..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

mercredi 29 janvier 2014

Tout va très bien, Madame la marquise !




Regardant la dernière vidéo du bon Archishmock je n’en crus pas mes oreilles. Ce fin observateur des réussites hollandaises y annonçait entre autres choses que les investissements étrangers en France avaient, en 2013 baissé de…   ...77 % ! Je crus que mes oreilles, à l’instar d’autres organes, me jouaient des tours ou qu’Archi mentait ou avait mal lu.

Comme aurait fait un  journaliste indigne de ce nom, je me mis en devoir de vérifier l’information (les bons se dispensent de cette inutile corvée). Mes recherches m’amenèrent à un article  du Monde qui corroborait les dires du blogueur. Mais après tout, me dis-je, les auteurs dudit article n’ont peut-être pas les yeux en face des trous. Vu qu’ils citaient comme source de leur information un rapport de la CNUCED (Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement), je me mis en devoir de trouver ce dernier et y parvint. Le rapport donnait le même chiffre !  Mazette, me dis-je, que nous voilà mal barrés !  Un peu plus de 13 milliards d’Euros qui ne tombent pas dans notre escarcelle, c’est pas rien ! Ça ne va pas arranger notre balance des paiements !

 

J’avais tort !  Les services de M. Moscovici ont bien vite relativisé l’affaire : « Le rapport de la Cnuced ne se focalise pas sur les investissements créateurs d’emplois mais prend tous en compte tous les mouvements financiers. Résultat, des pays non industrialisés se retrouvent très bien classés ». Or tout le monde vous le dira, les investissements créateurs d’emploi sont les seuls qui comptent. Et là on est des champions : « Bercy rappelle que la France demeure pour les investissements qui créent ou sauvegardent des emplois la troisième destination en Europe derrière le Royaume-Uni et l’Allemagne ». Troisième, c’est quand même un podium… Et puis, il faut bien le dire, la CNUCED, c’est des rigolos qui disent n’importe quoi pour faire leurs intéressants.  En fait, selon Bercy, « Il devrait y avoir un repli mais infiniment moindre que celui avancé par la Cnuced » Un repli moindre, en Socialie, c’est ce qu’on appelle une avancée. Et puis, franchement, la balance des paiements, qu’est-ce qu’on en a à faire, hein ? La plupart des Français ne savent même pas ce que c’est, alors…

 

Puisqu’on vous dit que tout va très bien !

 

NB : Les citations de mon dernier paragraphe sont extraites d’un article qui suit immédiatement l’article du Monde que j’ai mis en lien.


Santé, quand tu nous tiens…



Ma santé m’emmerde, j’en ai déjà parlé dans un billet en juin dernier.  Et voilà que ça recommence… Me plaignant de douleurs abdominales récurrentes au bout desquelles une cure de Baffrothérapie n’a su venir, je m’en suis ouvert à mon bon docteur lors de ma visite trimestrielle. Du coup, analyses puis revisite. Les analyses étant plutôt bonnes, histoire d’en avoir le cœur net, mon praticien me prit un rendez-vous avec un gastro-entérologue. Je m’y rendis hier. Il m’écographia  le foie, les reins et tout un tas d’autres bidules qu’on a à l’intérieur (sauf accident grave).

Et le verdict tomba : rien d’anormal en dehors d’une stéatose hépatique sévère ! C’est d’autant plus ennuyeux que cette accumulation de triglycérides dans le foie n’est pas à l’origine de mes symptômes. Ainsi, sans pour autant avoir grossi voici que mon foie souffre de la même maladie que celui de l’oie quand il devient gras.

Du coup, me voilà condamné à une nouvelle visite chez mon médecin traitant, à de nouvelles analyses lesquelles entraîneront une nouvelle visite… Nul doute qu’en plus il me sera vivement conseillé de réduire mes consommations de whisky et de vin. Or la modération n’est pas ma principale aptitude.  Maintenant, si le choix est entre passer ce qui me reste de temps à traîner des problèmes digestifs ou me montrer plus raisonnable, j’avoue le trouver cornélien.  La longévité ne m’intéressant pas particulièrement,  ma tentation est grande de ne pas me priver. Quand, voici neuf ans déjà, le cardiologue de l’hôpital de Saint-Lô m’avait « interdit » le tabac, j’ai décidé de n’en tenir aucun compte.  Continuerai-je sur cette lancée ?

On verra bien… Toujours est-il qu’au cas où je persisterai dans mes erreurs, léguer mon foie à la science deviendra problématique. Il serait peut-être plus approprié que j’en fasse don à la charcuterie.

lundi 27 janvier 2014

Brassens et la Jeanne




Je ne suis pas resté fidèle à ma jeunesse. Et elle me l’a bien rendu en foutant le camp… Idées, amis, amours, chanteurs, chanteuses, auteurs, j’ai tout oublié de mes passions juvéniles. Sauf une : Georges Brassens.

De ce temps lointain il est le seul à surnager quand tant ont, à mes yeux, fait naufrage. Brel, Brassens Barbara, tel était le trio quasi-obligatoire du petit bourgeois adolescent des années soixante. Plus tard sont venus s’ajouter Ferré et Leonard Cohen. Brel me fatigue, je trouve Barbara kitsch en diable, Léo d’une lassante grandiloquence gauchiarde et Cohen indispensable à toute suicide-party.

Reste M. Brassens. Oh, pas tout. Mais tant !  La rencontre est bien ancienne. Deux cousins plus âgés me le firent connaître dès les années cinquante. Pour eux, c’était une célébrité locale. François était de Lanvollon (Côtes d’Armor), Bernard habitait rue de l’Ouest, dans le XIVe. S’étant établi chez nous lors d’un stage à Paris, le premier écoutait ses premiers disques en boucle…

Si le côté anar, paillard fut ce qui enchanta mon adolescence, le temps maintint intact l’émotion d’autres textes tout empreints d’humanité comme Les beaux assassinats, La marche nuptiale ou  Jeanne. Je retrouvais mon  pacifisme dans La Guerre de 14-18 ou Les Deux oncles… La liste n’est pas exhaustive, loin de là…

Et puis,  il y a quelques jours au hasard d’un lien sur facebook, je suis tombé sur ce documentaire évoquant la curieuse relation entre la Jeanne et Brassens, relation d’abord amoureuse entre un jeune homme d’un peu plus de vingt ans et une femme de trente ans son aînée, se transformant au fil des années en amitié jalouse (de la part de Jeanne) et fidèle (réciproquement) puisqu’il continua d’habiter le taudis de l’impasse Florimont plus de dix ans après avoir rencontré le succès. J’en fus profondément ému. J’avais entendu parler de jeanne Le Bonniec bien avant, je savais qu’elle l’avait recueilli et que L’Auvergnat était dédié à son ivrogne de mari, mais j’ignorais la nature insolite de leur longue relation.  Cela m’a rendu encore plus sensible au magnifique hommage que Brassens lui rendit en 1962 et dont les paroles suivent (si vous souhaitez l’entendre, c’est ici) :

Chez Jeanne, la Jeanne,
Son auberge est ouverte aux gens sans feu ni lieu,
On pourrait l'appeler l'auberge du Bon Dieu
S'il n'en existait déjà une,
La dernière où l'on peut entrer
Sans frapper, sans montrer patte blanche...

Chez Jeanne, la Jeanne,
On est n'importe qui, on vient n'importe quand,
Et, comme par miracle, par enchantement,
On fait parti' de la famille,
Dans son cœur, en s' poussant un peu,
Reste encore une petite place...

La Jeanne, la Jeanne,
Elle est pauvre et sa table est souvent mal servie,
Mais le peu qu'on y trouve assouvit pour la vie,
Par la façon qu'elle le donne,
Son pain ressemble à du gâteau
Et son eau à du vin comm' deux gouttes d'eau...

La Jeanne, la Jeanne,
On la pai' quand on peut des prix mirobolants
Un baiser sur son front ou sur ses cheveux blancs,
Un semblant d'accord de guitare,
L'adresse d'un chat échaudé
Ou d'un chien tout crotté comm' pourboire...

La Jeanne, la Jeanne,
Dans ses rose' et ses choux n'a pas trouvé d'enfant,
Qu'on aime et qu'on défend contre les quatre vents,
Et qu'on accroche à son corsage,
Et qu'on arrose avec son lait...
D'autres qu'elle en seraient tout' chagrines...

Mais Jeanne, la Jeanne,
Ne s'en souci' pas plus que de colin-tampon,
Etre mère de trois poulpiquets, à quoi bon
Quand elle est mère universelle,
Quand tous les enfants de la terre,
De la mer et du ciel sont à elle...