Je parle avec d’autant plus de détachement de cette question
que je ne suis pas croyant, mais alors pas du tout. Je suis même exempt de
toute angoisse métaphysique et mes aspirations à la spiritualité ne dépassent
pas celles du hanneton de base.
Je compte parmi mes amis virtuels du Net un grand nombre de
catholiques, parfois très fervents que j’apprécie. Dire qu’ils ne sont pas un
tout petit peu réacs serait mentir mais c’est plus leur gentillesse et leur
ouverture d’esprit qui me fait les apprécier que leur foi ou leurs opinions. Il
est rare que je décèle chez eux la moindre trace de soupçon de ce tempérament abominable
qui, du point de vue de leurs ennemis, devrait être leur caractéristique
principale.
Car, en dépit de la déchristianisation et de l’ouverture d’esprit
croissante dont a pu faire preuve le catholicisme et ses fidèles, certains,
situés presque exclusivement (notez mon sens de l’euphémisme !) à gauche
de l’échiquier politique, continuent de
combattre cette religion comme si elle était toute puissante et que nous en étions encore au temps de l’obscurantisme et de la
Sainte Inquisition dont ils ont par
ailleurs une vision largement fantasmée. La rage avec laquelle ils vitupèrent
le pape et ses ouailles confine à la folie.
Dans son poème Est-ce
ainsi que les hommes vivent ?
(Le Roman inachevé, 1956), Louis Aragon évoque « un temps déraisonnable » où
« on prenait les loups pour des chiens ». Il semblerait que ce temps
soit revenu et qu’incapable d’identifier les menaces réelles, nos Don Quichotte
à la triste intelligence prennent pour compenser les chiens pour des loups.
Alors qu’ils bichonnent et protègent une religion pratiquant ce que sont, selon
leurs propres critères, l’obscurantisme et la pensée totalitaire, ils réservent
leur rage à ceux qui leur sont proches et de la culture desquels découle les aspects
les plus aimables de leur « idéal ».
Car, curieusement, ce n’est pas au Botswana ou en Mongolie
qu’a pris naissance l’idéal socialiste mais bel et bien en terre chrétienne. Il
faudrait être aveugle et borné pour le nier. Ils le sont. Il est vrai que comme leurs ancêtres des « Lumières »
ils tendent à croire à la « Raison », notion miraculeusement née hors
de tout substrat culturel.
Comme des adolescents en crise, ils en veulent à leurs
parents de n’avoir pas toujours été parfaits et surtout de ne pas épouser leurs
lubies. Pour tenter de bien faire, le Pape devrait rejeter en bloc le
catholicisme et toute son histoire, se faire le chantre du mariage gay, encourager
la luxure, l’avortement, le divorce et chérir le collectivisme et le progrès dans
tous leurs excès. Serait-ce suffisant ? J’en doute fort.
Car quoi qu’elle prône ou fasse, toute institution
antérieure à ce début de l’histoire que fut la « Grande Révolution de 1789 »
(cf. les
écrits délirants de M. Peillon) est, pour les tenants du « Progrès »
haïssable. Ainsi peuvent-ils considérer avec bienveillance voire accueillir
avec ferveur tout ce qui ne s’inscrit pas dans nos traditions. Ce ne sont pas tant le fait religieux ou les
dogmes qui les font écumer, c’est surtout une religion, celle du pays où plongent
leurs racines abhorrées.
Haine de soi et de son histoire sont les deux mamelles d’un « progrès »
qui s’occupe davantage de détruire tout passé ( « Du passé, faisons table
rase ») que de construire un modèle nouveau assis sur des bases
séculaires. Il leur faut une société sans
fondations. Comme si l’on pouvait ainsi bâtir quoi que ce soit de durable…