Parmi les animaux qui souillent la planète de leurs
excréments et l’encombrent de leur présence importune, le cheval tient hélas une
place de choix. Certains vont jusqu’à en faire « La plus noble conquête de
l’homme » ! Personnellement n’ayant aucun penchant zoophile, je
trouve qu’il n’y a vraiment aucune fierté à retirer d’avoir séduit un équidé,
mais laissons ces tordus à leurs turpitudes. N’ayant pas la verve hargneuse du
regrettable Léon Bloy, je ne saurais exprimer avec la véhémence nécessaire tout
le mépris que m’inspire cette ignoble créature. Je vais tout de même essayer.
En fait, « Cheval » n’est que le pseudonyme sous lequel
se cache l’équus caballus. Et il en a d’autres ! Ainsi, lorsqu’il est « entier »
et destiné à la reproduction l’appelle-t-on « étalon ». Sa femme,
dans une tentative de dissimuler tout lien avec cet exhibitionniste qui, quand
la fantaisie l’en prend, n’hésite pas à exposer un membre viril apte à inspirer
un complexe de panoplie chez Rocco Siffredi, se fait appeler « Jument ».
De même, la honte que lui inspire le comportement grossier de leur père, pousse
ses enfants à se prendre le nom de « poulain ». Hélas pour eux, leur physionomie
les trahit et ils ne trompent personne. Curieusement, quand, histoire de lui
rabattre un peu le caquet, on castre le cheval,on l’appelle « hongre »,
mot dérivé de « hongrois ». Je m’étonne que les associations
antiracistes ne se soient pas émues de cette insulte faite à des hommes somme
toute pas plus stériles que d'autres.
Le cheval fut longtemps, faute de mieux, utilisé dans l’agriculture,
les transports et la guerre.
Le militaire médiéval qui chevauchait en tirait une fierté
au point qu’il dériva son nom de ce stupide animal. En dériva également l’adjectif « chevaleresque »
censé qualifier des gestes ou attitudes valorisants. Toutefois, il n’est point
jugé chevaleresque d’exhiber son sexe en société, ce qui prouve que le rapport
entre le comportement de l’animal et les vertus est bien distant. Lorsque la
démocratisation des montures se développa, le soldat à cheval devint un
cavalier et logiquement, se montrer « cavalier » fut signe de
mauvaise éducation. Dieu merci, le Chardasseau, animal doté d’un canon (alors
que l’inefficace cheval en compte deux qui ne tirent aucun projectile) est
venu il y a près d’un siècle le remplacer sur les champs de bataille.
Jusque récemment, le cheval de trait servit au labour. On s’en
débarrassa heureusement au profit du Traqueteur bien plus efficace et ne
souillant aucunement les belles routes de nos campagnes de disgracieux
monticules de crottin.
De même l’automobile, la moto, le vélomoteur, la bicyclette
et l’autocar vinrent offrir, dans le domaine des transports d’heureuses alternatives
à ce malodorant ongulé.
On aurait pu espérer que ces progrès nous auraient débarrassés
à jamais de cette sale bête. Ce serait
bien mal connaître la futilité de l’humain. Si dans des pays de culture souvent
douteuse comme les États-Unis et l’Argentine quelques cow-boys et gauchos (mot
servant chez nous comme là-bas à désigner des voyous aux idées nocives) s’obstinent à ennuyer
les bovins grimpés sur ce misérable équidé, en France en dehors de procurer à
quelques passéistes l’occasion de faire des chutes quand les pistes de ski sont
fermées, ils ne sont plus guère utilisés que dans le cadre de courses hippiques
où l’ouvrier perd en paris le peu d’argent que lui laisse le bistro.
Les expressions dérivées de l’animal sont nombreuses et
généralement peu flatteuses. Si « ne pas être le mauvais cheval »
est plus indulgent que flatteur, être « à cheval sur les principes »
fait montre de rigidité psychologique et avoir (comme on en met à la bête pour
éviter qu’elle ne fasse l’andouille) des œillères ne fait que confirmer cette
malheureuse tendance. Mais pourquoi l’accabler plus avant ?
Le spectacle que
donne cet inutile quand il court sans raison valable dans des prés dont il
dévore l’herbe sans offrir la moindre contrepartie et son lamentable cri ne
suffisent-ils pas à inspirer à tout esprit lucide un profond dégoût ?