...et sans les mains ! Faut quand même le faire ! Même M. Macron , prêt à toutes les âneries qu’il est, n’aurait pas osé.
Il a tenu le rôle d’un professeur HONNÊTE devenu, de manière inattendue, président de l’Ukraine dans un feuilleton comique. Ça l’a rendu populaire. S’ensuivit un film, intitulé lui aussi Serviteur du peuple. Un bien beau titre qui conviendrait admirablement à un parti politique. Ce fut chose faite en 2016. En 2018, ce parti obtient 5 % des voix et entre au parlement. Pas de quoi pavoiser. Mais un an plus tard, aux présidentielles, il arrive en tête du premier tour et écrase son rival au deuxième obtenant 73,2 % des voix en faisant ses meilleurs scores dans les régions russophones. Il dissoudra l’assemblée et y obtiendra la majorité.
Tout cela mérite qu’on s’y attarde : que penser d’un pays où la maturité politique est telle qu’un histrion devient, comme par miracle le mieux élu des présidents ? Imagine-t-on ,Christian Barbier (L’Homme du Picardie*) élu triomphalement en 1969, avec le soutien du parti La Péniche ou Jean-Marie Bigard remportant la présidentielle à la tête de Lâchons les salopes ?
Mais la lune de miel entre le président et son peuple fut de courte durée. L’Ukrainien est versatile et contrairement à la France son pays est désuni (à prendre au second degré). Il y règne des tensions politiques, économiques, linguistiques, la corruption et les oligarques y règnent en maîtres. On peut vouloir s’y attaquer, on peut vouloir calmer les choses dans le Donbass mais en a-t-on le pouvoir ? Surtout quand on se trouve mêlé au scandale des Pandora papers ? L’idole des jeunes et vieux téléspectateurs à du plomb dans l’aile. Deux ans après son élection sa popularité tombe à 30 %…
Face à l’enlisement de la guerre dans le Donbass, il réclame à cor et à cri son admission dans l’Otan. Admission que cette même guerre rend impossible. Et que son irascible voisin aura du mal à apprécier avec les conséquences que l’on sait.
Durant le mois passé, on l’a vu évoluer : il semble avoir renoncé à demander l’entrée de l’Otan dans le conflit avec les incalculables conséquences que cela eût entraîné. Comme quoi certaines évidences finissent par faire leur chemin. Il se dit prêt à négocier avec Poutine. Il fait la tournée des Parlements comme les grandes stars de la chanson font la tournée des grandes capitales et les ivrognes celles des bistros. Il s’y fait applaudir à tout rompre. Bernard-Henri Lévy, qui décidément s’en voudrait d’en rater une, voit en lui le nouveau Churchill (doté d’un talent pianistique que Sir Winston n’avait pas a ma connaissance)! On le voit, en tee-shirt kaki, culpabiliser le monde entier de son bureau (ce qui prouve qu’à la différence de bien de ses concitoyens, il est bien chauffé). Bref, il fait de la com. Et ça marche, du moins en Occident. Mais en quoi cela améliore-t-il le sort de ses compatriotes ?
Ne ferait-il pas mieux, vue la situation, de TOUT faire pour alléger les souffrances de son peuple ? C’est beau de rejouer Camerone, ça a du panache, mais est-ce bien utile ? Reste à déterminer ce en quoi pourrait consister ce TOUT et donc quels sont les buts exacts de son homonyme russe. N’étant pas, à la différence de nombre de mes contemporains, dans la tête de ce dernier je n’en ai pas la moindre idée.
* Référence vieillotte que les moins de 70 ans ne peuvent pas connaître.