Si on écoute ceux qui causent, nous devons tout à la République.
Hors d’elle point de salut. On nous bassine tellement avec ses mérites depuis
notre plus tendre enfance que ça finit par être une vérité incontestable. Il y a
avant elle et depuis. Avant c’était très mal : un système féodal avec à sa
tête un roi sanguinaire secondé idéologiquement par une église corrompue jusqu’à l’os faisait
régner l’arbitraire. De honteux privilèges dus à la naissance ôtaient tout
espoir d’évolution personnelle. Le peuple était saigné à blanc par un système
fiscal injuste et confiscatoire ayant pour seul but de permettre au monarque de
guerroyer ici et là sous le moindre prétexte, de se payer de ruineuses maîtresses
et d’entretenir autour de lui une foule de parasites constituant sa cour.
Et puis est venue la Grande Révolution qui mena à la République
et au bonheur qu’entraînent fatalement
la Liberté, l’Égalité, la Fraternité et les Droits de l’Homme. Il fallut
pourtant près de cent ans pour que la république commence à s’installer
durablement. Parce qu’un régime aussi merveilleux mécontente forcément les
méchants. Mais bon, depuis la fin du XIXe siècle, mise à part la parenthèse vichyste,
la République est là et bien là. Et nous
lui devons tout. On se demande d’ailleurs
ce qui se serait passé si nous n’en avions pas bénéficié. Peut-être aurions nous
connu des guerres, des castes dominant économiquement et politiquement l’état,
des taux d’imposition incroyables ?
Ce qui me pose question c’est qu’il existe sur notre vieux
continent des pays qui n’ont pas eu notre chance : Sans compter les
confettis, liechtensteinois, monégasque et andorran, il existe tout de même
sept autres monarchies en Europe occidentale. Y règne-t-il l’arbitraire, les
privilèges, la gabegie, y guerroie-t-on
tant et plus, le peuple y est-il écrasé d’impôts ? Force est de constater
que non ou du moins pas plus qu’ailleurs. Certains de nos très républicains
dirigeants vont même jusqu’à donner certaines d’entre elles comme des exemples.
Au Royaume du Danemark, tout n’est pas pourri : on y pratique la flexisécurité.
Quant à la Norvège ou la Suède ce sont des pays que nous devrions rêver d’égaler.
Pour prendre un exemple récent au niveau des mœurs, des huit
pays qui nous avaient montré la voie à suivre sur la question du mariage
homosexuel six étaient des monarchies.
Comment expliquer que des pays qui n’ont pas la chance de
vivre en république puissent être largement aussi décadents
progressistes que nous ? Peut-être parce que les mêmes causes produisant les
mêmes effets des pays connaissant des niveaux de développement économique et de
délabrement d’évolution culturelle comparables ont tendance à répondre aux appels
des mêmes sirènes.
Où voulez-vous en venir ? Plaideriez-vous pour le
rétablissement de la monarchie ? Que nenni, chers lecteurs. J’aimerais
simplement que l’on arrête de nous bassiner avec les mérites incomparables d’un
régime qui n’est pas meilleur qu’un autre.
Les seuls avantages que je trouverais à une monarchie, c’est
que ça nous permettrait l’économie des élections présidentielles et que ça
renforcerait les pouvoirs d’un parlement auquel le gouvernement devrait tout. A
part ça, je doute que ça empêche le navire de couler voguer.