Achetez un taudis, faites-en une coquette demeure, vous remplirez les caisses de l’état !
Courant 2020, je décidai de me séparer de la somptueuse demeure que je possédais en Corrèze. Avec les frais d’acquisitions, je l’avais payée un peu plus de 38 000 € cinq ans plus tôt. J’y avais effectué quelques menus travaux : réfection des planchers, raccordement au tout-à-l’égout, réfection de l’installation électrique, pose de revêtements de sol, nouvelle salle d’eau, installation d’un abri de jardin, pose d’un chauffage électrique, d’un nouveau chauffe-eau, redécoration, aménagement de la cuisine, réparation des gouttières, démoussage du toit, isolation des murs des toits et des combles, réfection de la plomberie, etc. J’avais fait tout cela de mes petites mains. Vu que je ne me versais aucun salaire, tout cela ne m’était revenu qu’à environ 12 000 € portant le prix de revient de la maison aux environ de 50 000 €. son prix de vente fut de 55 000 €.
J’avais donc réalisé après cinq ans de travail acharné un bénéfice de 5000 € !
Enfin, théoriquement. C'était sans compter sur la première sanction. S’agissant d’une résidence secondaire, cette vente était soumise à la plus-value . Seulement, notre (trop) cher État, a une manière de calculer bien à lui. On ne peut ajouter au coût d’acquisition que les travaux effectués par des professionnels. Mes dépenses en matériaux divers comptaient donc pour du beurre. Toutefois, si la vente se faisait 5 ans après l’acquisition, on bénéficiait d’un abattement forfaitaire pour travaux de 15 %. C’est pourquoi j’avais attendu que 5 ans eussent passé pour la mettre en vente. Les calculs effectués, ma plus-value fut évaluée à 12 000 € et les taxes et cotisations sociales établies à 4364 €. Je reçus donc après leur déduction un virement du notaire de 50 636 €.
Ainsi, 5 ans de labeur m’avaient en fait rapporté dans les 600 € ! Si vous trouvez un Bangladais travaillant à ce tarif, engagez le ! Mais ce n’était que la première peine !
Fin 2021, j’eus la surprise de me voir réclamer, au titre de la taxe d’habitation, la somme de 469 €.J’en fus très étonné, vu que j’en avais été auparavant exonéré. Le premier choc passé, je compris que cette aberration était due au fait que mes 12 000 € de « plus-value » avaient été ajoutés à mon revenu imposable de 2020, me faisant passer du statut de pauvre exempté à celui plus enviable des nantis encore soumis à la taxe. Mais ce n’était que la deuxième peine !
En février de cette année, je reçus de l’Agirc Arcco un courrier m’annonçant qu’en mars les pensions qu’elle me versait seraient amputées d’un rappel de cotisation pour les mois de janvier et février ainsi que du surplus de cotisations pour ce même mois. J’avais lu quelque part, qu’une rentrée exceptionnelle comme une plus-value ou un héritage ne pouvaient être soumis aux charges sociales, sauf si ces rentrés se reproduisaient sur deux années consécutives. Mesure raisonnable s’il en est, vu qu’en général, ces rentrées ne sont pas régulières. J’appelai donc l’Agirc Arrco pour exprimer mon désarroi mais la dame m’expliqua qu’il ne s’agissait aucunement d’une erreur et que cette augmentation de charges sociales concernerait TOUTES mes retraites. Je me mis à la recherche du texte concernant l’exonération éventuelle de cotisations et le trouvai : ainsi j’appris que cette dernière ne concernait que les retraités exonérés ou bénéficiant du taux réduit. Avec mes 1500 et quelques euros de retraites, j’étais soumis au taux moyen et cette rentrée me faisait passer à la tranche supérieure. Un rapide calcul me fit évaluer cette augmentation de cotisations à 30 € mensuels, soit 360 € annuels. Telle est ma troisième peine.
Ainsi, cette transaction m’aura occasionné, après retenues, une légère perte mais aura rapporté à l’État et aux organismes sociaux la coquette somme de 5 184 €. Elle est pas belle la vie ?