Tout le monde le sait. Certains le déplorent. Les patrons
sont des salauds. Jusqu’à récemment je pensais que leur seul but dans la vie
était de rendre leurs employés malheureux : dans un premier temps, ils
embauchaient de braves gens qui auraient été bien mieux chez eux afin de les
humilier en les forçant à accomplir des tâches dégradantes. Ensuite se
découvraient leurs véritables motivations : ils ne les avaient embauchés
que pour se vautrer dans les plaisirs troubles qu’ils ressentent en les foutant
à la porte. Certains me diront : « mais de quoi se plaignent-ils les
malheureux exploités quand on les libère du joug ? » Je prierais
certains de se taire et de ne pas troubler la poursuite de mon raisonnement par
leurs questions à la con.
Donc, comme tout un chacun, je pensais que le licenciement
était à la fois le but initial et ultime de tout entrepreneur qui se respecte
(ou pas). Eh bien il n’en est rien ! Ces crapules ont un autre agenda caché : faire parler
d’eux. Le licenciement est, en plus du
plaisir qu’il procure, un moyen de parvenir à leurs fins.
Cela m’est apparu de manière éclatante lors de la
malheureuse affaire de la réduction d’effectifs chez PSA.
En temps normal, qui
se soucie, mis à part quelques rédacteurs de la presse économique et leurs
rares lecteurs, de qui peut bien diriger Peugeot ? Franchement, tout le
monde s’en fout ! Ces vampires qui
se goinfrent à s’en faire péter la sous-ventrière de sang prolétarien, n’ont rien de Brad Pitt, leurs
affaires d’alcôve, leurs joies, leurs peines, la tenue qu’ils portaient au bal
du CCE, le monde entier s’en tape ! Et ça les dérange ces messieurs ! Ils ont l’argent, la puissance. Ils
voudraient la gloire médiatique. Des unes ! Des passages à la radio !
Et pourquoi pas à la télé ?
Or comment y parvenir ? Mais c’est très simple :
on envoie 8000 employés se faire voir chez plumeau et toc ! Il n’y en a
plus que pour eux. On les voit à la télé, on n’entend plus qu’eux à la radio !
M. le directeur gni-gni, M. le directeur gna-gna… Journalistes de se presser ! Pluie d’interviews ! Enfin ils intéressent !
Vanitas vanitorum ! Omnia vanitas !
Quoi ? Le marché automobile européen se contracte ?
Les usines tournent à moitié de leur capacité ? La société perd 200 000 000
d’Euros par mois ? Et alors ?
Vous appelez ça des arguments ?
Excusez-les ces salauds pendant que vous y êtes ! Non, non ! La vérité est que ces petits
malins sont arrivés à faire d’une pierre deux coups : un nombre record de
licenciements avec tout le plaisir que ça comporte et, cerise sur le gâteau, la célébrité. Sales bâtârds* !
*Je prie mes amis de ne pas prendre le premier accent circonflexe de "bâtârds" pour une faute. Il s'agit d'une tentative de rendre la prononciation de ce cri de colère qui monte aux lèvres de l'ouvrier d'Aulnay.