, logement, patrie. Ne me restaient qu’un gros paquet de dettes. Je m’en suis tiré. Le fait d’avoir tant bien que mal été capable de tout reconstruire m’a certes beaucoup apporté en termes de confiance en moi. J’ai ainsi acquis la certitude  que, quoi qu’il arrive, je m’en sortirais et que les petits soucis qui nous affligent ne sont qu’anecdotiques. Cette assurance ne peut se transmettre à autrui. C’est bien dommage mais c’est ainsi. Sinon, chacun prendrait tout ce qui lui arrive en bien comme en mal avec un sage recul teinté peut-être de cynisme. Adieu enthousiasme et douleur, bonjour la paix du stoïcisme lequel, selon Romain Gary, consiste à « avoir tellement peur de tout perdre qu’on se dépêche de tout perdre pour ne plus avoir peur ».

Ceux qui traversent des périodes troublées on ne peut  que les assurer d’un amical soutien (matériel si nécessaire) et leur conseiller de ne pas perdre leur Nord, c'est-à-dire ce qui donne son sens à leur vie, ce qui est essentiel. C’est eux qui auront à se colleter avec les détails. Ça n’ira en général pas sans douleurs, sans périodes de découragement. Le résultat final, quels que soient les efforts déployés, n’est même pas garanti… En revanche, si on lâche la rampe l’échec est assuré. Ça rend le choix simple…