Le hasard a fait que, lundi dernier, j’ai allumé par mégarde la radio de ma voiture et qu’un sort malin a voulu que la station fût France Inter. Il était un peu plus de 14 heures et l’émission « La Terre au carré » commençait.
Toujours
soucieuse de donner la parole à ceux qui pensent (et parlent)
correctement, l’émission débuta par des messages d’auditeurs.
Je me suis immédiatement senti dans un autre monde. La première
intervenante, une jeune femme à sa voix, était en total désarroi :
elle demandait conseil sur la manière de parler à son entourage
afin qu’il partage ses lubies idéaux. Elle
tentait de prêcher par l’exemple : entre autres actions
d’éclat au service de la planète, elle avait réduit (ou
supprimé) sa consommation de viande, changé de banque (?!), et ne
prenait plus l’avion ! Malgré cela, il semblait que ses
proches n’eussent rien à cirer de ses exhortations. Ainsi, un
copain devait venir lui rendre visite en prenant l’avion ! Que
fallait-il qu’elle fît, seule contre tous ? Que leur dire ?
Comment leur faire comprendre ?
Une autre intervenant en avait contre les rallyes automobiles ( Paris-Dakar, 24 heurs du Mains (!!!), etc.) qui gaspillaient quantité de carburants fossiles sans le moindre remord de leurs incommensurables crimes.
Ensuite, un « spécialiste du nazisme » se lança dans un parallèle entre l’idéologie hitlérienne et certains aspects de la société consumériste : par exemple les deux étaient partisans d’une exploitation éhontée des ressources minières de la planète et en faveur d’une croissance économique sans limite.
J’ai éteint.
J’avoue que ces « sauveurs de la planète » me laissent pantois. Leurs « actions » leurs indignations, leurs rapprochements audacieux entre des choses qui n’ont rien à voir entre elles me paraissent dérisoires, pitoyables ou risibles. Qu’importe si la jeune femme ne parvient pas à convaincre ses amis ? Quelle part de la consommation mondiale de carburants fossiles représentent les courses automobiles ? Le Parti Communiste Chinois, dirigeant un pays productiviste et grand utilisateur de ressources minières est-il un proche parent du nazisme ?
Il me semble que ceux qui croient en une imminente destruction de la planète (ou plus exactement de la vie sur celle-ci) devraient s’y résigner car la totale transformation des modes de production et de consommation que la réalisation de leurs rêves impliquerait ne saurait se faire du jour au lendemain. Comme un Titanic que son erre entraîne irrémédiablement vers l’iceberg, la catastrophe qu’ils envisagent apparaît inéluctable. Leurs efforts individuels, les multiples interdictions qu’ils préconisent ne changeront rien. Des colibris qui font leur possible pour lutter contre le feu qui ravage la forêt, des fourmis qui pissent dessus pour arrêter l’incendie, voilà à quoi me font penser leurs « actions ». Si la maison brûle vraiment, c’est à sa reconstruction qu’il faudra penser sa destruction terminée. Le reste est bavardage de mouches du coche.