Je résume : depuis 9 mois, M. Sarkozy fait l’objet d’écoutes
téléphoniques. Le but est de trouver des informations sur un éventuel
financement de sa campagne par M. Mouamar Al-Kadhafi, dictateur déchu et lynché
de son plus en état. Il semblerait qu’on n’ait rien trouvé à ce sujet qui
permette de mener à une inculpation. Ce qui paraît assez naturel, vu qu’on ne
voit pas pourquoi, sept ans après les faits supposés, l’ex-président passerait
son temps à évoquer cette histoire. Surtout si elle n’a aucune espèce de
fondement. Un esprit soupçonneux douterait même que le but recherché par ces
écoutes était celui qu’on affichait. Heureusement, on trouve autre chose :
M. Sarkozy serait en rapport avec un haut magistrat qui lui fournirait des
informations. Bon prince, l’obligé lui aurait promis de renvoyer l’ascenseur sous
forme d’un soutien pour l’obtention d’un
poste. Admettons.
Donc faute de grasse grive, on se rabat sur maigre merle,
comme dirait l’allitérateur. Reste à prouver que trafic d’influence il y
eut. Mais bon, faut faire avec c’qu’on
a, n’est-ce pas…
Là où la chose devient amusante, c’est quand la ministre de
la justice, comme celui de l’intérieur, déclarent avoir appris l’existence d’écoutes
par la presse. Là où on commence à se
bidonner grave, c’est quand, suite à la « révélation » d’un canard
qui se dit enchaîné, la pauvre Christine se voit contrainte de reconnaître que,
oui, peut-être, elle avait été avertie quelques jours avant. Là où on craint
mourir de rire, c’est quand Mme Taubira brandit
des documents censés prouver qu’elle ne savait rien du contenu des
écoutes alors qu’après agrandissement on peut y lire qu’ils prouvent qu’elle le
connaissait. Ne perdant nullement son aplomb, la ministre parle de malentendu.
Le malentendu !
Hic iacet lepus ! Que de mal
font les malentendus ! Supposez que
votre digne épouse vous surprenne, pantalon sur les chevilles en train d’expliquer
à sa copine, fesses à l’air sur la table de la cuisine, les récentes
fluctuations du CAC 40. Il se peut que votre soupçonneuse compagne interprète
la situation de manière erronée et qu’il faille du temps pour que se dissipe ce
malentendu.
Donc, il y a malentendu. L’opposition parle de mensonge, réclame
la démission. M. Ayrault trouve que la ministre a toute sa place au
gouvernement. Et, pour une fois, il a parfaitement raison : une personne
qui dit des choses qui ne sont pas vraies (et que seules de mauvaises langues
qualifieraient de mensonges), qui ignore les technologies modernes au point de brandir
théâtralement des pièces incriminantes
pour se disculper, arrogante agressive et haineuse, a TOUT A FAIT sa place dans
ce gouvernement. J’irais même jusqu’à dire qu’elle y mérite une promotion.
Quand la droite réclame son départ, ne commet-elle pas le
péché de bisounoursie ? Croit-elle vraiment qu’un ministère est le lieu où
se pratiquent la vertu et l’honnêteté ? N’a-t-elle pas remarqué au fil de
l’histoire de menus manquements ? Ne voit-elle pas tout le profit politique qu’on
peut tirer du maintien en poste d’un tel personnage ?
Car si Mme Taubira ne dit pas la vérité sur le fait qu’elle
soit ou non au courant des écoutes et de leur contenu, comment la croire quand
elle déclare, main sur le cœur qu’il n’existe aucun acharnement juridique
contre l’ex-président et que n’importe comment elle ne saurait y être pour rien ?
Il faut être BDG* pour apporter son
soutien (gratuit) à cette personne ou mamamouchi socialiste de taille variable pour la
défendre (par intérêt) et tenter de dissimuler sous une accumulation de brumeux
soupçons d’ « affaires » l’inconsistance de leurs "champions".
Tout cela risque à terme de se retourner contre des instigateurs aussi
maladroits que sans scrupules
*Blogueur de gouvernement (un bien ingrat sacerdoce !)