Admettons qu’un jour, un gars passe par chez moi, arrête sa voiture, me demande poliment s’il peut faire un prélèvement sur mon terrain puis, après mon acquiescement surpris, repart avec son échantillon. Quelques jours plus tard, il revient et me déclare que, comme il le pensait, mon terrain recèle un gisement important de Jacquouillite, substance indispensable à la transpérambulation de la pseudo matière anti-cosmique (pour parodier Mr Rankin), procédé qui permet de fournir la matière première indispensable à la fabrication des électro-stabions. Et que ce gisement se trouve situé dans un endroit de ma propriété où je ne plante ni légumes ni fleurs et qui présente le seul avantage d’être difficile à tondre.
Moyennant des royalties, il me propose de se charger de l’extraction et du traitement de ce précieux minerai. Je discute le montant, obtiens un meilleur prix, et tope là, cochon qui s’en dédit !
Cette transaction présente bien des avantages pour moi car :
- N’ayant aucune idée de ce que pouvait être la jacquouillite, j’aurais pu passer ma vie à en voir tous les jours sans même me rendre compte que j’en avais.
- En admettant que j’aie su ce que c’était, je n’aurais eu aucune idée de ce à quoi elle pouvait bien servir.
- Si j’avais connu son usage, n’ayant à ma disposition aucun moyen d’extraction et encore moins de transpérambulateur de pseudo matière anti-cosmique (ni la capacité d’en fabriquer un) j’aurais été bien en mal de l’exploiter.
- Dans l’hypothèse où d’une manière ou d’une autre j’aurais été à même de me procurer des moyens d'extractin et un transpérambulateur, de les faire fonctionner et d’assurer leur maintenance ça m’aurait fait une belle jambe vu que, par chez moi, la demande en électro-stabions est faible pour ne pas dire totalement inexistante et que je ne possède ni les réseaux ni la logistique pour les faire parvenir dans les zones où elle existe.
- Je passe moins de temps à tondre .
Je devrais donc être content qu’on m’offre de l’argent pour une ressource dont j’ignorais l’existence, l’utilisation et dont j’étais incapable d’assurer l’exploitation. Il se pourrait même que je remercie mon bienfaiteur et que je le recommande à Dieu dans mes plus ferventes prières.
Feriez-vous comme moi ? Oui ? Eh bien, nous aurions tort !
Parce que c’est du PILLAGE ! Ou du moins c’est ainsi qu’on appelle ça en Afrique.
Car la situation que je décris ci-dessus me semble bien être celle dans laquelle se trouve l’Afrique vis-à-vis de ses ressources minières et pétrolières. Il n’empêche qu’il est communément admis que les pays développés pillent l’Afrique.
J’ai même entendu un brave gars de photographe, l’autre jour à la radio, déclarer que non seulement les pays occidentaux pillaient les ressources pétrolières Nigérianes mais que certains Nigérians les pillaient également, ce qui lui paraissait encore plus attristant. Et ce n’était pas un comique. Du moins, il ne s’était pas présenté comme tel.