..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

mardi 14 janvier 2014

Lapin à la moutarde



Après trois billets consacrés aux aventures d’un chaud lapin sans grand intérêt, il est grand temps de revenir à des préoccupations plus sérieuses. Je vous propose donc  une recette de lapin qui devrait réjouir vos papilles.

Il est essentiel de posséder  un lapin. Pour cela, plusieurs possibilités. On peut se le procurer vivant, en l’élevant ou en le volant à quelque éleveur du voisinage. Dans ce cas, il faudra préalablement lui ôter la vie, le saigner, le dépecer et l’éviscérer car le découper en morceaux de son vivant serait cruel et je vous fais le crédit de penser que vous ne l’êtes pas. On peut également en faire l’emplette  (ou le voler) chez un volailler, un boucher, ou dans tout établissement d’une chaîne de la grande distribution. Dans ce cas, il sera prêt à cuire. D’autant plus que vous aurez demandé au boucher de vous le découper en morceaux. A moins que vous ne préfériez assurer vous-même ce découpage afin d’amortir le joli hachoir dont la possession vous enchante.

Quelle que soit la manière dont vous y êtes parvenu, vous êtes maintenant l'heureux propriétaire d’un lapin mort, dépecé, dûment éviscéré et découpé. Nous allons donc pouvoir commencer.

Il vous faudra, en plus du cadavre de rongeur découpé en morceaux, les ingrédients suivants :

60 g de beurre
Un pot de crème fraîche (20 cl)
Une cuillerée à soupe de moutarde forte
Thym
Whisky

Tandis que votre four préchauffe afin d’atteindre 240° C, à l’aide d’une fourchette, mélanger  le beurre et la moutarde (afin de ramollir le beure, mettez-le dans un bol dont le fond baignera dans une casserole d’eau chaude mais non bouillante : il ne doit pas fondre, seulement ramollir). Le mélange devenu homogène, à l’aide d’un pinceau,  en badigeonner les morceaux de lapin disposés dans un plat allant au four. Saler, poivrer,  saupoudrer de thym.

Les 240° C atteints, enfourner. Laisser cuire à cette température de 10 à 15 minutes puis sortir le plat et le recouvrir d’une feuille d’aluminium. Réduisez la température de votre four à 180° C, enfourner et laisser cuire pendant 20 à 25 minutes supplémentaires.

Mettez à profit le quart d’heure qui suit pour  prendre l’apéro (vous pouvez remplacer le whisky par tout breuvage ou cocktail à votre goût).

Dans une casserole, faire chauffer la crème  sans la porter à ébullition. Retirer du feu, saler, poivrer, ajouter une ou deux cuillerées à soupe de jus de cuisson du lapin et de la moutarde forte (plus ou moins selon votre goût), mélanger, goûter, rectifier éventuellement.

Disposer  les morceaux de lapin dans un plat de service. Accompagner de riz. Napper de sauce.

Et voilà.

lundi 13 janvier 2014

Mais qui veut la peau du bouffon ?


Je ne vais pas parler de nouveau de M. M’bala-M’bala dont seuls quelques Martiens peu attentifs aux affaires terrestres ignorent l’identité des ennemis (je parle évidemment de tous les amoureux d’une république dont ses propos sapent les fondements les plus sacrées) mais de notre (pas très)  bien aimé président.

D’ordinaire, quand un journaliste apprend les frasques d’un président, il fait celui qui n’a rien vu, genre : 
      - Dis donc, Coco, le gars qui est en train de culbuter ta femme sur les poubelles, ça serait pas le président ?
        - Qui qu’tu dis qui culbuterait qui où ça ?
        - Ben, là, le président, ta femme, sur les poubelles !
         - Moi, je vois rien.
         - A bien y réfléchir, moi non plus je ne vois rien du tout. On retourne au bistro ?

Comment se fait-il que dans le cas présent un organe de presse, fût-elle de caniveau, se mette à raconter, photos à l’appui, les peccadilles du chef de l’État ? Sa « normalité » ferait-elle de lui une personne ordinaire ?  Mais des galipettes des gens ordinaires, nul n’a souci ! Si ma boulangère s’envoie en l’air avec le commis, ça n’intéresse qu’elle, le commis et parfois le boulanger qu’il soit jaloux (de sa femme ou du commis, soyons moderne) ou préoccupé par la baisse de productivité que ces ébats entraînent .Seules celles des peoples intéressent. Le président n’est pas un people. Il est un  exemple pour le peuple. Un mauvais exemple diront beaucoup, mais un exemple tout de même.
En imaginant qu’un journaliste ait auparavant osé évoquer quelque incartade présidentielle, on peut penser qu’au cas où la Première Dame en eût été marrie au point qu’on ait dû lui prodiguer des soins, ça aurait probablement donné la conversation qui suit

        - Dis-donc, Coco, y’a notre informateur de l’Hôtel Dieu qui nous dit que suite à la liaison du président avec Pauline Carton, Mme Y de G (j’ai choisi des initiales au hasard) serait hospitalisée en état de grande détresse dans le service du Professeur X.
          - N’importe quoi ! Ça ne peut être qu’une homonymie, des Y de G, j’en connais des tas.
                     -  Ben, il dit qu’elle est arrivée dans une DS noire immatriculée 1 PR 75, avec cocarde.    
         - Et qu’est ce qui nous dit que c’est pas une voiture volée ? Purée, les gens ne respectent plus rien ! Faudrait qu’on fasse un papier sur les vols de voitures officielles.
          - Ça, c’est une bonne idée, Coco. On va en discuter au bistro ? 

Comment se fait-il qu’un journal dont le titre rappelle le gentilé d’une célèbre capitale Ouest-Européenne, ait révélé la présence de Mme V. T. dans un hôpital parisien, information ensuite confirmée par ses services ? Se contrefoutrait-on de la discrétion qui devrait normalement entourer les problèmes de santé  d’une personnalité publique ?
Ces deux « indiscrétions » inclinent à penser que quelque part il existe une voire des personnes qui  voudraient mettre des bâtons dans les roues du scooter présidentiel. C’est d’autant moins élégant qu’un tel désir s’apparente, vue la présente popularité de notre chef (pas très) bien aimé,  à du tir sur ambulance.  Pratique unanimement peu prisée.

Je dis ça, je dis rien, hein ? Voir des complots partout n’est pas mon genre. Seulement tout ça m’intrigue…

dimanche 12 janvier 2014

De la caleçonnade au mélo



On dira ce qu’on voudra, mais avec M. Hollande on ne s’ennuie pas ! Jamais de temps morts. Après les révélations sur les escapades nocturnes en scooter du pédalonaute, voilà que le Parisien (relayant le cabinet de la dame) nous  confirme que la pote du président (quel autre titre lui donner, vu qu’elle n’est ni concubine ni épouse et que pour le reste le doute s’installe) a été «  hospitalisée vendredi, après la révélation d'une relation entre le président François Hollande et l'actrice Julie Gayet, pour "prendre du repos et subir quelques examens" », nous faisant osciller entre farce et drame bourgeois.

Sans mettre en doute les sentiments de cette brave dame, ce nouveau rebondissement m’intrigue. Si, comme l’imprimait Closer, le tourtereau et sa tourterelle ne logeaient plus ensemble dans leur appartement du XVe et que cette dernière se trouvait reléguée dans une aile du palais de l’Élysée, n’est-il pas étonnant qu’une personne aussi futée qu’on la devine ne se soit pas un peu doutée qu’il y avait anguille sous roche (ou plutôt maîtresse sous François) ? Surtout qu’il semble que la rumeur courait le Tout-Paris…

On est donc en droit de se demander si plus que de la douleur qu’inflige aux âmes sensibles et pures une déconvenue, la belle Valérie ne souffrirait pas d’une blessure d’orgueil suite à l’étalage sur la place publique des galipettes présidentielles. Blessure d’autant plus grave que sa position éminente n’est due qu’à son statut de maîtresse, si tant est qu’une telle « qualité » confère à qui que ce soit le moindre statut ailleurs qu'en Hollandie. Avec les derniers rebondissements, le strapontin qu’elle occupe (car comment parler de trône ?) vacille bougrement et ce doit être très ennuyeux pour une personne avide de jouer un rôle de premier plan.

Mais tout de même, n’y avait-il pas une autre solution que de se faire hospitaliser comme eût fait une midinette sentimentale aux nerfs fragiles ?  N’avait-elle pas d’amis où de famille chez qui se réfugier pour soigner discrètement ses tourments  sans que la presse puisse en être avertie ? 

Ce nouvel épisode des amours présidentielles ne fait que confirmer le naufrage moral des élites autoproclamées. Quand on se voit, même à tort, attribuer le titre de « Première Dame de France » a-t-on le droit d’adopter le comportement d’une madame Michu qui aurait « ses nerfs » ?  Celles qui l’ont précédé ont du avaler bien des couleuvres. Elles l’ont fait avec dignité, fortes de leur statut d’épouses. Le « couple » Hollande-Trierweiler, n’étant basé sur rien, il ravale ce genre de démêlés à un niveau indigne. Le président se voulait normal. Il ne peut désormais  prétendre l’être qu’en fonction de la norme qui régit le mélodrame. Est-ce bien compatible avec sa fonction ?

Horace, le retour…



“Sic eat quaecumque romana lugebit hostem !” aurait, selon Tite-live, déclaré le seul survivant des frères Horace. On ne peut pas dire qu’il y allait avec le dos de la cuiller ! On pourrait même le qualifier de sévère. Surtout quand on connait les circonstances de sa déclaration et un peu de latin. Pour ceux qui ignoreraient les deux voici des explications : alors que Rome et Albe étaient en conflit il fut décidé que pour départager les deux villes trois champions défendraient les couleurs de chacune lors d’un combat à mort. Pour Rome, ce furent les frères Horace. Pour Albe, les frères Curiace. Je vous passerai les détails (si vous n’écoutiez  que d’une oreille distraite les cours sur la belle tragédie que M. Pierre Corneille écrivit sur le sujet en 1639, allez vous-mêmes combler cette lacune). Toujours est il qu’après avoir perdu ses deux frères, Horace parvint à tuer un par un les Curiace. Content comme tout et fier comme un pou, ne voilà-t-il pas qu’alors qu’il revenait du combat chargé des trophées arrachés aux vaincus, sa sœur voyant qu’il portait la dépouille de son défunt fiancé (un Curiace), s’arracha les cheveux et  se mit à pleurer son amour. Sévèrement contrarié, Horace la transperça de son glaive et prononça les paroles précitées qui signifient  en bon français « Ainsi périsse toute Romaine qui pleurera un ennemi ».

On peut penser ce qu’on veut d’Horace, mais une chose est certaine : tête près du bonnet ou pas, il aurait bien du mal à s’insérer dans notre société de repentance ou pleurer l’ennemi est devenu la règle. Son acharnement à poursuivre l’ennemi de sa haine paraîtrait démodée.

Sauf si, bien entendu, l’ennemi se trouvait être un affreux nazi. Dans ce cas on peut continuer en toute bonne conscience à le haïr et à châtier qui le pleurerait ou serait simplement suspecté de le regretter voire de ne pas le haïr. A la libération, un Horace moderne, sans nécessairement aller jusqu’à tuer sa sœur, aurait donc pu la tondre sous les vivats d’une foule patriote en délire, même si cette dernière n’était pas en pleurs. Et aujourd’hui ?

Il y a quelques jours, un ancien Wafen SS a été inculpé pour avoir participé au massacre d’Oradour-sur-Glane. Le présumé innocent avait dix-neuf ans au moment des faits. Il en a aujourd’hui quatre-vingt-huit.  Bien entendu, il nie avoir tiré. Il montait la garde à l’entrée du village afin que nul n’entre ni ne sorte. Il aurait même sauvé deux Françaises.  Un brave homme, quoi.

Presque soixante-dix ans après ce drame, on continue de poursuivre ses coupables. Le problème, c’est que de ces protagonistes, il ne peut rester que des sous-fifres, de simples exécutants sans aucune parcelle de pouvoir.  Un officier subalterne (et donc soumis aux ordres de ses supérieurs) ne saurait aujourd’hui avoir moins de quatre-vingt-dix-ans. Quand aux officiers supérieurs ou généraux, ils seraient en passe de concurrencer Jeanne Calmant.  N’est-il pas un peu tard pour agir ? Surtout, si, comme le signale avec justesse M. Aristide, la justice ne se propose plus de punir. Elle préfère rééduquer. L’éventuelle sanction se veut  réformatrice.

Je ne voudrais pas me montrer pessimiste, mais de deux choses l’une : soit les soixante-dix dernières années auront permis aux bourreaux de revisiter  leurs erreurs de  jeunesse,  soit ils ont conservé un enthousiasme fervent pour les thèses d’Adolf et leur capacité à se réformer grâce à un salutaire séjour dans la section gériatrique d’une geôle rédemptrice est sujette à caution.

Si les crimes de guerre avaient du  être punis, c’était il  y a quelques décennies, à l’époque où l’ancien nazi se comptait encore par millions et  où au sein de ces millions se trouvaient encore, par milliers, des gens que leur niveau hiérarchique pouvait faire considérer responsables. Et qu’on peut supposer avoir encore tenu des fonctions importantes. Seulement, juger et punir tant de monde n’eût pas été une mince affaire : n’aurait-on pas, en le décapitant,  plongé le pays dans l’anarchie (et pas seulement l’Allemagne ?). Alors, on fermait les yeux. La mode était plus au devoir d’oubli que de mémoire. Ainsi put se construire l’Europe…

Maintenant que presque tous les acteurs et bien des témoins sont allés vérifier si, absorbé par la racine, le pissenlit a meilleur goût, maintenant qu’on a enfin atteint une vision aussi manichéenne que fausse d’un temps révolu, on peut sans problème poursuivre de quasi-fantômes avec toute la hargne qu’ils méritent. Il arrive même qu’après leur mort, on les censure comme naguère Horst Tappert.  A la différence d’Horace, on n’agit plus sous le feu de l’action mais au nom d’une mémoire sacralisée. Est-ce bien raisonnable ?

samedi 11 janvier 2014

Et si c’était une machination ?



Ce matin, comme tout Français avide d’information j’ai fait l’emplette de Closer publication que M. Michel Desgranges  décrivit  comme suit dans son excellent billet d’hier: « magazine assez semblable au quotidien-vespéral-de-référence mais avec des images en couleurs et plus de sérieux dans l'information ». Je voulais  vérifier par moi-même si le reportage photo consacré aux soi-disant amours de notre cher président et d’une (presque) jeune comédienne emporterait ma conviction et serait de nature à dissiper les doutes qu’une longue nuit d’insomnie avait fait naître en mon esprit.

Eh bien ce fut raté !  Que voit-on, sinon un homme non  identifiable (il porte un casque de motard) grimpé à l’arrière d’un scooter ?  Ce même homme pénètre ensuite (toujours casqué) dans un immeuble où, d’après la légende serait, quelque temps avant, entrée l’actrice en question. Rien ne prouve que cet homme soit celui qui préside, avec le succès que l’on sait, aux destinées de notre glorieuse nation. L’article qui accompagne le photo reportage donne davantage de précisions sur cette prétendue liaison. Mais en dehors de ces assertions gratuites, rien de bien convaincant.

Quelque chose me turlupine dans cette histoire : comment se fait-il que Closer ait osé parler d’un tel sujet ?  Les complotistes vous diront que cette parution fait partie du groupe Mondadori, propriété de M. Berlusconi sur lequel M. Hollande a tenu des propos peu amènes. Ils y verraient une vengeance.  Je ne suis pas complotiste. La question reste donc posée. D’ordinaire, quand un président court la gueuse, la presse, même people, fait semblant de ne rien voir. On respecte le mur de sa vie privée,  même si et d’autant plus que, celui-ci manque d’opacité et que les turpitudes présidentielles sont de notoriété publique. Comment expliquer cette exception ? Parce que M. Hollande est de gauche ? Ça ne tient pas : M. Mitterrand ne l’était pas non plus et on fermait les yeux. Parce qu’il est petit,  porte des lunettes et que c’est toujours sur ceux-là qu’on s’acharne ?  Ce serait attribuer de bien bas instincts à ceux qui, au péril de leur vie, nous tiennent informés.

Il y a donc mystère. Curieusement, le président lui-même, plutôt que de contester la véracité de l’affaire, comme vous et moi ferions, parle d’atteinte à sa vie privée. C’est tout juste s’il n’invoque pas le droit inaliénable de tout homme à aller se faire dégorger le poireau ( droit qui, s’il n’est pas inscrit dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, est solidement enraciné dans les âmes) !  Il y a donc reconnaissance des faits.

Tout cela est troublant et je me demande si nous ne serions pas en présence d’un coup monté, d’un ballon d’essai. Un peuple ingrat tend à n’apprécier que moyennement les effets  pourtant si positifs de sa magistrale politique. Sa cote de popularité atteint des bas  jusque là ignorés.  Et si le fait de se faire passer pour un chaud lapin, même si sa nature comme son sens du devoir l’en préviennent, lui attirait la sympathie d’un peuple toujours amateur de gaudriole ?   C’est ça qui serait bien !

Bon, demeure le risque que le succès ne soit pas au rendez-vous de cette manœuvre . En ce cas, qu’est-ce qui nous dit que ne paraîtront pas des photos complémentaires montrant, sans casque cette fois-ci mais toujours sur le même scooter piloté par le même motard et aux mêmes endroits, une personne dont le visage ne correspondrait ni de près ni de loin à celui de notre grand homme ?  Je vois bien, en première page de Closer, le titre « On vous a bien eus ! » et en pages intérieures un article racontant le montage de cette supercherie. Du coup, remontée dans les sondages, car le Français aime à rire et rien ne lui plaît plus que de voir à la tête de l’État un farceur (ce qui explique l’élection de M. Hollande et de quelques uns de ses prédécesseurs).  Du coup, plutôt que de s’intéresser au chômage qui monte ou au niveau de vie qui descend, nos compatriotes attendront avec impatience la prochaine facétie présidentielle pour rire à gorge déployée.

Entendons-nous bien : il ne s’agit pas là d’affirmations, juste de conjectures. Seule la suite nous dira si j’ai tort ou raison.