..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

dimanche 2 février 2014

De la haine ? Où ça ?



Connaissez-vous la haine ? J’en doute, puisque vous avez la gentillesse de me lire et  qu’il n’est ici nullement question de haine contre qui ou quoi que ce soit. Il arrive qu’on s’y moque du président, de son gouvernement, de ses soutiens et surtout des « valeurs » qu’ils défendent et de l’idéologie qui les sous-tend. Admettons qu’il arrive qu’en plus du rire ils provoquent notre mépris mais rien de plus.

La haine est un « sentiment violent qui pousse à vouloir du mal à quelqu’un et à se réjouir du mal qui lui arrive ». Je ne veux de mal à personne et ne me réjouis pas du malheur de quiconque. A moins, bien entendu, que l’on considère comme un mal le fait de souhaiter qu’un parti dont on ne partage pas les idées perde les élections et que se réjouir de sa défaite en soit un autre. J’aurais tendance à considérer cela comme le jeu normal de la démocratie. Comme participe de la démocratie le débat où chacun défend ses idées et les manifestations qui visent à montrer le soutien qu’elles recueillent. Je dis ça avec d’autant plus d’objectivité que ce n’est pas moi qu’on verra défiler sous drapeaux ou pancartes, ne serait-ce que par horreur de la foule.

Et pourtant certain blogueur de gouvernement ne voit là que haine. A croire qu’il se fait de ce sentiment une idée bien floue. C’est un peu normal pour qui n’en voit aucune chez les antifas. Comme il n’a aucune autre explication au rejet que rencontre son idole casquée et sa belle équipe, seule la haine de gens méchants peut en être à l’origine. Pour ce gentil garçon, seule une opposition qui partage ses idées est supportable. La politique, la vraie, la seule c’est l’emploi, les retraites, l’aménagement du territoire, la nécessaire augmentation des impôts, la réfection du chemin vicinal 224.

Pour ce qui est des questions sociétales, on ne peut que soutenir le gouvernement puisqu’il va dans le sens de la justice, de l’égalité et, pour tout dire, du Progrès. Il ne lui vient jamais à l’esprit qu’il soit possible et même légitime que l’on ait de la justice, de l’égalité et même du progrès (sans majuscule cette fois) des idées différentes voire diamétralement opposées à celles que prônent les idoles dont il demeure contre vents et marées le fervent et auto-appointé zélateur.

Peut-on lui en vouloir ? Certes pas : après tout, lorsqu’il ne voit partout que haine, il ne fait que relayer le discours des maîtres qu’il suit avec une touchante fidélité. Et les maîtres, que font-ils sinon tenter sans grand succès de maintenir par de pitoyables gesticulations un monopole de la « pensée » qu’ils sentent de plus en plus leur échapper ?  

Rites familiaux



On peut être progressiste et maintenir bien haut le flambeau des traditions. Ça peut paraître paradoxal, ça n’en est pas moins vrai.

Voilà ce que m’inspire la récente visite de mon frère aîné. Nous nous voyons peu, nous téléphonons de temps à autre pour prendre des nouvelles, mais l’un dans l’autre nous nous entendons plutôt bien. J’irais même jusqu’à dire que nous nous aimons bien. Nos opinions politiques sont plutôt divergentes. Il est bien à gauche, où exactement, je ne sais pas mais indubitablement du côté du progrès. Moi aussi d’une certaine manière. Disons que nos conceptions du progrès ne sont pas identiques, à beaucoup près. Et c’est tant mieux car cela nous permet de maintenir une tradition héritée de nos défunts parents et peut-être même inhérente au caractère breton, lequel est réputé mauvais. Je veux parler de l’engueulade.

Chez les Étienne, s’engueuler fut une douce habitude, un hobby ,un rite, une tradition. Les disputes entre mari et femme, parents et enfants  y étaient fréquentes, riches, sonores et s’apparentaient à la tempête qui précède le calme. Car elles étaient violentes et colorées et menaient à de longues bouderies génératrices d’un silence armé qui, on ne sait comment, finissait par s’étioler jusqu’à ce qu’une nouvelle crise vînt ruiner la fragile harmonie récemment retrouvée. Tous les prétextes étaient bons. Le caractère rugueux de chacun avait pour conséquence de transformer la moindre étincelle en incendie ravageur. Cela donna à ma jeunesse un goût de cendre. Curieusement, plutôt que de perpétuer cette noble tradition, j’en tirai un certain dégoût des conflits, bien qu’il m’arrivât de m’enflammer pour des peccadilles. L’humain est bizarre !

Ma mère disparut alors que j’étais (et elle aussi) encore jeune. Elle ne connut donc pas ma période apaisée. Il faut dire qu’elle avait un don certain pour me mettre hors de moi ce qui faisait que nos rencontres étaient précédées d’angoisse et suivies de malaise. Une fois mon père veuf, il ne surgit entre lui et moi plus aucun conflit. Dieu merci, mes frères prirent le relais.

 Je me souviens d’un été où, réunis au grand complet,  père, fils, conjointes et enfants,  nous nous entassâmes dans la maison familiale de vacances en bord de mer. Sous un prétexte futile, mon frère cadet se fâcha d’abord avec moi (sans que pour autant je ne me fâche) et partit en claquant la porte. Suite à divers différends, les portes continuèrent de claquer jusqu’à ce qu’avec ma compagne nous nous retrouvâmes seuls à profiter de tout l’espace. L’irascibilité d’autrui a bien des avantages…

Très longtemps mon aîné continua de s’affronter à mon père. Lui disparu, afin de soulager son deuil, je pris le relais et maintenant c’est moi qui assure la pérennité des querelles familiales en matière politique. Mais il y a un mais : le rituel semble l’emporter sur la hargne et, quelle que soit la vivacité de nos échanges, nous n’en sortons nullement froissés, conscients que nous sommes de ne pouvoir nous convertir. On est un peu comme de vieilles bigotes récitant  machinalement leur chapelet : on fait ce qui sied mais la ferveur manque si la forme reste fidèle. Nous nous quittons bons amis, comme si de rien n’était.  Ce n’est que justice, vu que rien n’a été.

samedi 1 février 2014

Je vous déclare unis par les liens indissolubles de l’hypertexte



Je suis souvent déçu par le peu d’usage que font mes (adorés) lecteurs des liens hypertexte que je place dans certains de mes billets. J’en suis parfois amené à douter de leur utilité. Mon esprit facétieux m’a parfois suggéré de lier une affirmation économique ou politique à une vidéo porno, histoire de voir quelles seraient les réactions d’éventuels cliqueurs.

Alors à quoi bon faire des liens ?  C’est une question d’honnêteté et de sérieux. Deux vertus qui tiennent une place prépodérante dans mon oeuvre. Ils permettent au lecteur soupçonneux de vérifier que lorsque l’on donne des chiffres on ne les sort pas de son chapeau ou que quand on fait une citation (à part bien entendu celles de Lao-Tseu) celle-ci n’est pas le fruit de mon imagination.

Mais le lecteur n’est pas soupçonneux, aussi ne vérifie-t-il pas grand-chose. Je dois dire à sa décharge qu’il est rare que je me livre moi-même aux joies du cliquage-sur-lien lorsque je lis un billet. Par confiance et peut-être aussi par fainéantise.

vendredi 31 janvier 2014

In memoriam François Cavanna



Celui qui avait déclaré la guerre à la mort nous a quittés hier. C’était couru d’avance. Ses chances de l’emporter étaient nulles. Avec lui, c’est un peu de ma jeunesse qui s’en va. Hara Kiri ! Charlie Hebdo ! Qu’il repose en paix !

Ses provocations charmèrent mon adolescence. C’était de mon âge. Il faut se rappeler que les années soixante n’étaient pas si « swingueuse » qu’on aime à les rêver aujourd’hui. Il arrivait même que, petit bourgeois, on y étouffât dans une famille catholique pas vraiment rock n’ roll. La bande d’hurluberlus qui venait piétiner les conventions qu’on aurait voulu nous voir révérer apportait un semblant d’oxygène.  On accueillit donc ses plaisanteries douteuses avec une gourmandise que rehaussait un arrière goût de péché…  On se prêtait le mensuel qu’on lisait en cachette. Mon père, en ayant trouvé un numéro mal dissimulé le confisqua après un discours outré. « Jamais vu ni lu rien de plus obscène », qu’il déclara. Il était dans son rôle de pater familias, avec l’indispensable hypocrisie que ça implique…

Et puis le temps passe, celui que ma mère qualifiait de « grand saint » car il guérit tout. Y compris du goût de la provoc qui finit par sembler puéril. Il y eut bien quelques livres autobiographiques agréables : Les Ritals, Les Russkofs, Bête et méchant, Les Yeux plus grands que le ventre (je possède encore les deux derniers)…

 Mais le vernis se mit à craquer. Invité à Apostrophes il menaça l’ivrogne Bukowski de son poing dans la gueule. Ça sentait le commerçant frustré d’être gêné dans sa vente de soupe. La mort par overdose de sa petite fille lui donna l’occasion d’un discours sanctifiant la victime et blâmant les marchands de mort qu’aucun réac n’eût renié. Empêtré dans ses histoires de cul, le chantre du « Stop-crève » fut sauvé de justesse d’une tentative de suicide par pendaison. Son désir de vie éternellement prolongée fleurait l’égocentrisme et la banale  pétoche. L’anar iconoclaste se montrait bien conventionnel, voire ridicule…

Que restera-t-il de celui qui se désignait comme seul ennemi la bêtise mais n’en fut, comme personne, exempt ?  Il fut l’homme d’un temps. Ce temps est révolu.

jeudi 30 janvier 2014

Pour en finir avec le genre



Dernier volet de la mini-série d’aujourd’hui consacrée à l’absence de théorie du genre.

Un admirateur de Kuala-Lumpur m’appelle au téléphone, malgré une heure locale tardive,  pour me signaler que je faisais de nouveau fausse route. Il me conseille de consulter l’article gender de mon Harrap’s Unabridged Edition  qui me remettra sur les bons rails.  En effet ! Les gender studies y sont décrites (plus que traduites) comme suit : à l’université, matière qui formule une critique des rôles de l’homme et de la femme tels qu’ils sont établis par la société.

Une critique des rôles de l’homme et de la femme tels qu’ils sont établis par la société. Rien que cela ! Ne serait-ce pas un avatar de plus du fameux débat entre l’inné et l’acquis ? Est-il aisé, chez un être aussi social que l’homme, de démêler ce qui tient de l’un ou de l’autre ?  En admettant que l’essentiel de ces rôles ne soient dus qu’à la société, faut-il pour autant les modifier ? Et si oui dans quel sens ? Celui d’un retour à la « nature » ? Celui d’une meilleure adaptation à une société qui a changé et que voudrait contrecarrer les amoureux de l’ordre passé (Réacs rances et moisis) ? Celui visant à établir une société parfaite selon une vision idéologique ?

Le retour à la « nature » me paraît aussi impossible que peu souhaitable. Le « sauvage » de Rousseau, malgré toute sa bonté « naturelle » a le défaut relativement grave de ne pas exister. Aussi archaïque soit-il, tout groupe humain est organisé par des règles sociales. D’autre part ces fameuses règles n’ont-elles pas, entre autres, l’avantage de pacifier l’être humain ? D’éviter qu’il ne règle le moindre de ses conflits où n’exprime son désir d’une dame par  le coup de massue ou le viol (les plus fins d’entre vous auront deviné quel moyen s’adapte à quelle fin) ?

La troisième hypothèse, même si je la soupçonne être celle que des idéologues comme M. Peillon favorisent, me paraît aussi peu souhaitable que l’ont été les entreprises précédentes, qu’elles soient de type fasciste ou communiste, visant à créer un homme et une femme nouveaux. D’abord ça n’a jamais marché et ça a toujours mené à la tyrannie.

Reste la seconde. Elle présente l’avantage d’aller de soi. La capacité de l’homme à s’adapter aux conditions nouvelles me semble être une de ses caractéristiques essentielles. Si l’évolution de la société  amène les femmes à se consacrer essentiellement à des travaux de terrassement et les hommes à la pratique de la broderie, je leur fait confiance pour s’y mettre d’eux-mêmes. Il me semble d’ailleurs que l’adaptation aux nouvelles données sociales est  déjà largement engagée.

Tout bien pesé, si notre bon ministre de l’Éducation Nationale avait autre chose en tête que de poursuivre l’endoctrinement idéologique initié par sa révolution chérie, plutôt que de s’occuper des études du genre, il consacrerait l’essentiel de son énergie à faire en sorte que les enfants apprennent à lire, écrire et compter. Ça leur permettrait entre autres choses,  et si tel était leur désir, de lire les âneries féministes importées des États-Unis.