..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

samedi 1 février 2014

Je vous déclare unis par les liens indissolubles de l’hypertexte



Je suis souvent déçu par le peu d’usage que font mes (adorés) lecteurs des liens hypertexte que je place dans certains de mes billets. J’en suis parfois amené à douter de leur utilité. Mon esprit facétieux m’a parfois suggéré de lier une affirmation économique ou politique à une vidéo porno, histoire de voir quelles seraient les réactions d’éventuels cliqueurs.

Alors à quoi bon faire des liens ?  C’est une question d’honnêteté et de sérieux. Deux vertus qui tiennent une place prépodérante dans mon oeuvre. Ils permettent au lecteur soupçonneux de vérifier que lorsque l’on donne des chiffres on ne les sort pas de son chapeau ou que quand on fait une citation (à part bien entendu celles de Lao-Tseu) celle-ci n’est pas le fruit de mon imagination.

Mais le lecteur n’est pas soupçonneux, aussi ne vérifie-t-il pas grand-chose. Je dois dire à sa décharge qu’il est rare que je me livre moi-même aux joies du cliquage-sur-lien lorsque je lis un billet. Par confiance et peut-être aussi par fainéantise.

vendredi 31 janvier 2014

In memoriam François Cavanna



Celui qui avait déclaré la guerre à la mort nous a quittés hier. C’était couru d’avance. Ses chances de l’emporter étaient nulles. Avec lui, c’est un peu de ma jeunesse qui s’en va. Hara Kiri ! Charlie Hebdo ! Qu’il repose en paix !

Ses provocations charmèrent mon adolescence. C’était de mon âge. Il faut se rappeler que les années soixante n’étaient pas si « swingueuse » qu’on aime à les rêver aujourd’hui. Il arrivait même que, petit bourgeois, on y étouffât dans une famille catholique pas vraiment rock n’ roll. La bande d’hurluberlus qui venait piétiner les conventions qu’on aurait voulu nous voir révérer apportait un semblant d’oxygène.  On accueillit donc ses plaisanteries douteuses avec une gourmandise que rehaussait un arrière goût de péché…  On se prêtait le mensuel qu’on lisait en cachette. Mon père, en ayant trouvé un numéro mal dissimulé le confisqua après un discours outré. « Jamais vu ni lu rien de plus obscène », qu’il déclara. Il était dans son rôle de pater familias, avec l’indispensable hypocrisie que ça implique…

Et puis le temps passe, celui que ma mère qualifiait de « grand saint » car il guérit tout. Y compris du goût de la provoc qui finit par sembler puéril. Il y eut bien quelques livres autobiographiques agréables : Les Ritals, Les Russkofs, Bête et méchant, Les Yeux plus grands que le ventre (je possède encore les deux derniers)…

 Mais le vernis se mit à craquer. Invité à Apostrophes il menaça l’ivrogne Bukowski de son poing dans la gueule. Ça sentait le commerçant frustré d’être gêné dans sa vente de soupe. La mort par overdose de sa petite fille lui donna l’occasion d’un discours sanctifiant la victime et blâmant les marchands de mort qu’aucun réac n’eût renié. Empêtré dans ses histoires de cul, le chantre du « Stop-crève » fut sauvé de justesse d’une tentative de suicide par pendaison. Son désir de vie éternellement prolongée fleurait l’égocentrisme et la banale  pétoche. L’anar iconoclaste se montrait bien conventionnel, voire ridicule…

Que restera-t-il de celui qui se désignait comme seul ennemi la bêtise mais n’en fut, comme personne, exempt ?  Il fut l’homme d’un temps. Ce temps est révolu.

jeudi 30 janvier 2014

Pour en finir avec le genre



Dernier volet de la mini-série d’aujourd’hui consacrée à l’absence de théorie du genre.

Un admirateur de Kuala-Lumpur m’appelle au téléphone, malgré une heure locale tardive,  pour me signaler que je faisais de nouveau fausse route. Il me conseille de consulter l’article gender de mon Harrap’s Unabridged Edition  qui me remettra sur les bons rails.  En effet ! Les gender studies y sont décrites (plus que traduites) comme suit : à l’université, matière qui formule une critique des rôles de l’homme et de la femme tels qu’ils sont établis par la société.

Une critique des rôles de l’homme et de la femme tels qu’ils sont établis par la société. Rien que cela ! Ne serait-ce pas un avatar de plus du fameux débat entre l’inné et l’acquis ? Est-il aisé, chez un être aussi social que l’homme, de démêler ce qui tient de l’un ou de l’autre ?  En admettant que l’essentiel de ces rôles ne soient dus qu’à la société, faut-il pour autant les modifier ? Et si oui dans quel sens ? Celui d’un retour à la « nature » ? Celui d’une meilleure adaptation à une société qui a changé et que voudrait contrecarrer les amoureux de l’ordre passé (Réacs rances et moisis) ? Celui visant à établir une société parfaite selon une vision idéologique ?

Le retour à la « nature » me paraît aussi impossible que peu souhaitable. Le « sauvage » de Rousseau, malgré toute sa bonté « naturelle » a le défaut relativement grave de ne pas exister. Aussi archaïque soit-il, tout groupe humain est organisé par des règles sociales. D’autre part ces fameuses règles n’ont-elles pas, entre autres, l’avantage de pacifier l’être humain ? D’éviter qu’il ne règle le moindre de ses conflits où n’exprime son désir d’une dame par  le coup de massue ou le viol (les plus fins d’entre vous auront deviné quel moyen s’adapte à quelle fin) ?

La troisième hypothèse, même si je la soupçonne être celle que des idéologues comme M. Peillon favorisent, me paraît aussi peu souhaitable que l’ont été les entreprises précédentes, qu’elles soient de type fasciste ou communiste, visant à créer un homme et une femme nouveaux. D’abord ça n’a jamais marché et ça a toujours mené à la tyrannie.

Reste la seconde. Elle présente l’avantage d’aller de soi. La capacité de l’homme à s’adapter aux conditions nouvelles me semble être une de ses caractéristiques essentielles. Si l’évolution de la société  amène les femmes à se consacrer essentiellement à des travaux de terrassement et les hommes à la pratique de la broderie, je leur fait confiance pour s’y mettre d’eux-mêmes. Il me semble d’ailleurs que l’adaptation aux nouvelles données sociales est  déjà largement engagée.

Tout bien pesé, si notre bon ministre de l’Éducation Nationale avait autre chose en tête que de poursuivre l’endoctrinement idéologique initié par sa révolution chérie, plutôt que de s’occuper des études du genre, il consacrerait l’essentiel de son énergie à faire en sorte que les enfants apprennent à lire, écrire et compter. Ça leur permettrait entre autres choses,  et si tel était leur désir, de lire les âneries féministes importées des États-Unis.

Il n’y a pas de théorie du genre mais, Dieu merci, il fait l’objet d’études



Un de mes lecteurs assidus d’Oulan-Bator (Mongolie Extérieure, ce qui, vu le climat, demande un certain courage à ceux qui en cette saison s’aventurent en dehors de la yourte au lieu d’y pédaler comme fait notre brave président), me signale par MP que le sujet du jour n’est pas la théorie du genDre mais celle du GENRE. Soit. Sans revenir sur les intéressantes considérations précédemment énoncées, rectifions notre tir.

Signalons toutefois que je ne suis pas seul à avoir confondu  gendre et genre. En quatrième de couverture du Droit à la paresse de M. Paul Lafargue, il était écrit que ce dernier était le GENRE de Karl Marx. Avant de corriger mentalement cette coquille, je me suis demandé en quoi cette information concernant les penchants du grand philosophe matérialiste avait sa place en cet endroit.

Le genre n’a pas de théorie. Heureusement, il a fait l’objet d’études. Quoi de plus sérieux que des études, je vous le demande ?  J’ai moi-même mené des études littéraires. Ce qui ne m’a logiquement mené à aucune théorie littéraire.

Le genre est une notion qu’il serait bon d’étudier dès la prime enfance.  Notre bon gouvernement s’en est avisé.  Bientôt nos chèreux têteux blondeux seront en mesure de juger en toute objectivité de ce que sont bons et mauvais genre. Ainsi, ne pourront être considérés comme BCBG que des personnes répondant à des critères précis. A condition bien entendu que l’on étudie également,  dès le primaire,  le chic.

Sera bientôt révolu le temps où pour des raisons aussi arbitraires que relatives telle ou telle personne se voyait taxée d’avoir mauvais genre. Ainsi une femme portant une tenue tout à fait acceptable rue Blondel, se voyait-elle accusée d’avoir mauvais genre quand elle assistait à la communion solennelle du rejeton d’une famille intégriste. Cela n’aura plus lieu, et c’est tant mieux. D’ailleurs, si je ne m’abuse, grâce aux actions fermes de nos gouvernants successifs, il serait logique que les dames de la rue Blondel, s’il en reste, s’habillassent de manière adaptée à une cérémonie traditionaliste.

On ne peut donc qu’applaudir des deux mains notre bon ministre M. Peillon qui encourage des études aussi fondamentales et ce dès l’école maternelle.

Il n’y a pas de théorie du gendre!



Par beaucoup et longtemps, M. Michel Drucker a été considéré comme le gendre idéal.  Maintenant, seuls quelques nonagénaires s’agrippent désespérément à cette croyance, enfin, ceux dont la fille n’est encore ni mariée ni décédée. D’autre part, leur rêve est vain : Michel a une épouse et ce depuis des décennies. Comment  un bigame doublé d’un hypocondriaque pourrait-il faire un mari idéal ?

En fait, ce type (j’ai failli écrire « genre » !) de qualité  est attribuée sans fondement aucun. Tout ça par ce qu’il n’existe aucune théorie du gendre.  Il n’est même pas certain qu’aient été menées  des études du gendre dignes de ce nom. Et c’est bien dommage ! On en est réduit à des constatations empiriques.Le gendre est divers, le juger bon ou mauvais n’est basé que sur des a priori personnels, sujets à caution.

Certains gendres ont des théories sur tout. Ce faisant, ils se montrent ennuyeux en diable. Ce n’est pas  à eux d’en avoir mais SUR eux qu’il serait utile qu’on en élaborât.

Notons au passage qu’il n’existe pas  plus de théorie de la bru que d’études scientifiques sérieuses la concernant. Il est courant que leurs belles-mères considèrent leur gendre  comme un bon à rien doublé d’un fainéant et leur bru comme une salope dépensière. Il n’y a là rien de bien solide car il est arrivé qu’avant qu’ils ne divorcent pour partir filer le parfait amour  qui avec un travelo brésilien, qui avec  un marchand de peaux de lapins, gendre et bru aient été bien considérés voire même loués par leur belle famille.

Plutôt que de se déchirer en de vaines querelles sur une théorie du gendre ou des études du gendre qui restent  à établir il me semble donc que les Français devraient s’intéresser aux vrais problèmes du pays.Lesquels restent également à définir avec exactitude.