J’aime la nature. Je pousse cet amour jusqu’à vivre dans un
coin perdu de campagne, c’est dire ! Je pense qu’il faut éviter de la
saloper. Et pourtant je ne suis pas écolo, mais alors pas du tout. Et j’ai de
bonnes raisons pour ça.
Parce que la nature telle que la voit l’écolo, dans nos
vieux pays, elle n’a qu’un défaut plutôt majeur : celui de ne pas exister.
Le fait que le communisme n’ait jamais existé nulle part n’empêche pas d’autres
d’y croire, me dira-t-on. D’ailleurs, on
ne saurait s’étonner de cette similitude vu que nombre d’écolos sont des
cryptocommunistes repeints en vert.
Paradoxalement, l’écologiste prospère dans les grandes
cités. Alors qu’il vit dans l’environnement le plus éloigné qui soit de la
nature, il voue à la notion totalement fantasmée qu’il se fait de cette
dernière un culte fervent. Il veut la
préserver. Intacte. Alors que, depuis
des siècles et même des millénaires, l’activité humaine a totalement bouleversé
les écosystèmes originaux (si tant est qu’il en ait jamais existé de plus ou
moins stables), il aimerait qu’elle se fige ou retourne à un état antérieur
considéré idéal.
Quand j’entends certains discours où ces soi-disant
défenseurs de la nature fustigent à la fois la maison individuelle et la
voiture au nom de la transition énergétique, je me demande s’il n’y a pas
derrière cela un agenda caché. Certes, les habitations collectives sont moins
énergivores que les pavillons. Certes, leur construction mange du bon terrain
où l’on pourrait faire pousser tout plein de jolis végétaux bien bio. Certes,
en éloignant les périurbains de leur lieu de travail au-delà des transports en
commun, elle oblige souvent à utiliser une (voire plusieurs) automobile(s) et
augmente la consommation de ressources énergétiques non renouvelables. C’est
indéniable. Et donc d’un point de vue écologique, la maison individuelle paraît
totalement condamnable. Quant à la voiture, inutile d’égrener le chapelet de
ses crimes : pour l’écolo c’est une incarnation du diable.
A contrario, l’habitat collectif et les transports en
commun, voilà des choses qu’elles sont belles. Et politiquement utiles. Plus
l’humain vit en troupeau, plus il est de gauche. La plupart des grandes villes
le sont. Normal, vu qu’elles sont peuplées soit de gens qui dépendent de la
puissance publique (fonctionnaires, assistés divers), soit de gens plus aisés
que leur environnement et leur intelligence supérieure amènent à penser que la
puissance publique est seule apte à résoudre les problèmes sociaux (bobos). Ce
mélange social est bon. Pour les rouges
repeints ou non en vert.
A la campagne on est
plus ou moins contraint de compter sur soi-même ou sur des solidarités locales
informelles. On s’y entraide plus par nécessité que par idéologie. Ça explique
en partie pourquoi la campagne vote à droite et parfois même très à droite. On y
est en moyenne moins riche qu’en ville mais on y attend moins le Père Noël. Et
ça ce n’est pas bon du tout pour les rouges repeints ou non en vert.
La voiture et la maison sont à mes yeux des constituants fondamentaux de la
liberté individuelle. Mais la liberté individuelle est en totale contradiction
avec LES libertés, toujours collectives et finalement aliénantes, que prône la
gauche et ses imitateurs de soi-disant droite.
Le transport en commun, c’est la soumission aux horaires et
la promiscuité. Le logement collectif, c’est encore la promiscuité et dans le
meilleur des cas l’obligation « démocratique » au débat et à la
décision majoritaire pour tout ce qui concerne l’endroit où l’on vit. Il
implique un règlement intérieur. On y est encadré. Mais ça plaît probablement à
beaucoup… La liberté, c’est comme la nature : on dit la chérir mais en fait
elle fait plus peur qu’elle n’attire vraiment. On préfère en rêver de loin tant
il est plus aisé d’idéaliser ce qu’on ne connaît pas.