..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

jeudi 10 novembre 2022

Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise, mes braves gens ?

 

Ce titre est, de manière évidente, une question rhétorique vue que personne n’est autorisé à y répondre ici. Je veux simplement exprimer par là le sentiment que je ressens parfois et qui s’apparente à celui d’une poule qui a trouvé un couteau et ne sait pas l’ouvrir.

Il se trouve que, de plus en plus souvent, je commence à écrire des articles que je ne termine pas et d’autres que, une fois terminés, je détruis parce que je les trouve ennuyeux. Ce qui leur manque, c’est le ton primesautier, enjoué et bon enfant que je parvenais parfois à imprimer à des textes consacrés à des sujets dits « sérieux ». Ainsi, récemment, vous avez échappé, entre autres, à des pensums consacrés à Marcel Aymé où j’expliquais, après avoir relu une dizaine de ses ouvrages pourquoi je trouvais qu’il excellait dans la nouvelle quand ses romans ou son théâtre me semblaient souvent souffrir d’imperfections ; à mes doutes sur la capacité qu’aurait l’Union Européenne de jamais devenir cette puissance capable d’affronter ses rivaux actuels ou émergents ; au fait que les aides énergétiques du gouvernement ne faisaient que partiellement compenser les recettes que lui procuraient la seule TVA et ne sauraient en aucun cas éviter la précarité énergétique des plus défavorisés.

Tout ça a rejoint d’autres tentatives dans la poubelle. Vous l’avez échappé belle ! Non que les thèmes évoqués soient totalement dénués d’intérêts et/ou traités de manière particulièrement maladroite mais parce qu’au moment de leur publication je me suis senti envahi d’un paralysant à-quoi-bonisme. Après tout, si tant est qu’ils les intéressent, mes lecteurs sont aptes à se faire par eux-mêmes une idée sur ces thèmes et je n’ai aucune vocation de prêcheur, que ce soit dans le désert ou sur une quelconque "agora".

Vu que l’actualité, qu’elle soit politique, économique ou sociétale, ne me paraît composée que d’une interminable série de nouvelles preuves de l’inéluctable décadence de nos sociétés occidentales, à-quoi-bon s’arrêter à tel ou tel détail de leur chute ? Bien que ça m’ait pris bien du temps pour l’admettre, que j’aie tenté de continuer à croire à un possible sursaut, j’ai fini par admettre que le brave Nouratin qui a jeté, à mon grand dam, l’éponge voici quatre mois avait raison quand il nous déclarait foutus.

Ce constat est-il une raison valable pour se taire ? Je ne pense pas. Bien plus que les connards qui prenaient un malin plaisir à venir chier sur mes violettes et qui ont fini par me lasser, je porte sur mes modestes écrits un regard très critique. Ma boussole est la suivante : si un texte ne me plaît pas, comment pourrait-il plaire à quiconque ? Je m’efforcerai donc, et de plus en plus, de ne publier que des articles que j’aurai pris plaisir à écrire et à relire.

La situation étant désespérée mais pas grave, je tenterai de ne plus publier que sur des sujets amusants par leur accablante futilité. Notre époque et ma vie en secrètent sans cesse.

jeudi 3 novembre 2022

Animaux politiques de joyeuse compagnie

Je sens que je vais me faire mal voir des Insoumis mais, bien qu’il serait injuste de leur dénier tout mérite, c’est tout de même du côté de leurs amis Écologistes que l’on trouve les spécimens les plus réjouissants de la politicaille gauchiste, les plus susceptibles de provoquer à la fois empathie et hilarité.

L’animal politique de joyeuse compagnie (ou APJC) par rapport à son équivalent purement animal, qu’il soit nouveau ou non, présente bien des avantages. Le moins négligeable étant que vous n’avez nul besoin de l’héberger ou de le nourrir : l’État lui fournit amplement les moyens de s’en charger lui-même. Sa présence est discrète : ce n’est que lorsqu’il paraît sur vos écrans que vous le voyez et/ou l’entendez (car vous pouvez couper le son, ce qui est plus délicat avec le chien, le canari ou l’éléphant que vous logez).

Pour illustrer mon propos je prendrai deux exemples Mmes Sandrine Rousseau et Esther Benbassa. Ne voyez dans mon choix le moindre préjugé. Seule les insignes qualités de ces charmantes personnes me les ont fait sélectionner.

Mme Rousseau n’est apparue que récemment dans le PAF. Sa notoriété, elle la doit à sa candidature malheureuse à l’investiture EELV pour la dernière présidentielle. Il s’en fallut d’un cheveu qu’elle ne décroche la timbale et ne se vautre aux élections. Il faut dire que depuis moultes années, elle pataugeait dans le marigot de son inestimable formation politique. L’ayant quittée en 2017, suite à l’affaire Denis Baupin (une sombre histoire de harcèlement sexuel ou d’entrecôte au barbecue trop cuite, je ne me souviens plus trop) elle y revient en 2020. De 2010 à 2015, elle fut vice-présidente du Conseil Régional du Nord-Pas-de-Calais. Mais la politique n’est qu’une des cordes de son arc. Dotée de tous les talents, elle écrit des polars et poursuivit une brillante carrière universitaire qui la mènera à une vice-présidence de l’Université de Lille où elle promouvra la pratique du vélo et du jardinage potager. Malgré cela, il lui faudra, après son échec à l’investiture, attendre son élection à l’Assemblée Nationale à Paris pour que sa notoriété dépasse le cadre restreint d’EELV, qu’elle bénéficie plein pot des feux de la rampe médiatique et que les micros se tendent vers elle et donnent à ses positions un retentissement national. Il est rare que passe un jour sans qu’on parle d’elle ! Ses incessantes déclarations qu’elle porte sur les violences sexuelles, le voile islamique, la chasse, le barbecue, les féminicides, le wokisme, le droit à la paresse, le non-partage des tâches ménagères, etc. sont de telles sources d’hilarité qu’il est bien difficile de faire la différence entre les siennes et celles de la page parodique Facebook Sardine Ruisseau à elle consacrée. L’existence d’une telle page sembla la défriser. Elle parla de harcèlement. Ce qui tendrait à faire penser qu’à ses yeux au moins certains de ses propos ne sont pas intentionnellement comiques.

Mme Benbassa, en tant qu’APJC n’est pas à négliger s’il vous reste du temps. Plus âgée que Sandrine, la belle Esther n’en reste pas moins un régal pour les yeux et surtout pour les oreilles. On lui tend moins de micros et c’est dommage. Sénatrice EELV de 2011 à 2021, elle dut se résigner à quitter l’inestimable parti suite à des ragots de bas étage colportés par l’immonde Médiapart, qui prouva ainsi qu’on peut être de gauche et en proie à la hargne de M. Plenel. Son léger accent témoigne de la complexité de son parcours. Née en Turquie de parents séfarades, elle émigre avec sa famille en Israël avant de rejoindre la France et d’y devenir française par mariage, ce qui lui apporte la tri-nationalité. Son parcours universitaire, également diversifié, l’a amenée à enseigner à l’EHSS. Comme il est naturel chez tout écolo, elle est prompte à s’indigner lorsqu’une cause selon elle juste se trouve attaquée. Ennemie jurée du Front puis du rassemblement National, elle s’illustra en 2015 en publiant un tweet virulent contre une publication du Gorafi attribuée à Marion Maréchal-Le Pen. Elle provoqua ainsi beaucoup d’hilarité et prouva que le comique involontaire n’avait aucun succès pour elle. Ceinte de son écharpe, elle ne laisse passer aucune occasion de participer à des manifs. Quand on a besoin d’un parlementaire pour compléter un plateau de télé, il arrive que l’on fasse appel à elle. Ses indignations, ses rires narquois, son stock inépuisable de slogans bien pensants y font merveille, apportant une note de gaîté à des débats parfois austères. Toutefois, son éviction d’EELV risque de mettre prochainement fin à sa carrière politique et ce sera bien dommage.

Les efforts de Mme Panot, présidente du groupe LFI à l’assemblée sont certes méritoires mais force est de constater que pour supplanter les deux APJC susnommées, il lui reste encore du chemin à parcourir. Toutefois, son jeune âge lui permet d’espérer qu’un jour leurs places seront à prendre... 

jeudi 27 octobre 2022

Halloween, mode d'emploi


C’est avec une certaine angoisse que je vois approcher cette « fête » à la con. D’abord parce que j’ai horreur d’être dérangé, ensuite parce que je ne vois aucune raison de donner des bonbons ou quoi que ce soit d’autre à qui me dérange, enfin parce que mon Anti-Américanisme Primaire me fait, à de rares exceptions près, détester tout ce qui vient d’Outre-Atlantique, surtout ces dernières décennies.

J’avais espéré que la tentative d’introduire en France une fête commerciale venue des U.S. of A ne prendrait pas. Pourtant, trente ans plus tard, elle perdure. Comme quoi, rien n’est suffisamment stupide pour ne pas être adopté par notre décadence à condition que le commerce y trouve profit. On fête maintenant le nouvel an chinois ou la Saint-Patrick pour le plus grand bonheur des marchands de nems ou de bière irlandaise. On peut même se demander pourquoi on ne fête pas le 4 juillet, Thanksgiving ou l’anniversaire du Guru Nanak !

Cela étant, la question se pose de comment éviter les désagréments d’Halloween. Fredi M. nous a proposé une méthode assez dissuasive quoique par trop violente à mon goût. Je vais en esquisser d’autres.

Une que j’ai expérimentée, fut de prétendre ne pas comprendre ce qui motivait les enfants en question : on se déplace, on ouvre sa porte et ensuite on s’enquiert, tout en les complimentant de leur tenues originales, de la raison de leur intrusion. Leur réponse vous semble d’autant plus curieuse que vous prétendez n’avoir jamais entendu parler d’Halloween et affirmez n’avoir aucun bonbon à leur offrir. Vous passez ainsi pour un vieux con et déclenchez leurs rires moqueurs et leur départ.

Une autre solution consisterait à prendre leur demande pour une offre à laquelle vous répondez, en les remerciant, que vous ne consommez jamais de confiseries et, qu’étant satisfait du vôtre, vous ne souhaitez pas changer de sort. Là encore, vous perdez du temps et, vu le faible niveau de vos interlocuteurs, vous risquez l’incompréhension.

Celle à laquelle je compte me résoudre cette année, consistera à fermer tous les volets, y compris celui de la porte d’entrée, et à couper le disjoncteur de la sonnette. Ainsi, la maison paraissant déserte, la quiétude de ma soirée sera assurée.

L’idéal, serait que d’ici quelques jours suite à une reprise ravageuse de la pandémie, le confinement soit réinstauré. Éventualité improbable mais cependant plus réaliste qu’espérer une soudaine prise de conscience de l’agacement que peut provoquer cette « fête » alliant incivilité et racket.


vendredi 21 octobre 2022

Uniforme

 


Ce marronnier réapparaît de temps à autre : il serait bon que fût imposé aux écoliers, collégiens et lycéens le port d’un uniforme. Récemment, la raison invoquée pour imposer l’uniforme est la lutte contre certains vêtements qualifiés d’« islamistes ». L’excellent ministre* Pap N’diaye a même déclaré être favorable à la création d’un groupe de travail sur la question. Un groupe de travail ! Vous vous rendez compte ? Si avec ça on n’obtient pas rapidement des réponses claires et définitives à la question, c’est à désespérer de tout !

Il me semble qu’au-delà de la lutte contre l’entrisme islamiste, communautaire ou identitaire qu’il résoudrait évidemment, l’uniforme en résoudrait d’autres. Dans ma lointaine enfance, on ne portait pas d’uniforme, certes, mais la blouse était de rigueur. Elle permettait, dans une certaine mesure de neutraliser les différences sociales représentées par l’habillement. Toutefois dans les années 50, l’enfant n’ayant pas encore accédé au trône royal qu’il occupe aujourd’hui, la prospérité étant très relative, les marques n’ayant pas encore l’influence qu’elles connaissent de nos jours, ces différences restaient assez minimes. Tout a évolué et selon les vêtements et les chaussures que l’on porte, on se retrouve « classé ». Si l’on souhaite établir une égalité entre les élèves, lutter contre un consumérisme débridé et le communautarisme, l’uniforme est la solution.

Reste à savoir ce que l’on entend par uniforme. En fait je préfère à ce terme celui de « tenue scolaire ». La tenue scolaire se devrait d’être modeste afin de ne pas pénaliser financièrement les familles. L’argument selon lequel cette tenue entraînerait un surcoût, n’est pas très sérieux. En 1993, ma fille, âgée de huit ans, est venue passer le troisième trimestre de l’année scolaire avec moi à Londres. Je l’ai inscrite à l’école du quartier qui exigeait ce genre de tenue. Il me fallut donc acheter une jupe plissée bleu-marine, un chemisier blanc et un gilet. Tous ces vêtements, du fait de leur production en grand nombre, se trouvaient à des prix très modiques dans toutes les enseignes de vêtements. Comparé aux vêtements de marque, l’économie était conséquente. Les enfants ayant pris depuis bien longtemps la fâcheuse habitude de grandir, il n’est pas nécessaire que les tissus soient d’une qualité exceptionnelle, simplement suffisante pour passe de l’aîné au puîné. Le diable se cachant dans les détails, il me paraît également souhaitable que les chaussures soient concernées par l’uniformisation.

On me rétorquera que cette tenue obligatoire irait à l’encontre des libertés individuelles. Et alors ? Toutes les réglementations (code civil, code de la route, etc.) le font. Considérer la liberté vestimentaire comme fondamentale, me paraît d’une grande futilité. Éduquer (du latin educare, faire sortir) c’est faire quitter l’enfance, mener l’enfant vers un niveau supérieur et non flatter sa vanité afin de le maintenir dans son état primitif. C’est du moins ainsi que je l’entends.

*Un ministre ne saurait être qu’ « excellent », sinon comment pourrait-il accéder à cette haute position ?

mardi 18 octobre 2022

Ça me rajeunit !

 


Je regardais M. Morandini qui interrogeait les élèves d’un lycée proche de la gare Saint-Lazare qui sont en grève. Décidément, la jeunesse n’a pas changé. Du moins celle qu’on nous montre. Elle est bien blanche et s’exprime dans un français grammaticalement correct. Celle qu’on rencontrerait dans bien d’autres endroits d’Île-de-France et d’ailleurs, serait probablement très différente. Et ça me rajeunit, ça me rappelle mon mai 68 au lycée de Rambouillet ou le peu que j’ai supporté d’en voir…

Bien biberonnés idéologiquement par leurs profs, ces jeunes bourgeois se déclarent anticapitalistes, solidaires avec les ouvriers, antifascistes et tout ce qu’il faut pour paraître dans le coup et pourvu d’une belle âme. C’est presque touchant. De ces révolutionnaires en carton, combien le resteront, une fois qu’ils auront acquis un minimum d’expérience ?Alexandre Sanguinetti, vieux baroudeur gaulliste, niait que la jeunesse pût être un problème vu qu’’on était sûr qu’elle passerait. Comme il avait raison me disais-je alors que j’étais moi-même bien jeune. Je fais également mienne la phrase de Paul Nizan « J’avais vingt ans et je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie. »

Si la jeunesse des individus passe, la jeunesse, elle, se régénère de génération en génération. On découvre l’imperfection du monde et on se croit capable de le changer. De manière radicale, souvent. C’est pourquoi les totalitarismes de quel bord qu’ils soient (communisme, nazisme, fascisme) ont toujours tenté et souvent réussi à embrigader la jeunesse afin de créer « l’homme nouveau » de leurs rêves mais jamais durablement. La jeunesse est malléable, toujours prête à se rallier à des idéaux, à embrasser des causes, à se battre. C’est d’ailleurs elle que les vieux manipulateurs envoient au casse-pipe.

La jeunesse bourgeoise se rallie en masse à l’écologisme, à l’anticapitalisme, à l’« antifascisme ». Dans les classes populaires, elle penche vers l’autre bord. La jeunesse musulmane est ouverte à l’islamisme. Chacun choisit sa cause. Certains s’y tiendront plus par confort que par conviction. Un peu comme on répugne à se séparer d’une vieille paire de pantoufles très usées mais dans lesquelles on se sent à son aise. D’autres évolueront au fur et à mesure de leurs expériences heureuses ou malheureuses. Leurs jeunes suivants adopteront les slogans à la mode de leur époque et ça recommencera…

C’est pourquoi, quitte à choquer ces derniers, je pense que miser sur les jeunes pour changer le monde est illusoire. Le monde change tout seul, inéluctablement. Il faut croire au rôle prépondérant des mouches du coche pour penser que ces changements sont liés durablement aux variations idéologiques des générations plus qu’aux transformations économiques et technologiques qui l’affectent.