Je viens de terminer ce livre de M. Daniel Pennac. Je l’avais bien entendu lu il y a longtemps,
mais mon amnésie sélective ne m’en avait laissé aucun souvenir si ce n’est que
son personnage principal se nommait Malaussène. Ce qui, reconnaissons-le, laisse
beaucoup de place à la (re) découverte.
C’est donc une œil neuf que je posai sur ce roman. Daniel
Pennac bénéficiait cependant auprès de moi d’un a priori favorable suite à son plaidoyer
en faveur de la lecture à haute voix et à sa Charte des droits imprescriptibles du lecteur qu’il exposa dans son
essai Comme un roman. Depuis le temps ancien où le bon M. Régnault,
médiocre pédagogue mais excellent lecteur,
terminait chaque trimestre par deux ou trois semaines de lectures
enthousiastes de pièces de Berthold Brecht (eh, oui, j’aimais bien…), j’ai
toujours apprécié cet exercice dont je fis bénéficier plus tard mes élèves,
pour leur plus grand plaisir comme il me fut souvent rapporté.
La lecture fut agréable. Le seul reproche que je ferais à
son style léger et fluide que rehausse un humour de bon aloi serait un usage un
peu exagéré de la parenthèse ( Et toi, tu n’en abuses pas, pomme à l’eau ?).
Sinon, M. Malaussène, jeune homme chargé par une mère fugueuse d’une fratrie
nombreuse et originale, est employé comme souffre-douleur dans un grand
magasin. Curieuse fonction vous direz vous ! Voici en quoi elle consiste :
sous le titre ronflant de Responsable du service du Contrôle Technique, il est convoqué au
bureau des réclamations chaque fois qu’un client vient se plaindre d’un article
défectueux. S’ensuit, en présence du plaignant, une engueulade en bonne et due
forme où lui est reprochée sa totale incompétence. N’osant mot dire, il se voit
traité de manière injurieuse, traîné dans la boue, humilié. Au point que le
client vient à son secours, retire sa plainte et blâme le responsable des
réclamations. Ceci permet de régler les contentieux de manière amiable et peu
onéreuse. Seulement, ça ne fait pas une
histoire…
Il se passe de bien curieuses choses dans ce magasin :
une première bombe y explose, faisant une victime. La seconde, plus efficace en
fera deux. La troisième placée dans un photomaton reviendra à l’unité. Curieusement,
Malaussène se trouve à chaque fois dans le voisinage immédiat de l’explosion.
Témoin privilégié, il devient bien vite suspect…
Je ne vous dirai rien de plus quant à l’intrigue. Si je vous
ai mis l’eau à la bouche, allez en découvrir le dénouement.
Je préviendrai simplement ceux de mes lecteurs qui auraient
une légère tendance à être un peu réac (si, si, il y en a, je le sais…) et que
cela pourrait déranger que M. Pennac appartient au camp du bien. Ainsi, notre
héros vit dans un Belleville dont il apprécie grandement la bigarrure ethnique
et ses méchants sont comme il se doit des gens d’extrême droite tendance nazie
(pourrait-il en aller autrement d’infâmes criminels ?). Mais si on ne se
polarise pas sur le message subliminal, si appuyé soit-il, on passe un très agréable moment de lecture grâce à ce
roman. Et puis, personne n’est parfait…