Depuis quelques jours le pain au chocolat tient le rôle de
vedette qu’il méritait depuis toujours et dont il avait jusqu’ici été
injustement privé. Tout ça grâce à une petite phrase de M. Copé. Petites causes, grands effets.
La phrase incriminée est la suivante : « Il est des quartiers où je peux
comprendre l'exaspération de certains de nos compatriotes, père ou mère de
famille rentrant du travail le soir, apprenant que leur fils s'est fait
arracher son pain au chocolat par des voyous qui lui expliquent qu'on ne mange
pas pendant le ramadan ». Putain, c’est fort ! Pas étonnant que M.
Baroin, alors qu’il est en plein dans cette métamorphose qui transforme le
jeune loup en vieux con, ait parlé de « petites
phrases toxiques et dangereuses ». Simplement toxiques, il n’aurait
trop rien dit. Mais dangereuses, en bon républicain il ne pouvait que mêler sa
voix à celles des pleureuses de gauche.
Que voulait dire M. Copé ? Toute personne dont la
comprenette n’est pas entièrement détruite aura compris qu’il dénonçait une forme d’intolérance qui pousse, dans des
endroits où ils sont en nombre, les croyants d’une certaine religion à imposer,
y compris à ceux qui n’en sont pas les fidèles, leur manière de vivre. Il aurait pu remplacer pain au chocolat
par sandwich au jambon, tripes à la mode de Caen ou andouillette de Troyes (ce
qui eût peut-être calmé l’indignation du bon M. Baroin). Choisir cette
viennoiserie qui est plus souvent prise comme goûter que les autres victuailles
que je viens de citer ajoutait un côté réaliste à sa déclaration.
Plutôt que de s’offusquer de cette assertion, il eût été
raisonnable de s’interroger sur la réalité du fait cité : existe-t-il ou
non des endroits où de jeunes imbéciles tentent d’imposer leur mode de vie à d’autres ? Si oui, est-ce tolérable ? Si non, où M.
Copé va-t-il chercher de telles idées ?
Cette histoire m’a rappelé une conversation que j’eus avec
un copain qui avait travaillé dans un centre de détention. Un brave garçon bien
gauchiste, je tiens à le préciser, afin d’éviter certains malentendus. Il me
déclara que plus de 90% des repas servis à la prison étaient halal (mes
lecteurs réacs jubilent). Intrigué, je lui demandai si la population carcérale
était musulmane dans ces proportions.
Non (le sourire réac se fige), il y en a beaucoup (le sourire revient),
mais les autres mangent halal pour ne pas
être emmerdés….
PS : un argument plusieurs fois entendu au sujet de
cette « affaire » : « Le
ramadan tombant cette année au mois d’août, l’histoire de M. Copé est
impossible ». Je savais que nos amis de gauche avaient une vision
restreinte de l’histoire mais au point de penser qu’elle commence et se termine
dans l’année en cours…