..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

dimanche 4 novembre 2012

Considérations potagères





« Vous fumez, vous buvez trop d'alcool, vous êtes bavard, vous êtes exhibitionniste, vous méprisez vos proches et vous vous livrez en permanence à la contemplation bienveillante de vos propres travers, bref vous êtes un blogueur masculin banalement standard. »

Voilà le commentaire dont me gratifia Au potager hier. Je ne sais pas pourquoi mais quelque chose me dit que l’auteur de cette louange se dissimule derrière un pseudonyme. Quant à son sexe, j’avoue que la fin de sa phrase m’avait fait penser qu’il devait être féminin. Un second commentaire m’en fit d’abord douter :

« Cher Monsieur, quand autrui s'expose de façon aussi obscène, je l'encule et je prie pour que ses proches n'en voient rien ! »

Dans un deuxième temps, je me dis qu’à notre époque moderne, grâce à l’utilisation de ces  harnais qu’on trouvera bientôt dans toutes les supérettes de France, une telle déclaration pouvait émaner d’une femme.

Hier après midi, tandis que j’arrachai plants de tomates, d’aubergine, de poivrons  et  de courgettes sous ma serre avant d’en labourer la terre je me pris à réfléchir au message de ce correspondant (Je suis capable de bêcher, passer le croc puis le râteau tout en pensant !). Ce n’est pas la première fois qu’une personne (que je soupçonne d’être toujours la même, sous divers pseudos) m’adresse ce genre de reproches. Qu’ils  soient stupides et complètement  inadaptés n’est pas la question. La vraie question est de savoir ce qu’il est décent ou non d’évoquer dans un blog.

On peut y parler de toutes sortes de choses de la pluie, du beau temps, de Holzy, de Sarkolande, des variations du prix du beurre en Mongolie extérieure, des avantages comparés de la marche à pied, des bretelles et du mariage pour tous, des mœurs honteuses du raton-laveur ou des traités philosophiques de Pauline Carton. Mais peut-on y  parler de soi ?

Je pense que oui, à certaines conditions.  Il ne s’agit aucunement d’étaler dans toute leur complexité les méandres de ma  personnalité, si chatoyante soit-elle. D’abord ça n’intéresserait personne, ensuite j’écris pour me distraire et dans l’espoir de divertir.

Aussi, s’il m’arrive jamais d’évoquer tel ou tel épisode  un rien délicat de mon existence, le ferai-je avec distance et auto-dérision. C’est la seule solution, me semble-t-il. Même si peu à peu s’esquisse une sorte d’autobiographie, celle-ci ne saurait être sincère et exacte. Comment un sexagénaire pourrait-il ressusciter ses émotions  d’adolescent ou d’homme jeune ?  Quel intérêt y aurait-il à tout révéler de soi et des autres ? En admettant qu’il soit possible que ce passé reconstruit le soit avec honnêteté,  il n’en serait pas pour autant vrai.  « Il y a plusieurs manières de raconter l’histoire » disait le brave Henri Vincenot.  Le problème, c’est qu’elles sont toutes fausses, partiales ou partielles.

Quand j’évoque telle ou telle personne le pire que je m’autorise est d’en critiquer les travers avec une légèreté bon enfant. Rien qui puisse la gêner au cas improbable où elle me lirait.

Quoi qu’en pensent tous les  Au potager du monde et de sa banlieue, je continuerai donc à raconter, sur un ton que j’espère enjoué, de menues historiettes. Elle (ou il) n’est aucunement contraint de me fréquenter. Avantage que j’aimerais parfois partager.

samedi 3 novembre 2012

Bavard !



Didier Goux, à qui rien n’échappe, suite à notre rencontre, m’a dans son journal de septembre qualifié de « fichu bavard ». Il faut dire qu’il n’est pas le seul à avoir noté cette « légère » propension  à, comme dit le Petit Robert, « aime[r]  parler, parle[r]  avec abondance, intempérance ».

Selon des témoins dignes de foi j’ai commencé à parler très tôt.  Et depuis je n’ai pas arrêté.  Pas même la nuit où plutôt que de grommeler des paroles confuses du genre  « Hollande gnn bouffon… », je tiens de longs discours en français comme en anglais.

D’où me vient cette douce manie ? Si j’en crois Susan qui m’avait par dérision surnommé « Le taciturne », il s’agirait d’un phénomène à la  fois héréditaire et de compensation. Quand je la présentai à mes parents, elle fut impressionnée par la phénoménale aptitude au bavardage de ma mère. Il est vrai que cette brave femme parlait beaucoup.

Combien de fois l’entendis-je justifier un retard par le fait qu’elle avait rencontré Mme Untel ou Mme Machin et que celles-ci lui avaient « tenu la jambe ». Je doute pourtant que les dames en question aient eu beaucoup d’occasions d’en placer une au cours de leurs longues conversations. 

Au mariage de mon frère aîné,  elle se trouva placée auprès du grand père de la mariée. Nous nous amusâmes à observer ce qui s’apparentait à un match sportif. Les nombreuses tentatives de prise de parole du brave vieux se soldèrent par pratiquement autant d’échecs. On le voyait ouvrir la bouche, commencer d’articuler un mot, mais il avait affaire à trop forte partie : la balle lui était immédiatement saisie au bond et l’anecdote, l’avis ou le commentaire qu’il s’apprêtait à formuler étaient immédiatement engloutis dans le torrent verbal maternel. Malgré quelques succès méritoires, l'aïeul, battu à plates coutures, fut tout de même jugé très sympathique quoiqu’un peu bavard…

Susan en arriva donc à expliquer mon bavardage comme une revanche sur une enfance frustrée de parole par une mère trop loquace. Admettons.

Après tout, ce défaut s’est montré utile. Il a grandement favorisé ma pratique des langues. Ayant embrassé la profession d’enseignant à une époque où la parole du maître l’emportait encore sur l’écoute de l’apprenant, je fus payé pour bavarder.

J’ai également remarqué qu’en parlant beaucoup, on en apprenait plus sur autrui qu’en se montrant taiseux. Persuadé que le bavard s’écoute parler, son interlocuteur se laisse à son tour aller et livre bien plus de confidences qu’il ne ferait d’ordinaire.

Il m’arrive souvent de regretter d’être si loquace. Ça me laisse parfois une impression désagréable. Celle que laisserait à  un éléphant  ou à un chien scrupuleux leurs  présences respectives dans un magasin de porcelaine ou dans un jeu de quilles.

jeudi 1 novembre 2012

Faut-il tirer sur les ambulances ?


Le récent baromètre politique du Figaro Magazine montre  que la dégringolade du tandem Hollande-Ayrault continue. Je ne feindrai pas l’étonnement, car dès son élection je m’y attendais.  J’écrivais le 9 mai dans un billet auquel je ne changerais pas un  iota : « En fin de compte, le changement historique du 6 mai, tout le monde s’en fout ou n’en attend rien. On sait bien qu’il ne va rien se passer et que dans 6 mois le nouveau gouvernement sera aussi impopulaire que celui qui l’a précédé. »

Six mois ont (presque) passé. Il fallait avoir l’aveuglement énamouré du hollandais pour ne pas prévoir l’inéluctable chute. Et celle-ci est probablement loin de se terminer.  Attendons une probable augmentation de la CSG et nous verrons ce que nous verrons…

Il reste encore des troupes au général en chef : les bobos (Cadre, profession intellectuelle) et les assistés  (Catégorie modeste) continuent de lui faire confiance à 45%. Loin de baisser, sa cote augmente parmi ces deux catégories.  Vous pouvez le vérifier pp 9 et 10 du sondage. Il faut dire que les premiers, par stupidité profonde humanisme sincère, et les seconds, par intérêt  sens de la solidarité, constituent les troupes d’élite de la gauche. Celles qui meurent mais ne se rendent pas. Surtout pas à l’évidence.

Les journaleux, sur lesquels mon avis n’a guère changé, s’en donnent à cœur-joie. Ils courent au secours de la victoire en prenant bien soin de piétiner le perdant. Ils tirent d’abord dans les pneus de l’ambulance pour l’immobiliser afin de massacrer confortablement ses occupants. C’est là toute la noblesse de leur métier. Ne leur en voulons pas.

Après tout, seule une opinion volatile est responsable de la triste situation où nous nous trouvons. On ne vote pas pour éliminer un homme mais pour réaliser  un projet. On ne change pas d’avis comme de chemise.  Du moins on ne devrait pas. J’ai beaucoup de mal à comprendre comment certains ont pu soutenir voire s’enthousiasmer pour un homme aussi falot que ses convictions sont floues. J’ai encore plus de mal à saisir comment ils peuvent lui demeurer fidèles. Ils ont cependant le mérite de la constance. Ce qui n’est pas rien.

Doit-on pour autant se réjouir de voir ce gouvernement plonger si vite ? Je ne le pense pas. Qu’on le veuille ou non, c’est NOTRE gouvernement. Celui qui gère NOTRE pays. Plus il s’affaiblit plus NOUS nous affaiblissons. Il n’y aura pas de nouvelles élections demain. Et c’est tant mieux. Car sans vouloir, comme certains socialistes aux abois,  dénier à l’opposition le droit d’attaquer le gouvernement, encore faudrait-il qu’une droite UNIE précise et ses objectifs sociétaux et sa politique économique. 

Or, à quoi assistons-nous ? Au spectacle navrant d’une UMP qui se déchire entre ceux qui souhaitent un rassemblement des déçus du socialisme, des centriste et de la droite modérée et ceux qui, tout en continuant à vitupérer le FN, font les yeux doux à ses électeurs. Tout ça en vue de gagner des élections. Ces deux stratégies mènent à la défaite. Il n’y aura de véritable victoire de la droite que si celle-ci a un programme clairement de droite. Je ne voterai pas pour un Fillon (ou tout autre de ses clones) : nous avons déjà Hollande, pourquoi changer ? Je ne voterai pas non plus pour un Copé s’il se contente de nous refaire le coup de Sarkozy 2007. 

Faute d’unité et de prises de positions claires, faute d’un travail en profondeur pour faire partager  ces positions à une majorité,  la droite ne peut que perdre ou, comme c’est le cas aujourd’hui, obtenir des victoires par rejet.  Ce qui ne sert à rien. Pour vaincre réellement, il faut du temps et pour avoir du temps il ne faut pas que les choses se gâtent trop vite. Ne tirons donc pas sur l’ambulance !

mercredi 31 octobre 2012

Pour une opposition digne



Si j’en crois une blogueuse de gauche promue éditorialiste sur Mediavox au même titre que le vaillant Amiral mais avec de légères divergences idéologiques,  M. Copé manque de dignité. Ce qui, aux yeux du camp du bien, est impardonnable. Car si la gauche place une valeur au dessus de tout c’est bien la dignité. Elle sort tout droit de dix années de grande dignité et entend bien nous faire vivre les cinq années les plus dignes que nous ayons connues depuis la première législature du second mandat de Saint-François-Mitterrand. Peut-être même surpasseront-elles en dignité cette période bénie dont le souvenir embue les yeux des plus âgés et tend à faire naître chez les plus jeunes le rêve d’un retour à l’âge d’or.

Mais laissons-lui la parole : "Une opposition digne, c’est une opposition qui fait des contre propositions, qui a un contre projet et qui s’attèle à la tâche pour remobiliser son propre camp."

Saurait-on mieux dire ?  Or M. Copé ne fait pas cela. Au lieu d'un contre-projet, il se contente d’appeler à je-ne-sais-quelle manifestation contre des mesures qui lui déplaisent. On ne voit d’ailleurs pas au nom de quoi un être sain d’esprit pourrait s’opposer à des initiatives aussi  excellentes que le « mariage pour tous » ou le droit de vote aux étrangers.  Mais M. Copé n’est pas un esprit sain, me direz-vous, s’il l’était il serait de gauche. Les soviétiques l’avaient bien compris qui internaient les opposants dans des hôpitaux psychiatriques.

M. Copé désapprouve la loi sur le "mariage pour tous" ? Que ne propose-t-il pas une loi sur le célibat pour tous ? Il est contre le vote des étrangers ? Pourquoi ne défend-il pas une loi sur l'abstention des étrangers aux élections locales ? Voilà ce que ferait un dirigeant d’opposition DIGNE. Bien entendu, ces propositions de lois ne passeraient pas. Malheureusement, si elle est la seule voie juste, la dignité ne paie pas toujours. C’est la dure loi de la démocratie.

Ce n’est pas la digne gauche qui ferait appel à la rue pour influencer la politique d’un gouvernement en place ! Ça ne s’est jamais vu et ne se verra jamais. Tout au plus a-t-elle apporté un vague soutien à des mouvements d’opposition initiés par des syndicats avec lesquels on sait qu’elle n’entretient aucun rapport. S’il est arrivé qu’exceptionnellement ses dirigeants soient aperçus en tête de certains cortèges revendicatifs, c’est simplement  qu’une exquise politesse  leur  avait dicté de ne pas refuser des invitations.

La gauche a fait, dix ans durant, ce qui préconise cette digne blogueuse. Plutôt que de le perdre en critiques stériles, elle a consacré tout son temps à peaufiner un contre-projet, à élaborer des contre-propositions. Ainsi a-t-elle pu, dès son arrivée aux affaires, appliquer une politique dont la clarté élouit et rassure une majorité toujours croissante de Français (et d’étrangers  en passe de pouvoir exprimer leur reconnaissance par le vote).

Trêve d’ironie : le gouvernement actuel et ses relais blogosphériques ne sont pas satisfaits de leur opposition. Pour eux, une bonne opposition, ça approuve avec enthousiasme ou ça ferme sa gueule.

mardi 30 octobre 2012

Mots croisés



Savez-vous qu’on dit d’un bois qu’il est arsin quand, bien que debout, il a été endommagé par le feu ? Que le mont Œta est proche du Parnasse ? Qu’il existe en Grèce une île nommée Icarie ? Moi je l’ai appris pas plus tard qu’hier en faisant des mots croisés.

Les mots croisés sont une activité stimulante. C’est pourquoi, il y a plus d’un an, je me suis abonné au Figaro week-end suite à une offre alléchante. Car les magasines contiennent des grilles de Michel Laclos, mon auteur favori.  

Durant les années quatre-vingts, j’avais pris l’habitude d’acheter le Fig Mag qui faisait les délices de mes week-ends. J’en lisais la plupart des articles qui m’apparaissaient comme un baume apte à apaiser les douleurs  d’un cœur  de réac martyrisé par ces années de mitterrandisme.  Et puis, quand j’en avais le temps, je me livrais sans retenue aux joies des mots croisés. Il arrivait que pour une raison ou pour une autre je n’aie pas le loisir d’assouvir cette passion. Je découpais alors les pages et les mettais de côté en vue de temps moins bousculés.

Ces temps arrivèrent suite au dépôt de bilan. J’en avais tout un stock et passai l’essentiel de mon temps à rattraper mon retard cruciverbeux. Sous l’œil courroucé de mon épouse qui ayant rapidement trouvé un emploi jugeait que j’eus mieux fait de consacrer mon temps à chercher du boulot. Comme si je n’essayais pas !  Il faut dire qu’elle commençait à me trouver bien des failles…

Or donc m’abonnai-je l’an dernier. Mais l’histoire ne se répétant pas, je trouvai bien moins de goût aux articles de ce vénérable organe de presse. Quant aux mots croisés, le jardinage, le bricolage et le blogage ne me laissèrent pas le temps de m’y consacrer. Je les découpai avec soin et les plaçai dans un tiroir avant de mettre les magazines non lus à la poubelle. Comme le temps passe vite et que je ne lis jamais les courriers que m’envoie le Figaro, je m’aperçus récemment que, reconduit tacitement, le prix de mon abonnement avait doublé. Ce qui fait beaucoup pour du papier qu’on ne lit pas. Le journal  peut bien servir à allumer la cheminée, mais vu le nombre de feux que j’allume et le stock déjà conséquent que j’en possède, je crains que ma fille se retrouve avec de quoi démarrer des flambées bien longtemps après ma disparition.  D’autant plus qu’elle n’a pas de cheminée.

Le week-end dernier, afin de rentabiliser mes investissements, je me mis donc à remplir les grilles des magazines reçus. Le résultat fut piètre. Des deux premières que j’attaquai, après des heures d’efforts, je ne parvins à remplir totalement aucune. Dire que sous François le mauvais j’en faisais mon affaire en une petite heure !  Tout fout le camp, ma bonne dame, tout fout le camp ! Je ne me laissai pas abattre par ce cuisant échec. Et hier, laborieusement certes, je vins à bout d’un problème. Pas une case qui ne fut correctement remplie !

Ça m’a encouragé. Je ne lâcherai les deux cent et quelques grilles qui m’attendent sagement dans leur tiroir qu’une fois terminées. Aussi se peut-il que parfois le temps me manque pour éclairer le monde d’un de ces billets magnifiques qui renouvellent la pensée occidentale : on ne peut pas être partout.