Décidément, le porte-parole du Pentagone est un homme bien sensible ! Seulement, il a dû se tromper de métier et/ou de pays. L’autre jour, s’adressant à je ne sais qui, sa voix se brisa. Il n’en pouvait plus d’émotion. En évoquant les crimes de guerre commis par les Russes en Ukraine. Peut s’en fallut qu’il ne pleurât.
On serait tenté de penser qu’il ne s’agissait là que d’une piètre comédie. En effet, on serait en droit de s’attendre à ce que le porte-parole du Département de l’Armée des États-Unis, ait un comportement autre que celui d’un Bisounours. Sans vouloir, ce serait trop long, établir une liste exhaustive des conflits internes ou externes auxquels les armées de son pays ont participé et des dictatures qu’elles ont aidé à installer ou à maintenir, ce serait bien le diable si à un moment ou à un autre on n’aurait pas pu y remarquer, ici ou là de menus « dégâts collatéraux » que des esprits mal intentionnés auraient pu assimiler à des crimes de guerre. On le pourrait, en effet. Certains sont même allé jusqu’à le faire.
Mais c’est oublier une des données fondamentales de la culture Étasunienne à savoir que les puritains à l’origine du pays y ont marqué de manière indélébile les mentalités. In God we trust (Nous avons confiance en Dieu) est la devise du pays avec pour conséquence une forme de manichéisme : s ‘ils font confiance en Dieu, la réciproque s’impose : Dieu leur fait confiance, sinon ce serait trop injuste ! « God is on our side » (Dieu est à nos côtés dans la traduction d’Hugues Aufray) comme chantait (ironiquement) Bob Dylan, pensent-ils. Or si Dieu est avec eux, définir leur ennemi est simple : c’est le diable. Or, que fait-on face au diable ? On négocie ? On le ménage ? Non ! Il n’y a qu’une solution : l’annihiler. Et pour cela, tous les moyens sont bons. Ce qui est considéré comme des crimes de guerre de l’Ennemi (au sens médiéval du terme) et vous tire des larmes, on peut le perpétrer sans états d’âme puisqu’on est du côté du Bien. Ainsi la barbarie devient justice divine.
On me dira qu’il est possible que des intérêts économiques et géo-stratégiques puissent se cacher sous cette couverture « messianique ». Bien sûr, mais il n’y a rien de contradictoire là-dedans. Il est normal que que la nation élue de Dieu dispose des moyens économiques et militaires lui permettant d’établir et de conserver une suprématie mondiale pour le plus grand bien de l’humanité. La domination économico-militaire n’est que le moyen de faire régner le BIEN.
Hélas,hélas, hélas, cette domination est en GRAND danger. La suprématie Étasunienne est remise en cause. Le tableau qui suit, extrait du World Factbook de la CIA (qu’on ne saurait soupçonner d’être à la solde des Chinois ou des Russe) reflète la nouvelle situation économique mondiale en PPA (Parité de Pouvoir d’Achat) et non en Dollars courants. De nouveaux acteurs émergent, la Chine a d’ores et déjà ravi la première place aux USA, l’Inde occupe la troisième, la Russie la sixième, l’Indonésie la septième et le Brésil la huitième. Les « occidentaux » sont en perte de vitesse et reconnaissons-le en complète déconfiture morale, civilisationnelle et démographique.
Dans ces conditions, il est facile de comprendre l’amour inconditionnel que, depuis 2014 (et même avant), les USA vouent à l’Ukraime. Ils arment et forment son armée. Ils font leur possible pour entraîner leurs alliés dans le conflit actuel. Affaiblir la Russie, militairement et économiquement est, par-delà leurs indignations, leur véritable but. Ils pleurent les victimes Ukrainiennes et se foutent complètement de ce qui se passe au Yémen. Ils sont prêts à se battre jusqu’au dernier Ukrainien (et éventuellement jusqu’au dernier Européen) pour que triomphe leur conception de BIEN. Même si cela devait mener finalement à une alliance étroite russo-chinoise, bien plus redoutable pour eux...