Le défenseur des droits, M. Baudis aurait la firme
Abercrombie & Fitch dans son collimateur comme l’expliquait le mois dernier
ce torchon de l’excellent quotidien Libération.
Cette marque de vêtements qui vise une
clientèle de jeunes gens beaux et cools embaucherait des vendeurs élégants, dotés d’une plastique irréprochable
et d’un visage avenant. Et non, comme le
font tous les autres marchands de fringues, sur leurs qualités morales, leurs
connaissances en philologie, leur formation commerciales, leurs savoir-faire, ou
tout autre critère. Et c’est INADMISSIBLE ! Pire : c’est DIS-CRI-MI-NANT !
On pourrait arguer qu’embaucher un vendeur en fonction de la
qualité de son âme, de ses connaissances en tectonique des plaques, de son
habileté de négociateur, de son amabilité ou de tout autre critère est
également discriminatoire. Doit-on en
déduire que, comme c’est le cas pour les extrémistes violents, certains
critères de discrimination sont bons et d’autres mauvais ?
Messieurs Abercrombie & Fitch (ou du moins leurs
représentants sur Terre) défendent leur indéfendable position par la nécessité
d’avoir des employés répondant aux critères physiques de leur cible commerciale. Soit. On peut concevoir que les jeunes gens
cool et beaux pourraient se voir découragés d’acheter d’élégants vêtements
si ces derniers leur étaient proposés
par d’adipeux vieillards particulièrement laids, aux cheveux gras quand ils ne
sont pas chauves ? Mais cette logique a ses limites : la layette
devrait-elle être vendue par des bébés ? Les robes de grossesse par des
femmes enceintes ? Le poisson par des maquereaux ou des thons ? La charcuterie par des cochons ?
S’il est aisé de dénoncer ce genre de discrimination, la
combattre est plus difficile. Je suis prêt à parier qu’à qualification, expérience
et prétentions égales un (ou une) candidat ( e ) dont le physique plaira
davantage au recruteur (en fonction de ses critères personnels) aura toujours
la préférence. C’est triste mais c’est
comme ça ! Et s’il n’y avait que chez Abercrombie & Fitch ou chez
tout autre employeur potentiel !
Ce genre de discrimination se retrouve dans la vie de tous
les jours. Et même, aussi surprenant que
ça puisse paraître, dans la vie amoureuse. Un physique jugé avenant est souvent
préféré par les partenaires éventuels à d’autres qualités plus profondes. Allez
savoir pourquoi…
Le constat établi, comment y remédier ? Imposer un
quota de mochetés ? Délicat : tel (le) est moche pour l’un(e) qui
attire irrésistiblement l’autre. Qui postulerait aux emplois réservés aux
moches ? En admettant qu’existent des critères objectifs de beauté comme
de laideur, quid de ceux, si nombreux, qui ne sont pas plus beaux
que carrément laids ? L’obtention de chaque emploi, chaque relation
amoureuse devrait-elle être soumise à la
réussite d’un concours (sans oral)?
Si vous avez des idées…
En tout cas, cette « affaire » a au moins un côté
rassurant : notre Défenseur des droits n’est pas trop débordé pour avoir
du temps à lui consacrer.