« Ceux qui pensent que le 6 mai 2011 est un nouveau 10
mai 1981, doivent penser que si les lycéens de Vazy-en-Berrouette se mettent en
grève pour plus de frites à la cantine c'est un nouveau mai 68. » Tel est
le statut que j’écrivis avant-hier sur Facebook.
J’écoutais, dans le cadre de mon programme de
mithridatisation, ce qu’il est convenu d’appeler une émission sur la RSC™, celle
de M. Mermet. J’y entendis des jeunes dire qu’il avaient vécu un nouveau 10 mai
1981. C’est beau la jeunesse. Surtout quand elle est de gôche. Ça a besoin de vivre des choses fortes. Quand
elles ne le sont pas, on fait comme si. Et on n’a pas beaucoup à se forcer :
tout étant nouveau, tout est inouï.
Et puis il y a des plus vieux qui font semblant de revivre les
émotions de leur jeunesse. Avec plus ou
moins de sincérité selon leur degré d’aveuglement ou de gâtisme.
J’avais passé trente ans en mai 81. J’étais déjà de droite. Dire
que mon monde s’est écroulé ce jour-là serait exagéré. C’était l’époque où je m’apprêtais
à quitter l’Éducation Nationale, avec ma femme on avait commencé à faire les
marchés : j’avais autre chose à faire que pleurer. J’espérais bien un peu,
tant le passage de l’ombre à la lumière m’enthousiasmait, que les législatives
viendraient bientôt l’éteindre cette putain de lumière. Espérance déçue !
Faire un parallèle entre ces deux jours de mai est abusif. L’arrivée
de la gôche au pouvoir, en 81, c’était un bouleversement. On n’avait pas vu ça
depuis un paquet de lustres. Et puis elle avait un sacré programme, la gôche :
nationalisations, abolition de la peine de mort, tout un tas de mesures ‘achement
bien. Un programme qui aujourd’hui effraierait tous les Mélenchons de notre
beau pays.
Tandis que maintenant : des mesurettes. Le droit de vote aux
élections locales pour les étrangers ? Il ne sera pas voté comme l’explique
M. Goux. La retraite à soixante ans pour quelques rares bénéficiaires. Le
blocage des prix du carburant. Des prix qui baissent depuis 3 semaines !
Les bloquera-t-on également quand ils remonteront ? L’augmentation de la
prime de rentrée, histoire de permettre aux chinois de vendre plus d’écrans
plats et de consoles de jeu. La promesse d’une croissance fabuleuse
créatrice d’emploi (la mettra-t-on en place par décret ou faudra-t-il faire
voter une loi ?). Que de la bricole ou du vent !
Même pas peur des
législatives ! Même pas l’espoir d’un retournement salutaire! En fin de
compte, le changement historique du 6 mai, tout le monde s’en fout ou n’en
attend rien. On sait bien qu’il ne va rien se passer et
que dans 6 mois le nouveau gouvernement sera aussi impopulaire que celui qui l’a
précédé. Plus question de foutre la
cabane sur le chien. On va juste lui donner un petit nonosse au chienchien. Enduit de somnifère. En espérant que la pauvre bête dormira quand on viendra le lui reprendre.
Il y a bien un point commun entre les deux présidents socialistes : le
prénom. Mais à part ça…