Rare photo d’un veau en plein entraînement pour la corrida réformée |
M. Aymeric Caron, sorte d’humanoïde chevelu, député NUPES de Paris , ami des moustique et convaincu qu’un jour les tigres, bien sermonnés, deviendront végans, bref, une tête pensante de premier ordre, soutient une proposition de loi visant à interdire la corrida.
Interdire, interdire, comme vous y allez, cher Aymeric ! C’est violent, interdire ! Dans une société harmonieuse comme la nôtre (si l’on excepte quelques rares endroits où se produisent parfois de bien pardonnables taquineries) le temps est plutôt à la réforme. C’est pourquoi j’aimerais esquisser des pistes qui pourraient mener à rendre acceptable ce joli spectacle et continuer à assurer la rentabilité des arènes et l’activité des tailleurs spécialisés dans le traje de luz (habit de lumière).
Car que reproche-t-on au juste à cette discipline taurine ? Elle ferait inutilement souffrir une brave bête qui n’a jamais fait de mal à personne. C’est vite dit. Le toro bravo n’est pas l’animal le plus pacifique que porte la terre. Il me semble même qu’on le sélectionne pour son agressivité. Si l’on veut obtenir une réforme acceptable, il est nécessaire que chacun y mette un peu du sien.
Un mâle de corrida, pèse entre 400 et 650 kilos. Le matador, lui, est beaucoup plus léger. La grossophobie régnante dans les milieux taurins fait qu’il est rarement voire jamais obèse. De même que sur un ring on n’oppose pas poids lourds et poids plumes, il serait équitable de faire se confronter des individus d’un poids comparable. D’autre part, si on demande aux toreros de faire preuve de gentillesse on ne voit pas pourquoi on leur opposerait des animaux hargneux. Il serait donc raisonnable d’abandonner le toro bravo et de le remplacer par un petit veau de race normande ou bretonne dont le poids ne saurait excéder les 100 kg.
De son son côté, la quadrilla devrait également faire des efforts. Les picadors, montés sur des poneys (plus en rapport avec la taille du veau), seraient munis de lances télescopiques munies en leur extrémité de pointes en caoutchouc. Les lances se rétracteraient au moindre contact, et le picador ne serait autorisé à en faire usage qu’en cas d’attaque de son poney par le veau, le reste du temps, avec ses camarades, il offrirait un spectacle de carrousel aux aficionados. Quant aux banderilleros, plutôt que terminées par des pointes acérées, leurs banderilles auraient à leur fin des tampons de velcro qui viendraient se coller à la plaque de même matière dont serait muni, au garrot, le veau, le but de la manœuvre étant de décorer, sans trop déranger, le veau d’une rosace de couleurs pastel la plus harmonieuse possible, déchaînant, en cas de réussite l’enthousiasme d’un public averti. Pour remplacer la cruelle mise à mort, la corrida se terminerait par un spectacle chorégraphique où bailador* et veau, au son d’airs de flamenco, raviraient l’audience par des figures élégantes où la cape virevolterait avec grâce. Selon la qualité de sa prestation, la bailador se verrait décerné quelques poils de la queue ou du front du veau voire les deux en cas de prestation exceptionnelle. Le veau se verrait récompensé, après que le bailador l’ait gratifié d’un gros câlin, d’un seau de lait muni d’une tétine qu’il boirait goulûment sous les applaudissements de la foule tandis que dans son regard de bovin se lirait un questionnement du genre « Mais qu’es-ce que je peux bien foutre ici ? »
Voilà. Ma proposition ne satisfera peut-être pas totalement certains grincheux parmi les aficionados et les partisans du bien être animal mais il me semble qu’elle est porteuse de progrès et qu’elle constituerait un compromis acceptable entre une tradition barbare et la société apaisée à laquelle nous aspirons (pratiquement) tous.
*Car si le matador a pour fonction de tuer (et ce n’est pas gentil) le bailador qui le remplacera danse (et c’est mignon comme tout) !