..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

jeudi 11 juillet 2013

A bas l'Europe !

Sur Facebook, je tombai par hasard sur cet article. L’intitulé m’intrigua. D’abord parce que je pensais qu’Helmut Schmidt était depuis longtemps parti dévorer à belles dents les pissenlits par la racine. Ensuite parce que sa décision de stocker 38 000 cigarettes m’intriguait (d’autant plus que ce chiffre impliquait qu’il achetât des paquets de dix-neuf).  Pourtant, jusque là tout allait bien. C’est quand j’en appris la cause que mon humeur changea.

Ainsi, l’Union Européenne a pris de nouvelles mesures anti-tabac.  On va faire monter la surface des avertissements sur les paquets de 40 à 65%. Vu la baisse impressionnante de la consommation  qu’a entraîné la présence de ces «  avertissements », on comprend l’urgence qu’il y a à l’augmenter. Mais ce qui fonda mon ire fut une autre mesure : l’INTERDICTION DES CIGARETTES NENTHOLÉES !  Oui, vous avez bien lu ! Et ceci d’ici trois ans.

Pourquoi ? Mystère ! Je suppose que c’est basé sur l’idée qu’aromatisé le tabac se fait plus doux et donc plus attirant pour les jeunes ou une connerie comme ça. De là à priver votre serviteur et ce bon vieil Helmut de leur poison préféré…

N’aurait-on pas pu en interdire la vente aux moins de 40 ans ?  Non, comme toujours l’Europe prend une mesure brutale sans s’inquiéter des douleurs qu’elle inflige.

Mon histoire avec les mentholées remonte au printemps 1974. Je vivais alors à Londres et fumais auparavant des Gauloises Disque Bleu filtre. Pour m’en procurer, je devais faire des kilomètres. Et pour une raison qui m’échappe, d’un seul coup comme ça, je me suis mis  à tourner le dos au caporal pour  fumer des Dunhill menthol. Rentré en France, le prix de ces cigarettes me fit me tourner vers ce qui s’en approchait le plus dans la gamme des produits de la défunte SEITA : les Royale menthol longues.  Et depuis je leur suis demeuré fidèle. Vous ne m’en ferez pas fumer des courtes ou des non mentholées.

Que vais-je devenir ? Me verrai-je, la mort dans l’âme, contraint d’arrêter de fumer, privant ainsi notre cher état de substantielles rentrées fiscales et prolongeant de quelques années ma vie augmentant ainsi le déficit de l’assurance vieillesse ?  Chercherai-je à adoucir la peine que me causera cette absence d’arôme en augmentant ma consommation de cette liqueur qu’on distille dans les Highlands boostant ainsi un taux de triglycérides déjà bien trop élevé ?

Je devenais au fil du temps de plus en plus Eurosceptique.  Cette mesure imbécile est la goutte d’eau qui met le feu aux poudres : je voterai l’an prochain pour le parti qui se montrera le plus anti-européen.

mercredi 10 juillet 2013

Deux ans déjà !



Voici deux ans que je quittai de manière définitive les confins de la Beauce et du Perche pour m’installer dans les vertes collines du Mortainais. Ce déplacement géographique s’accompagnait d’un changement de statut : d’esclave, je devins homme libre. En tant que tel j’aurais, si l’on en croit Baudelaire, dû chérir la mer mais mes préférences allaient vers la campagne qui présente le double avantage d’être moins salée et bien moins liquide quoi qu’on dise du climat normand.

Il faut dire que depuis quelques années j’avais de plus en plus de mal à supporter les contraintes diverses qu’impose toute activité salariée. Je me souviens avoir évoqué la question avec un collègue prof, retraité depuis quelques années déjà. Selon lui, durant  la première année d’oisiveté, on se sentait merveilleusement libre mais cet heureux sentiment était de courte durée  et bien vite on se sentait socialement inutile. Me sentant déjà  d’une parfaite inutilité sociale, je doutai de jamais partager ses angoisses.

Au bout de deux ans j’en ai eu la confirmation : la retraite et la liberté qu’elle offre me conviennent parfaitement. En fait, j’en suis venu à la conclusion que j’avais une vocation de rentier. Certains  esprits chagrins argueront qu’entre enseignant et rentier la différence est bien mince, voire inexistante.  Laissons-les à leurs sarcasmes. Ayant eu l’honneur et l’avantage d’expérimenter la vie  de prof et celle de commerçant, j’en ai conclu que si leurs inconvénients et leurs avantages diffèrent, aucun de ces deux statuts n’approche en sérénité celui de l’oisif. Encore faut-il, pour en profiter pleinement,  être naturellement doué  ou avoir tiré de la vie certaines leçons.

Dire que j’étais né pour serait excessif. Comme bien d’autres, étant jeune, j’avais de l’ambition. A un désir de réussite universitaire succéda celui de gagner de l’argent. Ces fumées dissipées, j’en suis venu à me dire que plus que des relatives satisfactions de vanité qu’apportent argent ou statut, j’avais surtout besoin de paix et de liberté.

Cette oisiveté est relative. Rares sont les jours où je ne bricole, jardine, lise, cuisine ou écrive. Je ne m’imagine pas passer des journées entières devant un poste de télé ou à m’écouter pousser les cheveux. Seulement, c’est moi qui décide et de l’activité et du temps qu’elle me prendra. Toute contrainte extérieure me perturbe désormais.  Le moindre rendez-vous m’est une épreuve aussi n’en ai-je pratiquement plus.  Combien de temps cela durera-t-il, ne me verrai-je pas, l’âge avançant, envahi par le pesant ennui ?  Qu’importe ? Ce n’est pas à l’ordre du jour et si je pouvais, ne serait-ce que quelques années encore, continuer de mener le genre de vie qui me convient, je me considérerai heureux.

mardi 9 juillet 2013

La parole libérée



A un commentaire que j’eus la faiblesse de laisser  sur le blog d’un antisarkoziste notoire, il me fut répondu ce qui suit :
« Non cher ami, juan n’a pas une vision simpliste. Il n’est qu’à écouter M. Lepen lorsqu’un journaliste ou un auditeur pose une question qui l’oblige à répondre clairement pour l’entendre proférer des énormités odieuses dignes de son père. Elle ment avec un aplomb superbe et essaie de camoufler derrière un patriotisme revendiqué une vision de notre pays parfaitement incompatible avec son essence et son histoire , sans parler de la brutalité cynique de ses positions sur les immigrés ou les étrangers d’une manière générale. Ces gens -là, s’il arrivait qu’ils accèdent au pouvoir détruiraient notre pays et arriveraient à mettre le feu en Europe.
« Il est encore fécond le ventre de la bête immonde » écrivait Berthold Brecht. Il n’ y a qu’une seule attitude possible envers les fascistes: la lutte à mort parce qu’ils nous l’imposent.
Si vous n’en êtes pas convaincu; j’ai bien peur qu’un jour prochain vous ayez à les subir. Et il sera trop tard. J’espère de toutes mes forces ne pas voir cela avant de quitter ce monde. »

C’est moi qui souligne cette phrase révélatrice. Ne croyez pas qu’il s’agisse des propos d’un ultra gauchiste rabique. Celui qui écrit ces mots se définit comme un vieux militant socialiste, « comme Gérard  Filoche ».

On nous a beaucoup parlé dernièrement de la « parole libérée » de la droite. Selon nos amis de gauche, les propos inacceptables de certains leaders de la droite dite « républicaine » auraient eu pour effet de banaliser les opinions non moins inacceptables du FN et de favoriser  des discours chargés de haine.  Certes.

Outre le fait que, selon les mêmes, une parole se devrait d’être contrainte,  ce brave vieux nous montre si nécessaire que la parole n’a besoin d’aucune libération à gauche, vu qu’il est parfaitement admis qu’il faille « lutter à  mort »  contre les « fascistes » et cela « parce qu’ils nous l’imposent ».

Ça me rappelle une fausse publicité dans le Brand new bok des Monty Python  vantant les mérites d’un art d’auto-défense Gallois (Le LLap-goch) dont le principe de base était le suivant : si la meilleure forme de défense est l’attaque et que l’élément essentiel  de toute attaque réussie  est la surprise, la meilleure manière de vous protéger de tout assaillant est donc de l’attaquer avant qu’il ne vous attaque ou mieux  avant que l’idée même de vous attaquer ne lui soit venue à l’esprit.

Ainsi, ce vieillard pacifique autant que débonnaire se voit-il donc contraint à une lutte à mort contre les « fascistes » avant même que ceux-ci  n’aient songé à engager le moindre combat. Sans compter que c’est lui et ses pareils qui décident qui est « fasciste » et qui ne l’est pas.

On peut aisément deviner qu’à ses yeux si vous ne sautez pas de joie à l’idée du « mariage pour tous », si l’immigration de masse ne provoque en vous qu’un enthousiasme modéré, si vos conceptions de l’histoire de la France diffèrent  des siennes, si vous professez un patriotisme de mauvais aloi (et probablement un patriotisme tout court), vous serez, quels que soient votre pacifisme et votre profond respect des institutions démocratiques, un « fasciste ». Si vous et une majorité de vos concitoyens, par votre vote,  portiez au pouvoir des gens susceptibles de mettre en pratique vos nauséabondes conceptions, vous lui imposeriez la lutte à mort. Rien moins.

Ces gens-là seraient risibles s’ils n’étaient inquiétants.

lundi 8 juillet 2013

Catéchisme



J’aimais bien le catéchisme.  Pas tant pour la religion que parce que chaque lundi, la séance terminée, la brave femme qui guidait nos pas nous servait un café au lait accompagné de biscottes beurrées et que ce goûter m’était un pur délice.

Notre catéchiste s’appelait Madame Gérard. Cette vieille et corpulente dame partageait un pavillon en meulière avec une amie nommée Madame Antoine qui en était propriétaire. En fait, je l’appris ensuite, ces deux noms n’étaient pas leurs véritables  patronymes. Suivant une ancienne coutume banlieusarde elles s’appelaient par le prénom de leur défunt mari. Madame Antoine était auvergnate. Et comme il se doit elle avait tenu un bistrot avec son bougnat de mari avant qu’il ne décède. C’est ainsi qu’était née leur amitié car notre catéchiste avait connu de mauvaises passes. Pour des raisons que j’ignore ou sans raison du tout Madame Gérard était, comme on disait, tombée dans la débine : boisson et déchéance.  La bonne bistrotière l’avait prise sous son aile, l’avait aidée à sortir de ce mauvais pas et, prenant sa retraite,  avait souhaité continuer de bénéficier de sa compagnie.

Toutes deux grandes et fortes dames (tout adulte paraît grand à cet âge !), elles étaient cependant dissemblables. Madame Antoine, en bonne commerçante, était d’un abord sympathique et de physionomie avenante tandis que son amie était rude de manières et de caractère.  Les leçons se passaient  sans qu’aucun gamin ne bronche. Un  regard suffisait pour ramener les distraits à plus d’attention. Je ne me souviens pas de ce qu’elle pouvait bien nous raconter mais je suppose que la brave dame avait, par osmose, contracté auprès de sa compagne la foi du charbonnier et que la haute théologie n’était pas vraiment sa tasse de thé.

Entre autres traits marquants, la bonne paroissienne avait une  curieuse tendance à systématiquement déformer les noms des personnes. Ainsi le brave abbé Salinoc, vieux prêtre breton fidèle à la soutane, vit-il son nom « occitanisé » en Solignac. Cette manie rendait la conversation difficile car, sauf paronomase et contexte clair, on ne voyait pas toujours de qui elle parlait.

En dehors du catéchisme, il arrivait que je lui rendisse de menus services. Sa corpulence et son âge lui rendant de longues marches pénibles, je me voyais chargé, durant les vacances d’été du marchand de journaux voisin,  d’aller acheter son quotidien au diable vauvert. Je crois qu’il s’agissait de la septième et dernière édition de  France-Soir. Pas question d’en acheter une autre. La consigne était claire et au cas où le marchand n’avait que la sixième je restais à faire le pied de grue jusqu’à l’arrivée de la bonne édition. Je me chargeais occasionnellement d’autres courses et ceci avec enthousiasme, plus appâté par les récompenses que motivé par un altruisme profond. En effet, mon zèle se voyait récompensé par une pièce de cinq francs (anciens !) qui m’autorisait au bout de cinq jours à compléter ma collection d’images d’animaux d’une nouvelle planche.  Sans compter un somptueux goûter (biscottes et café au lait) de temps à autres.

Dieu seul sait comment, alors que je faisais mon tour matinal de jardin, le souvenir des deux braves vieilles m’est revenu…  La joviale comme la bourrue ont depuis bien des lustres quitté cette vallée de larmes. Si, sans trop ennuyer le lecteur, j’ai pu les ramener un instant à la vie, ce sera déjà ça. Sans compter que dégoiser politique alors qu’il fait si beau….

dimanche 7 juillet 2013

Dur, dur, d’être papa !



Le titre de ce billet plagie honteusement l’inoubliable succès de Jordy. «  Dur, dur, d’être bébé » constatait le jeune chanteur. Je ne sais s’il a raison. Mes souvenirs de cette lointaine période de ma vie, si j’en ai jamais eu, se sont totalement estompés. Reste qu’être père n’est pas de la tarte et que ça dure bien plus longtemps. Mon « bébé » se dirige d’un pas assuré vers la trentaine et elle envisage de changer d’emploi. Cette recherche a des conséquences.

Ainsi mes conseils éclairés sont-ils sollicités lorsque lettre de motivation il y a. Je deviens correcteur orthographique et éventuellement « reformulateur ».  En début de semaine dernière une nouvelle mission me fut assignée. Envisageant de s’installer au Luxembourg, ma fille avait besoin d’un Curriculum Vitae rédigé en anglais. Rebutée par la difficulté de la tâche, elle eut l’idée généreuse de solliciter mon aide pour la mener à bien. J’acquiesçai.

Je ne me doutais pas d’à quel point l’épreuve serait rude. Une première  version du document à traduire me parvint au format PDF.  Je la lus et là commença mon angoisse.  Le document me parut très long, trop détaillé et surtout jargonnant. De plus, tout bon ou médiocre traducteur vous le confirmera, pour un bon résultat, on traduit toujours de la langue originale vers la sienne et non le contraire. Quand,  pour tout arranger, on comprend mal l’original, ça se corse bougrement.  Me sentant d’emblée incapable de mener à bien ce pensum, je saisis mon plus beau téléphone et fis part de mes doutes à l’intéressée. Je lui suggérai de faire plus court, moins détaillé, moins jargonnant. En vain : il était, selon elle, indispensable que tout soit gardé. Je lui dis qu’alors ça risquait de prendre du temps, beaucoup  de temps et réclamai une version « Word » afin de pouvoir  écrire ma traduction sous l’original.

Je me résignai et me mis au travail le soir même. Deux heures de labeur plus tard, je n’avais pas beaucoup avancé tant les vocabulaires de la grande distribution et de la finance m’étaient inconnus. Je trouvai un site fournissant des traductions de phrases qui me fut d’un grand secours. Un rien découragé, je m’en fus me coucher. Au réveil je pris une décision radicale : plutôt que traîner les pieds, j’allais m’atteler à la tâche et ne lâcherais l’affaire que terminée.  Ce fut long, pénible, harassant. Ce que je fis, aucune bête ne l’aurait fait, et c’est bien dommage car sinon je lui aurais refilé le bébé...  Au bout de huit heures de travail intense, seulement interrompues  par une courte pause sandwich, je pus envoyer le résultat à ma progéniture. Un long entretien téléphonique suivit afin de corriger d’éventuelles bévues dues à ma méconnaissance du sujet. Il y en eut très peu.

Aussi, le soir venu, je m’endormis, devoir accompli, du sommeil du juste.  L’exploit accompli, mon premier mouvement de révolte fut oublié et fit place à une douce satisfaction : n’est-il pas au fond préférable de se voir sollicité même pour une tâche ingrate, que d'être considéré comme un vieux con inutile ?