Il est frappant de voir comme le vote socialiste est fréquent parmi les cadres. C’est un peu comme si une fois qu’il a le vêtement seyant, la belle auto, le logement confortable, la femme qui va avec et des enfants qui préparent la grande école dès la maternelle, l’ex-bouseux , l’ex-prolo de base, promu bobo se disait qu’il lui faudrait une idéologie assortie. Question de standing.
Or, quoi de plus classieux que des idées « généreuses » ? Comme les vacances exotiques et le ski, c’est bon pour le teint.
Des idées généreuses, certes, mais modérées. Seuls les cons vont aux extrêmes, c’est bien connu. Le cadre n’est pas un con. La preuve, il a des diplômes, des vêtements seyants, etc (cf supra). Il va donc naturellement vers la gauche modérée. Il n’est pas question de mettre le système cul par-dessus tête, non, simplement de le fustiger et d’en corriger les excès. Et quels sont ces excès, s’il vous plaît ? Eh bien, les I-NÉ-GA-LI-TÉS. Le bobo de base rêve d’une société égalitaire où tout le monde serait comme lui et où lui-même monterait d’un petit barreau sur l’échelle, histoire que son mérite se voit reconnu tout de même.
Il aime les pauvres. Enfin, pas tels qu’ils sont maintenant mais comme ils deviendront une fois qu’ils ne le seront plus. C’est pourquoi, en attendant l’égalité, il les évite soigneusement. Un peu comme, malgré tout l’intérêt qu’il présente, les riches ne le fréquentent pas. On finirait par se demander s’il ne déteste pas plus les riches qu’il n’aime les pauvres.
Réduire les inégalités, donc. En prenant aux détestables riches l’argent qu’ils volent pour le rendre aux pauvres qu’ils lèsent. En voilà une belle justice sociale ! Mine de rien, notre bobo est un Robin des bois moderne. Rien que du bel et bon dans son esprit généreux.
Seulement, le riche est rusé. Pas facile à faire aux pattes. Il planque ses sous, l’avare ! Et il a un gros défaut : il est rare. Tandis que le bobo, lui, est nombreux et ne demande qu’à se faire tondre. Moi, si j’étais le gouvernement, plutôt que d’arpenter la campagne à la recherche d'un hypothétique riche sauvage je préfèrerais me rabattre sur les bobos d’élevage. Il faut croire que le gouvernement n’est pas plus aventureux que moi. Il se contente de plumer le bobo. Et le bobo est content tant la cause est bonne.
Seulement, il se peut qu’un jour vienne où le bobo, se voyant petit à petit ramené au niveau du pauvre sans que le pauvre ait beaucoup progressé, quitte l’état d’hypnose idéologique où l’avaient plongé ses généreuses convictions.
Et le jour où le bobo s’éveillera, le monde tremblera.