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samedi 16 juillet 2022

Chroniques de l’asile à ciel ouvert

 

Ces gens-là

Si elle n’avait tenu des propos inadmissibles, je crois que jamais Mme Cayeux n’eût connu les honneurs des gazettes. Il est inadmissible qu’une personne s’étant opposée, il y a dix ans, au « mariage pour tous » puisse être ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales d’un pays démocratique comme le nôtre !

Il faut donc croire qu’une fois une loi votée sur un quelconque sujet, tout citoyen digne de ce nom et à plus forte raison un ministre qui, comme chacun sait se doit d’être en tout point exemplaire quel qu'ait   été son avis sur la question doit s’y rallier avec enthousiasme voire être prêt à donner sa vie pour la défendre. C’est ce qu’on appelle la démocratie.

Cette infâme relapse n’a pas hésité dans sa folie homophobe à qualifier ceux et celles qu’elle poursuit de sa haine de « ces gens-là » ! Peut-on imaginer pire insulte ? Les braves gens de ce pays en sont, à juste titre, bouleversifiés. Je ne dois pas en être vu que pour moi l’expression « ces gens-là » ne sert qu’à reprendre une catégorie de personnes spécifique et n’a rien d’insultant en soi. Ainsi, me montrerais-je offensant envers les habitants de ma commune en écrivant : « Les Sourdevalais allient, entre autres qualités insignes, beauté, intelligence, honnêteté, sens aigu de l’humour, rigueur morale et civisme ; ces gens-là suscitent en moi une vive admiration. » ?

Infime minorité

Il est de bon ton de rappeler, chaque fois que faire se peut, que les jeunes taquins qui mettent un peu d’animation dans les quartiers « sensibles » à coup de mortiers d’artifice et de divers projectiles visant pompiers et forces de l’ordre ne représentent qu’une infime minorité de populations ne rêvant que de civisme et d’intégration. Media et politiques ne manquent jamais de le souligner afin d’éviter que des esprits égarés ne tombent dans le piège de l’amalgame. Et comment leur donner tort ?

Seulement, ce faisant et sans en avoir conscience, ils soulignent la totale impuissance de l’État vu que ce dernier se montre absolument incapable de mettre fin aux agissement de cette infime minorité. On est alors en droit de s’interroger sur l’état où se trouverait le pays au cas où cette minorité cesserait carrément d’être infime ou le deviendrait un peu moins.

mardi 12 juillet 2022

Surabondance !

On nous annonce pour l’automne ou l’hiver toutes sortes de pénuries. C’est bien triste. Il en est une cependant dont, sauf pluie ravageuse d’enclumes ou de pangolins (phénomènes rares !) , foudre dévastatrice, nuée de sauterelles ou soudaine prolifération d’oiseau frugivores qui ne risque pas de me frapper cette année : celle des pommes. Jugez en :


Toutes les branches de mon pommier sont ainsi. Ployant sous le poids des fruits, cette branche n’est qu’un aperçu de l’importante récolte qui s’annonce. Bien sûr, de nombreuses n’arriveront pas à maturité mais sauf catastrophe majeure (cf. supra), je vais me retrouver avec des dizaines de kilos sur les bras dont je ne saurai que faire comme ce fut déjà le cas.

Il s’agit de Belles de Boskoop, variété vigoureuse et résistante aux maladies mais sujette à l’alternance (une année avec, la suivante sans) et sensible aux gelées tardives. Notre printemps ayant été clément, rien n’est venu s’opposer à ce que les fleurs se transforment en fruits.

Une partie du problème est que je ne suis pas un fanatique de fruits. Bien que ceux-ci soient d’un goût excellent et permettent, sans ajout de sucre, de réaliser de goûteuses compotes je ne saurais en consommer qu’une infime partie. Pour arranger le tout, il se trouve que, les années favorables, les voisins eux non plus ne savent que faire de leurs propres pommes. De plus, cette espèce ne se conserve qu’au froid et pas plus de trois mois.

Il y a deux ans, donc, j’ai eu bien du mal à liquider mon stock. Je pensais en refiler à un voisin pourvu d’enfants mais il m’apprit posséder un verger. Ma fille et mon gendre passant me voir m’en ont pris des cageots dont ce dernier régala également ses parents, le gars venu réviser la chaudière en accepta un. De don en don, je finis par en écouler l’essentiel. J’en congelai une partie sous forme de compote dont il me reste encore une boîte.

La solution sera peut-être d’en disposer des cageots devant ma maison avec un panneau « Servez vous, c’est gratuit ! », la gratuité, mot magique, poussant souvent les gens à s’encombrer d’objets dont ils n’ont aucun usage...


jeudi 7 juillet 2022

Ben v’la aut’chose !

 

Que la vie soit dure, ce n’est pas moi qui vous l’apprendrai. Toutefois, il arrive que son injustice dépasse un tantinet les bornes. Figurez vous que depuis plus de treize ans je fréquente assidûment les pages que M. Facebook met à la disposition de l’humanité souffrante afin qu’elle y expose ses joies, ses peines, ses idées, les plats qu’elle a concoctés, ses photos de famille ou de vacances, ses grasses plaisanteries, ses indignations, ses insuffisances orthographiques et intellectuelles, y donne libre cours à ses haines, bref, tout ce qui fait d’elle le Sel de la Terre .

Tout au long de ces années, je m’y suis tenu correctement. Jamais un mot plus haut que l’autre, toujours poli, gai, honnête et droit. Les braves gens que j’y fréquente, mes chers « amis », tous d’affreux réacs, y faisaient souvent état de leurs démêles avec le sheriff qui assure l’ordre à Facebook City. Leurs propos supposés racistes, homophobes, obscènes ou violents leurs valant une ou deux semaines de cachot. Parfois même un mois. Je me félicitais in petto de n’avoir jamais été accusé d’avoir enfreint les limites de la bienséance et pensais continuer toujours de le faire.

Jusqu’à ce qu’hier matin je découvre, sidéré, cette notification :


Les bras m’en tombèrent. Les ayant prestement ramassés, je cliquai sur ladite notification afin de voir de quelle manière j’avais pu contrarier « leurs standards de la communauté* »et découvris le pot-aux-roses : mon article d’avant-hier en était la cause. Malgré des efforts soutenus de réflexion, je ne parvins pas à saisir en quoi mes élucubrations sur les mutations des maladies de l’animal ou du végétal pouvaient être contraires à ces fameux Standards. Je tâchai donc d’en savoir plus comme on me le proposait. En fait, je n’obtins aucune réponse précise quand à la nature du ou des Standard (s) que j’aurais involontairement contrarié (s). Il me fut simplement indiqué qu’en cas de récidive, je me verrais sanctionné, voire banni. Toutefois, il m’était loisible de contester ladite décision.

Le Sheriff est donc aussi bon garçon que la République est bonne fille. Les mystérieux Standards du premier, comme les Valeurs de la seconde n’ont qu’un défaut : celui d’être d’une évidence telle que nul n’est besoin de les préciser. Ce qui rend la contestation des jugements sur leur transgression un brin compliqué. Je décidai donc de garder le silence car à quoi bon aller expliquer que l’emploi du substantif « écureuil » n’a rien d’offensant en soi si le litige porte sur celui de « pomme-de-terre » ?

Le mystère demeurera entier. Restera la terrible blessure infligée à mon honorabilité.


* pour respecter la syntaxe innovante du censeur.

mardi 5 juillet 2022

Des maux qui répandent la terreur.

La mode est aux maladies. En dehors du Covid, ce sphinx renaissant perpétuellement de ses cendres, nous avons vu récemment en émerger une nouvelle : la variole du singe. Cette dernière se montre un peu décevante d’un point de vue purement catastrophiste : elle est relativement bénigne et guérit spontanément, ses symptômes disparaissant en deux ou trois semaines. Cette maladie n’est nouvelle qu’en Europe et en Amérique alors qu’elle est endémique en Afrique de l’Ouest et Centrale. Ce qui est assez logique, vu que des contacts avec les simiens y sont plus probables qu’au Groenland, charmante région où une contamination à la diphtérie du phoque serait plus envisageable.

Fatale ou pas, l’apparition d’une nouvelle maladie ne manque jamais totalement d’intérêt au niveau médiatique. Elle permet de renforcer ce sentiment d’angoisse que nos contemporains adorent éprouver. Le passage d’une maladie d’une espèce à une autre est toujours inquiétante. Bien que le nombre de contaminés humains ait été réduit, la maladie de la vache folle provoqua une belle panique en Grand-Bretagne puis en Europe au début des années 90 du siècle dernier. Me trouvant en Angleterre à l’époque, je pus grâce à l’effondrement des cours m’y goinfrer de steaks dont j’étais alors très friand. Comme quoi les pires choses ont leur bon côté, du moins pour certains.

Le problème est que le nombre de maladies dont souffrent les animaux est infini et que l’on peut concevoir que, suite à des mutations, celles-ci finissent par se transmettre aux humains. Rien ne nous dit qu’un jour nous ne souffrirons pas de la fièvre aphteuse, de la tremblante du mouton, voire de la castapiane fulgurante du hérisson ou de la colique verte du serin. Et si ça ne s’arrêtait pas là ? Si les maladies des végétaux mutaient au point que des épidémies de mildiou, d’oïdium ou de cloque viennent décimer notre espèce ?

Ces lugubres interrogations me sont venus suite au constat que la peau des premières pommes-de-terre que j’ai récoltées au jardin présentait des taches peu ragoutantes comme celle-ci :


Une rapide recherche m’indiqua la source de ce désagrément : elles étaient atteintes de la gale de la pomme de terre, maladie due à la présence de bactéries dans le sol. Dieu merci, cette affection est superficielle et ne rend pas les tubercules impropres à la consommation. Il suffit de les éplucher pour éliminer les toxines contenues dans la peau, lesquelles, en grande quantité, pourraient se montrer nocives. Je fus donc rassuré. Cette « gale » n’a rien à voir avec son homologue humain et ne saurait donc l’affecter. Ce qui est rassurant pour les belles dames et les beaux messieurs qui dans le cas contraire se verraient contraints à se faire écorcher pour rester consommables. Et ce serait bien triste.



jeudi 30 juin 2022

Du droit à la tête de veau sauce gribiche

 


Il y déjà quelque temps, certains ont été saisis d’effroi à l’annonce des honteuses attaques de la Cour Suprême des US of A contre la tête de veau sauce gribiche (ou TDVSG). Depuis des décennies déjà, suite à une jurisprudence, nos amis d’Outre-Atlantique avaient autorisé la consommation de ce mets succulent dans l’ensemble des États. Mais c’était compter sans les odieuse manigances de l’infâme Trump. Profitant de son pouvoir de nommer les juges de ladite cour, ce monstre y avait fait entrer des réactionnaires résolument anti-tête de veau qui après mure réflexion avaient décidé que désormais il incomberait à chacun des États de décider de l’autorisation ou de l’interdiction de ce plat. La nouvelle, comme on pouvait s’y attendre, provoqua une levée de bouclier non seulement dans le pays tout entier mais aussi dans notre belle république.

Il faut dire que la France s’intéresse beaucoup à ce qui se passe dans bien des pays dont la population se soucie comme d’une guigne de ce qui agite ses débats. La remise en cause du droit fondamental à la tête de veau par cette grande nation provoqua la juste inquiétude des plus belles consciences républicaines que compte l’hexagone. Car, vue la propension qu’ont les pratiques étasuniennes à s’imposer - avec quelque retard – dans notre cher pays, ne risquait-on pas de voir certains esprits malades réclamer qu’une telle mesure y fût prise avec les conséquences désastreuses que l’on peut deviner ? Il fallait réagir avant qu’il ne fût t trop tard ! Des voix s’élevèrent pour réclamer que le droit imprescriptible à la consommation de la TDVSG fût inscrit dans la Constitution.

Mesure salutaire s’il en est ! Gravé dans le marbre constitutionnel, ce droit serait à l’abri des menées sournoises de ses opposants. Sauf que…

Le leader du parti qui réclamait avec la plus extrême véhémence ladite inscription se trouve être partisan de l’abrogation de la constitution et son remplacement par une nouvelle qui instaurerait une sixième république. Cinq républiques se sont succédé avec des constitutions différentes. Si on y ajoute les senatus-consulte del’an X et de l’an XII, les chartes de 1814 et de 1830, la constitution de 1852 instaurant le Second Empire, et la Loi Constitutionnelle du 10 juillet 1940, on s’aperçoit qu’en 230 ans, notre pays a changé onze fois sa loi fondamentale. Moins de 21 ans en moyenne ! C’est dire le peu d’intangibilité d’une telle inscription.


Plutôt que de protéger la TDVSG par une inscription dans la constitution, ne serait-il pas plus sage de faire confiance au bon sens des Français ? D’autant plus qu’à ma connaissance aucun parti ne cherche à l’interdire.